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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Nr. 1
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Lesueur, Frédéric: Les fresques de Saint-Gilles de Montoire et l'iconographie de la Pentecôte
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0031

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

modeste chapelle de prieuré', qui peut avoir été construite dans les dernières
années du xie siècle ou au début du xue. Cachée au fond d’une ruelle de la
bourgade vendômoise, enlisée dans les alluvions du Loir, qui l’ont enterrée
de plus d'un mètre, en partie ruinée, et ne présentant au dehors d’autre déco-
ration que les modillons de sa corniche, un cordon de billettes qui contourne
les voussures des fenêtres, et les ornements fort mutilés de son portail, elle
doit sa célébrité à deux circonstances bien différentes : la première est qu’au
xvie siècle elle eut pour prieur Ronsard ; la seconde, que ses voûtes abritent un
des plus beaux ensembles de peintures murales qu’ait produits le xn” siècle.

Ce petit édifice présente un plan trèfle, c’est-à-dire qu’il se compose d’une
nef, d’un chœur et d’un transept, et que le chœur et les bras du transept se
terminent chacun, intérieurement du moins2, par une abside demi-circulaire.
La nef, qui était voûtée d’un berceau plein cintre à doubleaux, est en ruine ;
mais le chœur et les bras du transept ont conservé leurs voûtes en cul de
four. Or sur chacune de ces voûtes du sanctuaire et des croisillons est peint
un Christ, — ou plutôt, pour ne rien préjuger, une Personne divine, —
trônant en majesté dans une gloire. Bien que ces trois figures soient sans
doute contemporaines et procèdent d’une même inspiration, celle du sanctuaire
nous paraît d’une exécution plus fruste, d'une facture plus archaïque et doit
être vraisemblablement attribuée à une main différente. Les deux autres sont
d’une saisissante grandeur. Les draperies sont largement et savamment dis-
posées. Le visage barbu encadré de longs cheveux, au regard d’autant plus
impressionnant que les prunelles sont à demi effacées, a une beauté grave
et régulière. Le geste des deux mains écartées est d’une majesté incompa-
rable.

Ces fresques ont malheureusement beaucoup souffert. On ne les a retrou-
vées qu’incomplètement sous les couches de badigeon et sous les peintures
de date plus récente qui les recouvraient3. Depuis lors l’humidité les a encore
plus sérieusement endommagées et achèvera peut-être de les faire disparaître
malgré les travaux d’assainissement qui ont été récemment entrepris. Actuel-

t. LYI, igo4, p. 149-155) ; — E. Mâle, La Peinture murale en France à l’époque romane,
dans T Histoire de V art publiée sous la direction d’André Michel, t. I, 2e partie, 1905,
p. 771-772.

1. Dépendant de 1 abbaye de Saint-Calais.

2. L’abside des croisillons est englobée, en effet, dans un massif de maçonnerie rectan-
gulaire à l’extérieur.

3. La fresque du croisillon Sud, notamment, avait été recouverte au xve siècle par une
autre peinture, dont un dessin de Launay, reproduit par Rochambeau dans son Épigra-
phie et iconographie du Vendômois, t. II, p. 29, nous a gardé le souvenir. On y voyait, la
Trinité représentée par Dieu le Père soutenant le Christ en croix et la colombe posant
une de ses ailes sur la bouche du Père et l’autre sur celle du Fils.
 
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