Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 9.1913)

LÉON KELLY

lia

pas, d’ailleurs, que je veuille ne plus faire que des scènes do ce pays, —
non, mais j’étudie ici une beauté dont la peinture ne peut se passer, qui
est la base de toutes les œuvres des Italiens et qui s’appelle la grâce, la
belle proportion, la justesse du mouvement, la nature naturelle!

Quelques mois apres l’envoi de cette première lettre, le peintre
donne quelques détails sur sa manière de comprendre et d’exécuter
un tableau, notamment sur sa façon de traiter un ciel égyptien :

ENVIRONS DU CAIRE, PAR L.

(Appartient à Mmo Léon Belly.)

B E L L Y

Ie' avril 18S6.

Je travaille en ce moment à Giseh à une grande étude qui me donne
beaucoup de mal ; voilà à peu près quatre fois que je recommence ou mon
ciel, ou mon terrain, ou mes palmiers; c’est-à-dire tout. C’est, le sujet le
plus simple, un tableau en hauteur avec une grande perspective de pal-
miers dont les têtes s’échelonnent depuis le haut de la toile jusqu’à la ligne
de l’horizon; un beau terrain où s’enchâsse le commencement d’une grande
mare, le soleil presque dans la toile. C’est une excellente étude; car tout
son charme doit lui venir de l’air et de la lumière, et il n’y a pas à se
rattraper sur des détails agréables; il faut absolument que ces grands
troncs de dattiers soient à leur place et senoyent dans un ciel éblouissant
incolore à force de lumière, et que le terrain, tout en gardant sa consis-
tance, ne soit que lumière et ombre. Le ton propre aux choses disparaît