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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 4
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Jamot, Paul: Le théâtre des Champs-Élysées, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0300

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278

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Si la prédominance des lignes droites et verticales annonce la
noblesse de l’art auquel le monument est dédié et prépare les esprits
à l’attention que réclament les chefs-d’œuvre, on ne nous laisse pas
oublier qu’un théâtre est un lieu de réunion mondaine. Une trop
grande sévéïûté serait hors de propos. Deux escaliers, dont la pente
est très douce, font un geste d’accueil. L’inclinaison en est accusée
par le dessin même de la rampe, fait de palmes stylisées. Ce motif
très simple et très heureusement choisi, qui engendre de nombreuses
variantes d’échelle ou de forme, est en quelque sorte le leitmotiv
ornemental de la décoration intérieure, dont il maintient l’unité.

Les escaliers conduisent au large couloir circulaire sur lequel
s’ouvrent les loges du premier étage. Du palier qui marque le retour
d’angle de chaque escalier se détache une galerie en balcon qui
règne sur trois côtés du péristyle, à mi-hauteur des colonnes. Là, les
cadres de la construction présentent dix grands panneaux et deux
petits qui appellent naturellement la peinture.

Non content de se faire peintre, M. Bourdelle a voulu apprendre
le métier trop longtemps délaissé de la fresque. Il n’est pas impos-
sible que les procédés modernes de construction favorisent la renais-
sance d’une technique supérieure à toute autre pour la décoration
murale. Les peintres n’allégueront plus la difficulté ni la fatigue de
travailler, au milieu des maçons, sur le mur lui-même. Grâce au
ciment armé, le mur viendra chez eux, du moins quand la surface
à décorer pourra se diviser en cadres transportables. C’est dans son
atelier que M. Bourdelle étendit le mortier frais sur les panneaux de
ciment que lui envoyait l’architecte.

Parmi les marbres et les stucs de ce péristyle, où, sauf le fer
forgé de la rampe, qui est bien aussi un élément de la construction,
rien n’apparait que les matières propres de l’architecture et où l'on
n’aperçoit ni un meuble de bois ni une étoile, la peinture à l’huile
convenait mal, à cause de son aspect gras, lourd, brillant, et de sa
vive polychromie. La fresque s’incorpore au mur, elle en laisse voir
et sentir la matière, tandis qu’elle s’accommode de la palette la plus
simple.

Sans vouloir comparer M. Bourdelle à Polygnote, le peu que
nous savons de la peinture murale chez les Grecs nous permet
d’imaginer que, sous les portiques d’Athènes et de Delphes, la
disposition des panneaux réservés aux ouvrages des peintres n’était
pas très différente de ce que nous trouvons ici; le coloris des pein-
tures qui décoraient le Pœcile ou la Lesché ne s’éloignait sans doute
 
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