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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 10.1924

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Nr. 2
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Mandach, Conrad von: L' exposition de l'art suisse au musée du Jeu de Paume: de Holbein à Hodler
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https://doi.org/10.11588/diglit.24944#0144

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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est la Crucifixion de 1M9 du musée de Schaffhouse. Cette œuvre est peinte
avec sincérité et émotion. Elle a moins de relief que les peintures de Witz;
mais son paysage idéalisé, rayonnant de lumière et plein de charme, peut se
comparer aux plus belles miniatures de lépoque, tout en s’adaptant aux
dimensions d’un tableau important.

Un des ensembles les plus décoratifs de l’Exposition était le grand retable
de l'église des Cordeliers de Fribourg. C’est la première fois queles Cordeliers
fribourgeois ont consenti à s’en dessaisir. La présence de cet ensemble à
Paris donnait à l’Exposition d’art suisse un relief singulier. Au centre, nous
apercevions le Christ crucifié entre la Vierge et Saint Jean, puis quatre saints
franciscains {Saint François, Saint Louis de Toulouse, Saint Antoine de Padoue
et Saint Bernardin de Sienne). Ensuite Y Annonciation suivie de deux saintes
franciscaines {Sainte Claire et Sainte Elisabeth de Thuringe). Au revers appa-
raissaient la Nativité et l’Adoration des Mages. Jusqu'à présent, cette œuvre a
été attribuée au « Maître à l’œillet » en raison de la présence de cet emblème
sur deux des panneaux. Lors de l’exposition d’art primitif qui eut lieu à
Zurich en 1921, le conservateur du « Kunsthaus », M. W. Wartmann avait
réuni de nombreux ouvrages signés de deux œillets et provenant du xve siècle.
Jusqu’alors ces peintures avaient été classées sous le nom collectif du « maître
à l’œillet ». A l’aide des comparaisons qui purent être faites sur place, on
constata que sous cette prétendue signature unique se cachaient de nombreux
artistes, dont les manières étaient différentes les unes des autres. On pouvait
ainsi distinguer un « maître à l’œillet de Berne et de Fribourg », un « maître
à l’œillet de Neuchâtel », un « maître à I œillet de Zurich », un « maître à
l’œillet du lac de Constance » et des « maîtres à l’œillet » allemands.

Actuellement, des savants sont sur la piste de plusieurs de ces anonymes,
et l’on peut espérer arriver prochainement à découvrir les noms des uns ou des
autresd’entreeux. Leretablede Fribourgoffreuneparentédestyleévidente avec
les volets de Berne. C’est une œuvre d’atelier dirigée par un peintre excellent,
qui confia une partie de son travail à des ouvriers et à des élèves. Ainsi la
partie centrale est d’une main plus expérimentée que ne le sont les volets.
Des découvertes faites dans les archives bernoises par M. Morgenlhaler, de
Berne, ont répandu quelque lumière sur l’auteur de cet ensemble. D’après
l’auteur cité la partie centrale aurait été confiée à Albrecht Menz, originaire
de Rottweil, fixé à Soleure. A peine Menz avait-il exécuté les trois panneaux
du milieu, qu’il mourut. Immédiatement de nombreux peintres offrirent
d'achever cet important ensemble. Le choix des Religieux tomba sur Barthé-
lemy Ruthenzweig de Bâle, qui fit exécuter la commande par des disciples.
Au nombre de ceux-ci se trouvait un « Paulus » originaire de Strasbourg
qui est probablement identique avec un Paul Lôwensprung fixé à Berne vers
 
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