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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 6
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Berenson, Bernard: La "Sainte Justine" de la collection Bagatti-Valsecchi à Milan
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0502

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472

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Correr; la draperie ramassée sous sa main tombe exactement comme
dans la Sainte Justine. Les plis plaqués contre la jambe droite de la
Vierge, dans la Crucifixion Correr, antérieure à la Transfiguration,
se retrouvent sur la droite de la figure de Milan ; on les voit aussi,
avec des qualités supérieures, dans le dessin à la plume de Venise,
où la chute des draperies sur les pieds est identique. Un arrange-
ment tout pareil se constate dans la Vierge de la Crucifixion, tableau
d’école autrefois dans la collection Kann. Dans la Transfiguration de
Naples, la draperie du Christ offre le long pli diagonal qui reparaît
dans la Sainte Justine comme dans le dessin de Venise, où les plis
horizontaux sous la taille se constatent également. Des analogies
encore plus précises, mais qui ne peuvent guère être exprimées en
paroles, sont suggérées par l’étude des draperies dans la Pietà de
Rimini. Les petits plis parallèles de la manche de sainte Justine
reparaissen-t dans l’Enfant de la Madone de Vérone. Je prie les
connaisseurs de bien vouloir examiner de près toute cette série de
draperies bellinesques avant de condamner mon attribution nouvelle;
ce sont ces plis, en effet, qui, mieux que tout autre détail, viennent
à l’appui de ma conviction.

En général, la facture et la forme des mains caractérisent un
artiste plutôt qu’une école. La main gauche de sainte Justine fait
exception, étant copiée de la figure de Mantegna que Giambellino
avait dans l’esprit. Pourtant, un examen attentif y révélera certaines
particularités de Bellini, notamment les plis dans la peau entre le
pouce et l’index, qui manquent si rarement dans ses premières
œuvres. A la différence près de l’attitude, c’est la main des Pietà du
Musée Correr, du palais des Doges et de Rimini, ainsi que de la
Madone Frizzoni et d’autres tableaux.

Le luxe raffiné de la parure de sainte Justine, luxe déployé avec
joie, mais contenu par le goût de l’artiste, n’offre pas un détail qui
n’ajoute à la beauté, qualité qui distingue seulement les plus grands
peintres; or, la technique de ces ornements ressemble à celle de
Bellini plus qu’à celle de tout autre artiste de son temps. Sous le
col, le manteau porte une arabesque qui paraît formée de lettres
arabes comprimées; c’est là un modèle emprunté par Bellini à son
père Jacopo et qui se voit dans la Madone signée de Jacopo à Venise.
Giovanni l’a adopté plusieurs fois dans sa jeunesse, par exemple dans
les Madones Davis et Trivulce, dans 1 ’Ecce Homo du Louvre et la
Pietà de Berlin. Le diadème, la ceinture et les bijoux sont peints
avec l’éclat qui ne manque jamais dans les œuvres authentiques de
 
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