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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 3
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Lemoisne, Paul-André: Yeishi, Choki, Hokousai͏̈
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0247

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

quée à l’estampe au lieu de l’ancienne méthode décorative et la
reprise (en l’appliquant plus souvent à des scènes populaires)
du naturalisme plein d’observation, de vie, et de mouvement de
l’ancienne école de Tosa. Hokousaï avait aussi reçu quelques ensei-
gnements de source européenne; il leur doit des données de per-
spective qu’il ne pratique pas toujours, mais qu’il possède indu-
bitablement et dont il parle1 même dans quelques-unes de ses
méthodes de dessin. Pourquoi ne pas supposer aussi qu’il puisa à
ce contact et aux infiltrations de l’art occidental quelques notions
d’anatomie et un penchant plus accentué à l’étude des jeux de
muscles, des gestes plus violents que révèlent la généralité de ses
oeuvres. Redisons, du reste, encore qu’Hokousaï fut avant tout un
illustrateur et que ses séries d’estampes sont rares relativement à la
production énorme de ses livres ou albums.

Nous ne reviendrons pas ici en détail sur la biographie d’Ho-
kousaï, car ce fut un des premiers artistes japonais apprécié en
France et qui fut admirablement étudié, dès 1896, par Edmond de
Concourt2. Rappelons seulement que, né en 1760 à Yédo, il fut tout
d’abord commis chez un libraire, où il puisa, au contact des livres
illustrés, son amour du dessin; puis il entra vers quatorze ans en
apprentissage chez un graveur. Il y resta jusqu’à dix-huit ans, mais,
désireux de devenir lui-même dessinateur, il entra alors à l’atelier
de Shunsho. Il y débuta par l’illustration de romans à bon marché,
tels que le Yéhon-onaga motchi [La Caisse qui contient plusieurs
choses] (1784), le Yédo mourassaki [L’Herbe violette de Yédo] (1785),
le Iiamado Shogun [La Tactique du général Fourneau] (vers 1785), etc.,
dont il faisait souvent le texte où se retrouve toute sa verve de sati-
riste et produisait en même temps nombre d’estampes séparées dans
le style des Katsukawa. L’exposition montrait quelques-unes de ces
planches, signées Shunro comme élève de Shunsho3; elles imitent
étrangement le maître sans en avoir toutefois la décision et la vigueur
de dessin non plus que la fraîcheur de coloris. Regardez, en effet, le
portrait de l’acteur Ségawa Kikunojo4, que Shunsho nous avait déjà

d. Dans la Mangwa, tome III, nous trouvons même un schéma de perspective
européenne.

2. Edmond de Goncourt, L’Art japonais du xvme siècle: Hokousaï; Paris,
1896, et Hokousaï : ses albums traitant de la peinture et du dessin (Gazette des Beaux-
Arts, 1895, t. Il, p. 441). Voir aussi Revon, Élude sur Hokousaï; Paris, 1896.

3. Shunsho, pour lui témoigner son estime, lui avait permis de prendre cette
signature, qui rappelle son nom.

4. N° 357, à M. H. Vever.
 
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