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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 2
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Mandach, Conrad von: Léon Belly (1827 - 1877), 2: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0160

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

avec la plus parfaite exactitude dans les eaux tranquilles, tandis que des
milliers d'oiseaux de toutes espèces tourbillonnent, se posent ou s’en-
volent de tous côtés; le ciel d’une pureté sereine, d’un bleu, d’une ten-
dresse! En un mot, l'harmonie la plus douce avec la lumière la plus étin-
celante. Il y a comme une musique dans cette couleur. Parmi tous les
peintres de paysage, c’est sûrement Rousseau qui a le mieux rendu l’im-
pression produite par la physionomie de ce pays... Le Nil semble immense,
sans doute parce que tous les îlots de sable qui se montraient lorsque
j’ai fait mon premier voyage, ont disparu sous la crue des eaux. On se
croirait au milieu d’un lac ; le peu d’élévation des rives augmente encore
cette illusion, surtout lorsqu’on ne voit ni arbres, ni villages.

Cette douceur du ciel, dont le regard du peintre s’imprègne si
profondément, nous la retrouvons dans ses tableaux; et c’est là
précisément un des traits saillants de son art, que cette tendresse
de l’azur mêlée à la virilité de la conception et du faire.

Dans une missive datée du 27 février 1856, Léon Belly apprend
à sa mère qu’il a déjà cinquante dessins très étudiés dans son carton
et environ trente études. Il lui communique son projet de faire
revivre l’Egypte sous ses aspects les plus caractéristiques en neuf
tableaux, dont chacun évoquerait un site particulièrement frap-
pant : le Nil pendant l’inondation, un village égyptien sous les
grands sycomores « à l’heure où les troupeaux rentrent des champs
et où les derniers rayons du soleil colorent de leur lumière dorée
cette terre si grise pendant la chaleur du jour », « la limite du désert
à la sortie du Caire, avec les minarets et le Mokaltam dans la brume
lumineuse du soir, et les longues caravanes de Bédouins qui se
dirigent vers la plaine aride... », « une rue du Caire avec son mou-
vement prodigieux de figures et la magie des coups de soleil et des
grandes ombres reflétées... », etc. Tous ces motifs — est-il besoin
de le dire — se retrouvent dans l’œuvre du peintre.

Plus bas, il justifie son séjour prolongé en Orient :

Le devoir vis-à-vis de moi-même peut seul me retenir. Je veux
consacrer cinq mois à apprendre à peindre des hommes comme on n’en
fait pas chez nous, à étudier de beaux corps bien proportionnés, des mou-
vements vrais, et non ce que je pourrai faire à Paris en prenant des
modèles qui sont des êtres les plus vulgaires et dépourvus de beauté. Ce
que j’apprendrai ici, ce sera à reproduire des choses admirablement
belles qui se montrent à chaque instant et sans effort, dans la vie journa-
lière de ces paysans, de ces matelots, de ces Arabes du désert... Ne crois.
 
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