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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 40.1908

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Nr. 6
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Migeon, Gaston: Essai de classement des tissus de soie décorés sassanides et byzantins
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https://doi.org/10.11588/diglit.24867#0530

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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éminents comme sassanides, et chaque génération s’est repassé
cette attribution sans la soumettre au crible d’un examen personnel.

Le suaire dit de saint Germain, dans l’église Saint-Eusèbe
d’Auxerre, est un épais tissu de soie pourpre semé d’aigles jaunes
tenant dans leurs becs un anneau vert d’où pend une perle de
même couleur, cantonnés de grandes rosaces. On a bien là un des
fameux tissus de pourpre impériale, « blattyn byzantca eu ni rosis et
aquilis », dont parlent les textes, analogue à celui de Constantin
Porphyrogénète que Du Cange a publié dans son Glossaire. La tradi-
tion veut que cette étoffe ait été déposée par l’impératrice Galla Pla-
cidia sur le corps de saint Germain, mort à Ravenne en 448. Linas,
qui a étudié ce monument1 2, n’y a pas apporté sa rectitude logique
habituelle : il commence par tomber d’accord avec la tradition pour
y reconnaître une pourpre impériale : puis il se ravise à l’idée qu’à
celte date (V siècle) l’industrie du lissage n’existait pas encore à
Byzance, Justinien ne l’ayant organisée qu’au vic siècle, — et, de plus,
il rapproche les aigles de ceux qui décorent la chape de Charle-
magne à Metz, et se range à l’avis du P. Cahier, pour déclarer les
deux tissus sassanides. Comment ne pas admettre qu’un peuple
aussi industrieux que le byzantin, fou de luxe et de tissus précieux,
recevant la soie par les caravanes, n’ait pas cherché et réussi à
fabriquer des tissus avec la soie importée? Quant à la comparaison
avec la chape de Metz, voyons un peu ce qu’elle vaut.

Ce tissu de la cathédrale de Metz est une épaisse soie rouge,
rehaussée de fils d’or juxtaposés, avec encadrements nuancés vert,
rouge et bleu. Elle est décorée de quatre grands aigles, les ailes
éployées, de grilfons, de croissants et d’ornements entremêlés de ser-
pents. Cette chape est faite du manteau royal de Charlemagne, que
le maître des cérémonies de la cathédrale portait à la procession de
Saint-Marc h. Il faut évidemment tenir grand compte d’une opinion
de Ch. de Linas, et, cependant, ce tissu ne crie pas une origine sassa-
nide. Il n’a pas cette disposition rigoureuse du décor, enfermé dans des
compartiments; de plus, à en juger par les motifs qui irradient, pour
ainsi dire, d’un centre fictif qui serait l'encolure, le tissu semble
avoir été manifestement décoré pour faire un manteau de forme
arrondie qui devait tomber des épaules jusqu’aux pieds. Or, une sem-

1. Ch. de Linas, Rapport. Revue des Sociétés savantes, 1857, t. II, p. 65-96; —
Bulletin monumental, vol. XIV; — A. de Gaumont, Abécédaire, t. III, p. 22.

2. Bégin, Metz depuis dix-huit siècles, t. Il; —Ch. de Linas (Bulletin monu-
mental, vol. XIV, p. 409); — L. de Farcy, La Broderie, pl. 56.
 
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