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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 9.1913

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Nr. 6
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Hautecoeur, Louis: Les Salons de 1913, 2, La peinture aux salons de la Société Nationale et de la Société des Artistes Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.24886#0518

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486

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

siers » fut de flanquer les gloires patentées de repoussoirs ou de
pendants égaux. La Société Nationale a groupé au moins les œuvres
d’un même homme et parfois réuni logiquement les envois de
quelques artistes; la première salle fut réservée à des jeunes :
MM. Suréda, Chapuy, Vasquez Diaz, Chariot, Zubiaurre.

Cette présentation ne doit cependant pas nous piper : en fait,
dans ces deux Salons, peu de tentatives originales pour renouveler la
vision ou les moyens techniques ; aucun de ces écarts de jeunesse
qui, pour étonner parfois, n’en sont pas moins sympathiques. C’est
pourquoi, au milieu de toutes ces œuvres, les Paysans attablés de
M. Chariot ont pu sembler révolutionnaires. S’ils étaient apparus
aux Indépendants, ils eussent été tenus pour traditionnalistes. Avec
ses masses cernées, ses fortes oppositions, ses couleurs assombries,
mais solides, qui du bleu de la blouse et du rouge du vêtement
enfantin passent par des gris épais au noir d’ivoire, avec ses formes
frustes et ses natures mortes, cette toile évoque la manière de
Cézanne et rappelle, comme l’a si exactement indiqué M. Roger
Marx, la Partie de cartes. M. Aman-Jean eut raison d’entourer
M. Chariot de peintres espagnols, ou qui subirent l’influence des
Espagnols; on se remémore, à cette vue, que Cézanne connut Manet
et que Manet profita largement des leçons que lui dispensèrent les
maîtres de la péninsule soit au Louvre, où le roi Louis-Philippe
avait exposé sa collection, soit en leur pays même. Si, dans une autre
salle, M. Dufresne excite l’étonnement des spectateurs, c’est qu’ils
ignorent en général Gauguin, qui pourtant peignit voici déjà un
quart de siècle. En vérité, la plupart des peintres se contentent, en face
de la nature, d’une vision, en face de leurs toiles, d’une technique
depuis longtemps habituelles, et c’est pourquoi une première visite
aux Salons laisse une impression de monotonie.

Les similitudes ont d’autres raisons. Les deux Sociétés n’ac-
cueillent les nouveaux venus qu’après décision de leurs jurys; or
toutes les cooptations ont les mêmes effets : les candidats, plutôt que
de choquer de vieilles coutumes, qui prétendent à l’autorité de lois,
préfèrent anémier une jeune originalité qui, faute de s’entraîner à la
vie, est bientôt frappée de mort. Aux Artistes français, où chacun
sur le catalogue se réclame d’un ou de plusieurs patrons, il faut, pour
obtenir une médaille, non seulement tourner le vendredi autour des
groupes importants, mais se montrer un disciple fidèle. Et puis
les hors-concours désirent la médaille d’honneur, et les médailles
d’honneur l’Institut. Colbert, en créant l’Académie de peinture et
 
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