HOUDON SOUS LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE 67
pas aller tout bonnement copier les draperies des statues antiques qui déco-
rent les portiques du Conseil
des Anciens? »
Après la chute du Directoire
le même programme fut repris,
mais considérablement élargi, par
le Sénat conservateur. Au lieu des
six statues primitives, le nouveau
projet en comportait vingt-huit :
les statues des grands hommes de
l’antiquité devaient décorer la salle
des séances, celles des grands
hommes contemporains l’escalier
d honneur. C est à ce moment que
Houdon fut invité à exécuter
son Cicéron en marbre et il en
exposa le modèle au Salon de
i8o4-
Il 11e reçut pas un meilleur
accueil qu’en 1798. La critique
fut à peu près unanime à le cen-
surer. Les uns lui reprochent
l’absence d’expression, d’autres
l’imperfection des draperies.
« L’attitude est froide, écrit un
salonnier, et la tête est petite et
trop jeune ; elle n’est pas la tête
d'un homme de cinquante-huit
ans. Je conseille à l’artiste de
copier la tête antique qui est dans
la galerie de Justiniani à Rome. »
« Je ne vois là, gronde un cen-
seur plus sévère, que la tête ina-
nimée d'un avocat plaidant pour
un mur mitoyen. »
Il nous est loisible de nous
rendre compte du bien fondé de
ces critiques : car à défaut du marbre qui ne fut jamais exécuté, nous
possédons deux exemplaires en plâtre de ce malencontreux Cicéron :
l’un à la Bibliothèque Nationale, où il servait naguère encore de porte-
CICERON
PLATRE BRONZÉ PAR HOUDON
(Bibliothèque Nationale.)
pas aller tout bonnement copier les draperies des statues antiques qui déco-
rent les portiques du Conseil
des Anciens? »
Après la chute du Directoire
le même programme fut repris,
mais considérablement élargi, par
le Sénat conservateur. Au lieu des
six statues primitives, le nouveau
projet en comportait vingt-huit :
les statues des grands hommes de
l’antiquité devaient décorer la salle
des séances, celles des grands
hommes contemporains l’escalier
d honneur. C est à ce moment que
Houdon fut invité à exécuter
son Cicéron en marbre et il en
exposa le modèle au Salon de
i8o4-
Il 11e reçut pas un meilleur
accueil qu’en 1798. La critique
fut à peu près unanime à le cen-
surer. Les uns lui reprochent
l’absence d’expression, d’autres
l’imperfection des draperies.
« L’attitude est froide, écrit un
salonnier, et la tête est petite et
trop jeune ; elle n’est pas la tête
d'un homme de cinquante-huit
ans. Je conseille à l’artiste de
copier la tête antique qui est dans
la galerie de Justiniani à Rome. »
« Je ne vois là, gronde un cen-
seur plus sévère, que la tête ina-
nimée d'un avocat plaidant pour
un mur mitoyen. »
Il nous est loisible de nous
rendre compte du bien fondé de
ces critiques : car à défaut du marbre qui ne fut jamais exécuté, nous
possédons deux exemplaires en plâtre de ce malencontreux Cicéron :
l’un à la Bibliothèque Nationale, où il servait naguère encore de porte-
CICERON
PLATRE BRONZÉ PAR HOUDON
(Bibliothèque Nationale.)