LE SALON D’AUTOMNE
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du dedans, par quoi l'œuvre d’art se différencie de l’image et
devient une source d’émotions morales.
Voilà pourquoi se légitime cette révolte que MM. Maurice Denis
et Derain codifient, que M. Matisse perpétue et dont M. Friesz con-
trôle l’orientation. Sa flambée d’espoir réchauffe le Salon d’Au-
tomne, y crée un foyer d’énergie et le classe décidément en tête
des quatre Salons annuels, comme le seul à avoir un prétexte
indépendant de la routine. Gardons-nous cependant d’en déduire
tout de suite des vues arrêtées sur l’avenir, au nom d’une hypo-
thèse transcendante. Observons les essais qu’il encourage, sans
prêter à leur succession trop de notre logique. Le temps n’est pas
venu de récolter. Nos interprétations sont conjecturales. Nous assis-
terons longtemps encore à des remous, à des tâtonnements énig-
matiques, à de troublantes vicissitudes. Il convient de s’y résoudre,
quitte à affronter un public revêche et gouailleur. L’ironie du public
est au reste excusable, élant motivée. Ce qu’il avait coutume d’at-
tendre des Salons, c’est un divertissement facile que des schémas
cabalistiques et des travaux ardus lui disputent. Il se venge. Il
a, de plus, la superstition du « fini ». Il n’a pas encore pris le pli
d’être convié pour pendre la crémaillère avant que bon ait ôté les
échafaudages.
PIERRE H E P P
DESSIN DE M. RENÉ P I O T
POUR LA DÉCORATION D ’ U.N E CHAMBRE FUNÉRAIRE
(Salon (l’Automne.)
XL.
3e PÉRIODE.
51
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du dedans, par quoi l'œuvre d’art se différencie de l’image et
devient une source d’émotions morales.
Voilà pourquoi se légitime cette révolte que MM. Maurice Denis
et Derain codifient, que M. Matisse perpétue et dont M. Friesz con-
trôle l’orientation. Sa flambée d’espoir réchauffe le Salon d’Au-
tomne, y crée un foyer d’énergie et le classe décidément en tête
des quatre Salons annuels, comme le seul à avoir un prétexte
indépendant de la routine. Gardons-nous cependant d’en déduire
tout de suite des vues arrêtées sur l’avenir, au nom d’une hypo-
thèse transcendante. Observons les essais qu’il encourage, sans
prêter à leur succession trop de notre logique. Le temps n’est pas
venu de récolter. Nos interprétations sont conjecturales. Nous assis-
terons longtemps encore à des remous, à des tâtonnements énig-
matiques, à de troublantes vicissitudes. Il convient de s’y résoudre,
quitte à affronter un public revêche et gouailleur. L’ironie du public
est au reste excusable, élant motivée. Ce qu’il avait coutume d’at-
tendre des Salons, c’est un divertissement facile que des schémas
cabalistiques et des travaux ardus lui disputent. Il se venge. Il
a, de plus, la superstition du « fini ». Il n’a pas encore pris le pli
d’être convié pour pendre la crémaillère avant que bon ait ôté les
échafaudages.
PIERRE H E P P
DESSIN DE M. RENÉ P I O T
POUR LA DÉCORATION D ’ U.N E CHAMBRE FUNÉRAIRE
(Salon (l’Automne.)
XL.
3e PÉRIODE.
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