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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 9.1924

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Nr. 5
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Venturi, Lionello: La critique d'art en Italie à l'époque de la Renaissance
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https://doi.org/10.11588/diglit.24943#0323

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VASARI

oo3

biographiques des artistes jusqu’à essayer une histoire de l’art moderne,
depuis Gimabué et Giotto jusqu’à lui-même. Il croit que l’art moderne a son
centre à Florence et ses branches à Sienne et à Rome ; il écrit vers la moitié
du xvc siècle et ne s’aperçoit pas de la réforme artistique produite au com-
mencement du siècle. Il écrit quinze ans environ après Alberti, mais il reste
par son éducation artistique un homme du xive siècle. En conséquence, il
croit que l’art de Giotto et de ses contemporains a été d’une grandeur égale
à celle des anciens, tandis que l’art du xvc siècle est une décadence. Voilà
le plus sincère et le dernier écho de la grandeur et de l’indépendance de l’art
du Trecento.

Après Ghiberti et jusqu’à Vasari, on ne rencontre pas d’autre écrit sur l’art
de semblable importance historique.

Vasari était toscan et élève de Michel-Ange : deux raisons pour que ses
préférences allassent vers l’art florentin. Troisième raison : il avait devant
lui très peu de tradition historique et ce peu presque entièrement florentin.
Il vivait pourtant à une époque où l’art tlorentin finissait avec Michel-Ange
et où l’art vénitien allait conquérir la prééminence; de plus, c’était l’ami
personnel de Pierre Arétin, qui se faisait l'apôtre de la peinture vénitienne,
comme nous l’avons vu : Vasari se vit donc obligé d’accepter quelques prin-
cipes vénitiens. Sa conception historique y gagna en objectivité, mais elle y
perdit en cohésion.

Quant à la marche de révolution artistique, il n’y avait alors aucun doute.
Tout le monde, à Florence comme à Venise, était hien convaincu que
l’époque de Michel-Ange marquait l’apogée de tous les arts, le plus haut degré
de toutes les civilisations artistiques passées ou futures.

Dans ces conditions d’esprit, faire l’histoire de l’art moderne ne pouvait
signifier que partir de Gimabué, comme Ghiberti avait fait, et arriver à
Michel-Ange, en indiquant le premier commencement de tout art avec
Cimabué, le progrès continu ensuite, jusqu’à la perfection définitive avec
Michel-Ange.

Ainsi se développa la conception de l’art de la Renaissance chez l’ancêtre
de tous les historiens de l’art.

*

* ‘ *

L’ordonnance générale des Vies des artistes doit son caractère au grou-
pement en trois âges qui correspondent à peu près au xiv", au xvl! et au
xvi1’ siècle. Il faut connaître de près, dans le texte même de Vasari, la raison
de ce groupement. La voici :

« Dans le premier des trois âges, qui est le plus ancien, l’art est resté
bien loin de sa perfection. Certes, il a eu des qualités, mais il ne mérite pas
 
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