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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Deshairs, Léon: Charles Rossigneux: architecte - décorateur (1818-1907)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0370

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338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

sements des fenêtres de la Galerie d’Apollon, meubles si bien d’accord
avec la restauration de Duban. Le plus souvent, son interprétation
était libre et mêlait à des réminiscences de Le Brun, de Boulle et
des ornemanistes du temps de Louis XVI quelques souvenirs de la
nature.

C’est cette liberté dans l’interprétation des styles anciens qui le
faisait compter, il y a quelque trente ou quarante ans, parmi les
indépendants. En vérité, s’il se distinguait ainsi des simples
copistes, il n’était, par le choix de ses modèles et par sa façon d’en-
tendre l’imitation, ni en avance ni en retard sur les bons décora-
teurs de son temps. Il avait suivi dans son développement personnel
l’évolution de l’art décoratif de 1840 à 1880 environ. A l’époque de
ses débuts régnait un éclectisme incohérent; on pillait, tour à tour,
ou même simultanément, tous les âges et tous les pays. C’était le temps
où Léon Feuchère croyait sincèrement contribuer à régénérer les
arts industriels et à introduire la beauté « dans les moindres détails
de la vie domestique » en imaginant un hôtel où tous les meubles
et tous les objets étaient de styles différents, « Louis XV et byzantin,
gothique et Renaissance, mauresque et chinois1 ». Puis cet éclectisme
tend à se restreindre; les architectes, qui donnent le ton, hésitent
entre la sobriété du « néo-grec », cher à Hittorf et à Labrouste, et,
d’autre part, l’élégance ornée de la Renaissance et l’opulence du
style Louis XIV, où s’inspirent Visconti, Duban, Lcfuel, puis Charles
Garnier. En même temps, comme Limitation parfaite est un leurre
(la production artistique étant intimement liée à un concours de
circonstances qui se produit une fois et ne se reproduit jamais),
comme elle exigerait au moins une intelligence profonde des styles
anciens, une grande défiance de soi-même, une abdication de toute
personnalité, impossible aux hommes de talent, quelques décora-
teurs bien doués conservent, même en ces années si peu favorables
à l’invention, une demi-originalité qui distingue leurs œuvres et en
accuse la date.

Charles Rossigneux fut de ce nombre. Il n’alla pas aussi loin
dans l’étude de la flore décorative que Rupricli-Robert et Galland.
Il n’eut, dans ses fanlaisies sur des styles anciens, ni la fécondité et
la verve vulgaire d’un Liénard, ni la distinction de Lechevalier-
Chevignard, l'auteur des décorations du château de Saint-Roch. Son

1. Feuchère, L’Art industriel, recueils de dispositions et de décoration intérieures,
72 planches gravées par Varin frères, Paris, s. d. (entre 1847 et 1830), intro-
duction.
 
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