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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 2
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Dorbec, Prosper: L' œuvre de Théodore Rousseau aux salons, de 1849 à 1867
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0122

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ses fournaises, ravins décharnés sur lesquels pendent comme des
barbes les racines des plantes... », à quel point cela prouve les
beaux efforts incessants! Mais le même qui les résumait ainsi, le
même qui, autrefois, aux premiers engagements avec les lignes
ennemies, portait feu et flamme autour d’elles, Théophile Gautier,
se croyait cependant dans l’obligation de conclure : « ...11 peignait
sans reculer devant aucune hardiesse... poussant le vrai jusqu’à
l'invraisemblance..., justifiant ses admirateurs et, il faut bien le
dire, ses détracteurs dans le même tableau L » D’une autre plume,
dans le Constitutionnel1 2, son talent commençait par obtenir cette
définition, dont il y a vraiment à louer la perspicacité : « Ce
qu’il veut prendre sur le fait, c’est la vie organique de la nature
agissant sourdement partout...; l’impression qu’il cherche à pro-
duire est celle qu’on éprouve lorsque, transporté dans une solitude
agreste, hors de la vue et des occupations des hommes, on se sent
pour ainsi dire vivre de la vie générale de la nature qui bruit dans
l’air, s’exhale du sein de la terre et vibre dans le moindre brin
d’herbe comme dans les cimes mouvantes des grands bois » ; et
néanmoins, d’avoir si bien dit, il semble que la crainte d’être
dupe inspirât des restrictions d’autant plus sévères, car le peintre,
quelques lignes plus bas, trouvait à propos d’un de ses tableaux
l’insinuation certainement la plus injuste et la plus offensante :

« Avec une disposition complaisante on peut y trouver beaucoup de
caractère et de sauvage originalité...; avec la disposition contraire
on y pourra voir un grand effort sérieux avorté ou, ce qui serait
pis, une petite manœuvre de charlatanisme. »

Tels étaient les jugements d’ensemble suscités, dès 1849, par la
première réapparition de Rousseau aux expositions officielles de
peinture. Pour les encourir, de quels morceaux avait-il donc fait
choix dans ce labeur secret de quinze années? dans quelles condi-
tions étaient-ils présentés à l’examen du grand public?

L’exposition3 avait lieu dans les appartements des Tuileries, en
exécution d’un décret de l’Assemblée Constituante déclarant que
« le peuple souvei’ain devait reprendre possession de son palais ».
Les toiles de Rousseau se trouvèrent reléguées dans un petit bou-

1. Feuilleton de la Presse, Tl août 1849.

2. Article de Peisse, 31 juillet 1849.

3. Sur ce Salon voir : Revue clés Deux Mondes, 16 août 1849 : article de F. de La-
genevois; Galimard,Le Salon de 1849, et les articles de la Presse et du Constitu-
tionnel précédemment cités.
 
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