Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Saunier, Charles: Hilaire Ledru: les oubliés
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0063

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
50

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ment dans le mouvement. Ceux dont le talent était doublé d’une
conviction ardente trouvaient à vivoter en marge de la Convention
ou de la Municipalité, au Muséum, dans les services de la Guerre, et
aussi au Tribunal révolutionnaire où les fonctions étaient rétribuées.
Or, on ne demandait aux jurés que d’avoir « de la tête et du
cœur ». La chose n’allait pas sans périls, comme le prouvent les
tristes fins de Prieur et de Châtelet. Hilaire Ledru semble n’avoir
rien cherché du côté de la Révolution : on n’a pas relevé son nom
parmi ceux des artistes qui prirent part aux discussions de la Société
populaire des Arts. Petit maître d’ancien régime, il regrettait
l’aimable société qui l’avait naguère accueilli. Il quitta donc Paris
pour Douai, où il eut le bonheur, assure-t-on, d’obtenir qu’un de ses
anciens bienfaiteurs, arrêté comme suspect, fût simplement main-
tenu en surveillance dans son hôtel. Lui-même tomba sous le coup
de la réquisition. Il s’en lira, car en 1795 on le retrouve à Paris. Mais,
comme les amateurs et l’argent sont encore rares, force lui est de se
rabattre sur les commandes de graveurs et de marchands d’estampes,
qui viennent de découvrir une nouvelle source de prospérité : la
vente des portraits de héros. Les noms des jeunes généraux qui
menaient alors à la victoire les armées de la République étaient dans
toutes les bouches, mais leur visage demeurait inconnu. Or, les
gens qui, à Paris, dans les départements, se reposaient sur eux du
salut de la Patrie voulaient au moins se familiariser avec leurs
traits. A les satisfaire, éditeurs, graveurs et dessinateurs s’em-
ployèrent. Les uns créaient de petits portraits pouvant entrer dans
le rond ou l’ovale d’un cadre à miniatures; les autres mettaient en
vente de grandes et belles planches d’une incontestable habileté.
C’était, avec Alix, Coqueret, Forgeur, Gautier, Rourgeois, Gaucher.
Lefebvre, des gravures au pointillé qui avaient l’attrait des plus
fignolés dessins. Pour l’exécution de nombre de ces portraits, édi-
teurs et graveurs s’adressèrent à Hilaire Ledru, dont ils appré-
ciaient le talent.

Joindre les vainqueurs était difficile, souvent impossible.
D’autre part, les documents inconographiques manquaient. Tant
parmi eux étaient inconnus la veille ou si occupés depuis la décla-
ration de la Patrie en danger, en 1792, qu’il aucun moment, si ce
n’est durant les heures passées en prison au temps de la Terreur, ils
n’avaient eu le loisir de se faire portraiturer. Hilaire Ledru auda-
cieusement inventa. 11 inventa, notamment, pour un personnage qui,
dans la suite, devint si célèbre, que ses traits demeurent, après plus
 
Annotationen