DOI issue:
Nr. 2
DOI article:Lambert, Elie: Les procédés du Greco
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24944#0169
LES PROCÉDÉS DU GRECO
'4g
dessein pour donner au spectateur l’impression du relief et de la perspective.
On a souvent noté que les compositions du Greco manquent de relief. Ce
n’est pas qu’il n’ait point cherché à leur en donner ; seulement il a tellement
outré son procédé que celui-ci, au lieu de produire l’effet voulu, fatigue l’œil
comme les images stéréoscopi-
ques qu’on n’arrive pas à super-
poser. Ce procédé consiste à
grossir démesurément les objets
placés en avant du plan principal
et à raccourcir au contraire ceux
qui sont en arrière ; il se trouvait
déjà chez certains Italiens tels que
Titien et Tintoret ; et le Creco
l’applique, mais sans trop d’exa-
gération encore, dès les premiers
tableaux qu’il a exécutés à Tolède
pour décorer l’église de Santo
Domingoel Antiguo. A la Trinité,
qui couronnait sans doute le
retable central et qui se trouve
aujourd’hui au musée du Prado,
les mollets et le bas du corps de
l’ange de gauche sont relative-
ment bien plus grands que le
torse et la tète. A Y Adoration des
Bergers du retable de gauche, le
procédé est encore plus caracté-
ristique : les bras, que la Vierge
croise en avant de sa poitrine,
contrastent par leurs dimensions
avec la tête et le reste du corps ;
surtout le personnage, qui est en
adoration à gauche du tableau,
annonce les déformations les plus
violentes des œuvres qui sui-
vront, par le raccourci et l’aplatissement de la tête penchée en arrière, le bras
droit très épais, le bas du corps et la jambe démesurément agrandis.
Dans Y Enterrement du comte d’Orgaz, toute la scène du haut est con-
struite suivant le même principe. Tandis que le Christ et saint Pierre ont
la tête toute petite, leurs bras et leurs mains droites sont énormes ; les clefs
X. - 5e PÉRIODE.
Phot. J. Thomas.
SAINT JOSEPH, PAR LE GRECO
(Réplique du retable de la chapelle San José à l’église
Santa Magdalena, Tolède.)
20
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dessein pour donner au spectateur l’impression du relief et de la perspective.
On a souvent noté que les compositions du Greco manquent de relief. Ce
n’est pas qu’il n’ait point cherché à leur en donner ; seulement il a tellement
outré son procédé que celui-ci, au lieu de produire l’effet voulu, fatigue l’œil
comme les images stéréoscopi-
ques qu’on n’arrive pas à super-
poser. Ce procédé consiste à
grossir démesurément les objets
placés en avant du plan principal
et à raccourcir au contraire ceux
qui sont en arrière ; il se trouvait
déjà chez certains Italiens tels que
Titien et Tintoret ; et le Creco
l’applique, mais sans trop d’exa-
gération encore, dès les premiers
tableaux qu’il a exécutés à Tolède
pour décorer l’église de Santo
Domingoel Antiguo. A la Trinité,
qui couronnait sans doute le
retable central et qui se trouve
aujourd’hui au musée du Prado,
les mollets et le bas du corps de
l’ange de gauche sont relative-
ment bien plus grands que le
torse et la tète. A Y Adoration des
Bergers du retable de gauche, le
procédé est encore plus caracté-
ristique : les bras, que la Vierge
croise en avant de sa poitrine,
contrastent par leurs dimensions
avec la tête et le reste du corps ;
surtout le personnage, qui est en
adoration à gauche du tableau,
annonce les déformations les plus
violentes des œuvres qui sui-
vront, par le raccourci et l’aplatissement de la tête penchée en arrière, le bras
droit très épais, le bas du corps et la jambe démesurément agrandis.
Dans Y Enterrement du comte d’Orgaz, toute la scène du haut est con-
struite suivant le même principe. Tandis que le Christ et saint Pierre ont
la tête toute petite, leurs bras et leurs mains droites sont énormes ; les clefs
X. - 5e PÉRIODE.
Phot. J. Thomas.
SAINT JOSEPH, PAR LE GRECO
(Réplique du retable de la chapelle San José à l’église
Santa Magdalena, Tolède.)
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