DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Ritter, William: Hermann Urban: artistes contemporains
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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aujourd’hui sous le nom de Urban. Les confidences de l’époque nous
ont révélé qu’à l’apparition des Méditations toute la jeune école
poétique française pensait, sentait et œuvrait à la manière de
Lamartine : si Lamartine avait oublié de naître, le sens lamartinien
de la nature, de Lame et de la vie aurait trouvé une assez identique
expression sous un autre nom,
La mère de M. Hermann Urban, cantatrice d’opéra italien, lit une
carrière de météore. Elle apparaît, rivale de la Patti, éblouit l’Amé-
rique, l’Europe et le Caire, réalise en moins de rien une fortune,
disparaît. Elle laisse, en Italie surtout, des souvenirs merveilleux
et des regrets qui trouvent encore aujourd’hui leur expression pas-
sionnée. Elle vit dans ce Munich entièrement wagnérien, superbe
et inemployée, honorée de l’amitié de princesses et de quelques
mélomanes auxquels elle réserve les énergies d’une voix encore
miraculeuse. Le père, dentiste, pêcheur et théosophe, est certaine-
ment l’un des hommes les meilleurs, les plus intelligents et les
plus extraordinaires qui se puissent rencontrer. Le fils unique est
sans conteste aujourd’hui le plus noble paysagiste classique d’Alle-
magne.
11 ne faudrait pas que l’on se méprît sur cette épithète de « clas-
sique». Elle ne comporte ici rien d’académique. Plus libre de com-
position, plus anormal parfois de coloris, il n’existe rien en dehors
de M. Hermann Urban; il est individualiste jusqu’au paradoxe, et
pourtant ses œuvres ont ce caractère d’universalité, de pondération,
de simplicité et de maîtrise souveraine qui sont le propre d’un cer-
tain classicisme, à vrai dire l’unique, le grand, le seul légitime,
celui dontse meuvent certaines compositions de Courbet et de Manet,
de Bœcklin, de Decamps et de Turner, au meme titre que celles de
Poussin et de Claude Lorrain. Chaque page de M. Hermann Urban
est née d’une profonde émotion en face de la nature, profondément
réfléchie, et réfléchie doublement par un poète synthétique :
comment dégager l’émotion de tous impedimenta moraux, et par
un homme de science expérimenté? comment concrétiser cette
abstraite quintessence d’émotion?
L’Italie correspond chez tous les jeunes Allemands à une sorte
de crise de puberté morale analogue à celle qui chasse vers Paris
nos jeunes provinciaux. Le phénomène se répercute en Allemagne à
toutes les époques chez les natures les plus diverses. Et tous ceux
qui ont pu assouvir ce désir de l’Italie, même tardivement, en
demeurent marqués. M. Léon Daudet, dans l’qnalyse psychologique
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aujourd’hui sous le nom de Urban. Les confidences de l’époque nous
ont révélé qu’à l’apparition des Méditations toute la jeune école
poétique française pensait, sentait et œuvrait à la manière de
Lamartine : si Lamartine avait oublié de naître, le sens lamartinien
de la nature, de Lame et de la vie aurait trouvé une assez identique
expression sous un autre nom,
La mère de M. Hermann Urban, cantatrice d’opéra italien, lit une
carrière de météore. Elle apparaît, rivale de la Patti, éblouit l’Amé-
rique, l’Europe et le Caire, réalise en moins de rien une fortune,
disparaît. Elle laisse, en Italie surtout, des souvenirs merveilleux
et des regrets qui trouvent encore aujourd’hui leur expression pas-
sionnée. Elle vit dans ce Munich entièrement wagnérien, superbe
et inemployée, honorée de l’amitié de princesses et de quelques
mélomanes auxquels elle réserve les énergies d’une voix encore
miraculeuse. Le père, dentiste, pêcheur et théosophe, est certaine-
ment l’un des hommes les meilleurs, les plus intelligents et les
plus extraordinaires qui se puissent rencontrer. Le fils unique est
sans conteste aujourd’hui le plus noble paysagiste classique d’Alle-
magne.
11 ne faudrait pas que l’on se méprît sur cette épithète de « clas-
sique». Elle ne comporte ici rien d’académique. Plus libre de com-
position, plus anormal parfois de coloris, il n’existe rien en dehors
de M. Hermann Urban; il est individualiste jusqu’au paradoxe, et
pourtant ses œuvres ont ce caractère d’universalité, de pondération,
de simplicité et de maîtrise souveraine qui sont le propre d’un cer-
tain classicisme, à vrai dire l’unique, le grand, le seul légitime,
celui dontse meuvent certaines compositions de Courbet et de Manet,
de Bœcklin, de Decamps et de Turner, au meme titre que celles de
Poussin et de Claude Lorrain. Chaque page de M. Hermann Urban
est née d’une profonde émotion en face de la nature, profondément
réfléchie, et réfléchie doublement par un poète synthétique :
comment dégager l’émotion de tous impedimenta moraux, et par
un homme de science expérimenté? comment concrétiser cette
abstraite quintessence d’émotion?
L’Italie correspond chez tous les jeunes Allemands à une sorte
de crise de puberté morale analogue à celle qui chasse vers Paris
nos jeunes provinciaux. Le phénomène se répercute en Allemagne à
toutes les époques chez les natures les plus diverses. Et tous ceux
qui ont pu assouvir ce désir de l’Italie, même tardivement, en
demeurent marqués. M. Léon Daudet, dans l’qnalyse psychologique