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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 5
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Tourneux, Maurice: Les galeries privées an Amérique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0452

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’Alexis de Tocqueville sur La Démocratie en Amérique (1835-1840)
dessilla les yeux des penseurs, et une pièce de vers de Victor Hugo,
intitulée : Les Deux côtés cle l'horizon, restée longtemps enfouie dans
la Revue des Deux Mondes1, exprime sans bienveillance le trouble
que ces révélations apportaient au monde latin :

Un astre ardent se couche, un astre froid se lève.

Seigneur! Philadelphie, un comptoir de marchands,

Va remplacer la ville où Michel-Ange rêve,

Où Jésus mit sa croix, où Flaccus mit ses chants !

C’est seulement sous le second Empire que le marché parisien
de la curiosité eut quelques notions des galeries qui s’ébauchaient
de l’autre côté de l’Océan; mais cette concurrence ne s’annonça pas
tout d’abord comme bien dangereuse, et des peintres alors célèbres,
aujourd’hui démodés, pour la plupart, en profitaient seuls, ou peu
s'en faut. D’année en année, cependant, le goût des parvenus de la
fortune ou de leurs conseillers s’épurait davantage et, — disons-le
à notre honte, — Corot, Millet, Barye, furent recherchés, compris,
glorifiés à New-York, à Baltimore, à Boston, à Philadelphie, quand
Paris, Londres ou Berlin ne risquaient que de timides enchères, ou
même s’abstenaient de prendre part à la lutte. Les lecteurs de la
Gazette n’ont qu’à consulter, à cet égard, les deiix articles où
M. E. Durand-Gréville a vidé, en 1887, ses carnets de notes sur les
collections gracieusement ouvertes, pour la plupart, à ses investi-
gations2; ils verront de quels trésors la Erance s’est volontairement
appauvrie, sans espoir de les recouvrer jamais.

Bientôt l’art moderne, quoique représenté par d’admirables
exemplaires, n’a point suffi à satisfaire de si nobles appétits, et c’est
aux palais et aux églises de l’Italie que les pourvoyeurs des légen-
daires « rois » de l’or, du fer ou du cuivre sont allés demander le
complément de la décoration des somptueuses demeures de la Cin-
quième Avenue ou des bords de l’Hudson. Bien avant l’édit Pacca, et
malgré les prohibitions édictées par le bill Mac-Ivinley, des chefs-
d’œuvre ont furtivement quitté la chapelle ou la villa qui les abritait

1. Numéro du 15 décembre 1842. Les Deux côtes de l’horizon n’ont été réim-
primés que dans le recueil posthume intitulé : Toute la lyre ( 1888, 2 vol. in-8); ils
y sont datés, sans doule d’après l'autographe, du 9 avril 1840. C’est dans cette
pièce que se trouve ce vers à tous égards mémorable :

Et maintenant, Seigneur, expliquons-nous tous deux!

2. La Peinture aux Etats-Unis v les Galeries privées (Gazette des Beaux-Arts,
1887, t. II, p. 65-75 et 250-255).
 
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