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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous n’ignorons pas davantage que la pierre est devenue d’un prix fort
élevé et qu'on ne saurait l’employer pour ces maisons en série, toutefois ces
maisons cubiques, où les architectes s’intèrdisent tout décor, ne seraient-elles
pas fort monotones, posées les unes à côté des autres? Nous préférons de
beaucoup leur simplicité à la prétention des villas banlieusardes, mais cette
petite maison cubique devient déjà une formule : les entrepreneurs peuvent
dès maintenant la bâtir sans le concours d’architectes.
Quelques exposants l'ont compris et cherchent à varier les types par des
terrasses en escalier ou bien en introduisant au milieu de ces formes car-
rées des formes arrondies: la maison que M. Jean Marini construit pour le
sculpteur Brecheret ressemble à une tourelle de cuirassé.
Des poncifs apparaissaient aussi dans les boutiques : une vaste glace sur-
montée d'un bandeau uni où se détachait un nom, telle était la formule obli-
gatoire depuis quelques années. Le groupe de t Art urbain, dont le président
est la sculpteur Temporal et l’architecte M. Mallet-Stevens, a, dans le hall du
Grand Palais, dressé des magasins dont le premier étage en surplomb repose
sur une colonne détachée et sur les boutiques en retrait. Les collaborateurs
ont sur ce plan commun réalisé des œuvres diverses. Sans doute presque
toutes sont géométriques; la boutique de M. lligaull est formée de redans
qui s’achèvent en prismes à la partie supérieure, celle de M. Pierre Chareau
a des arêtes aiguës, celle de M. Le Même est une tour ronde massive,
dont la base est faite de chevrons où s’ouvrent de petites vitrines, celle
de M. Francis Jourdain est une surface plane où jouent des lumières. Si
quelques détails sont discutables, cette tentative est heureuse parce qu elle
soumet des activités individuelles à une discipline générale et propose des
solutions inédites.
Le kiosque central nous semble moins réussi : ces lettres en relief « Jour-
naux » égoutteraient à souhait la pluie sur la tête des acheteurs et l’on ne
comprend pas bien le rôle de ce radiateur qui sert de soubassement au toit.
On trouvera encore dans la petite section d’architecture quelques envois
intéressants ; nous voulons signaler seulement le plan de maison coloniale
parM. Glaeys.
*
* *
La section d art décoratif est moins riche que les années précédentes: la
proximité de l’exposition de 1925 en est la cause. Quelques artistes ont com-
posé des meubles pour les maisons cubiques de leurs amis architectes : ceux
de M. Djo Bourgeois sont amusants, mais leurs angles vifs seraient fragiles.
MM. Sue et Mare aiment au contraire les formes arrondies. « Ce ne sont
que festons, ce ne sont qu’astragales. » Peut-être se laissent-ils maintenant
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous n’ignorons pas davantage que la pierre est devenue d’un prix fort
élevé et qu'on ne saurait l’employer pour ces maisons en série, toutefois ces
maisons cubiques, où les architectes s’intèrdisent tout décor, ne seraient-elles
pas fort monotones, posées les unes à côté des autres? Nous préférons de
beaucoup leur simplicité à la prétention des villas banlieusardes, mais cette
petite maison cubique devient déjà une formule : les entrepreneurs peuvent
dès maintenant la bâtir sans le concours d’architectes.
Quelques exposants l'ont compris et cherchent à varier les types par des
terrasses en escalier ou bien en introduisant au milieu de ces formes car-
rées des formes arrondies: la maison que M. Jean Marini construit pour le
sculpteur Brecheret ressemble à une tourelle de cuirassé.
Des poncifs apparaissaient aussi dans les boutiques : une vaste glace sur-
montée d'un bandeau uni où se détachait un nom, telle était la formule obli-
gatoire depuis quelques années. Le groupe de t Art urbain, dont le président
est la sculpteur Temporal et l’architecte M. Mallet-Stevens, a, dans le hall du
Grand Palais, dressé des magasins dont le premier étage en surplomb repose
sur une colonne détachée et sur les boutiques en retrait. Les collaborateurs
ont sur ce plan commun réalisé des œuvres diverses. Sans doute presque
toutes sont géométriques; la boutique de M. lligaull est formée de redans
qui s’achèvent en prismes à la partie supérieure, celle de M. Pierre Chareau
a des arêtes aiguës, celle de M. Le Même est une tour ronde massive,
dont la base est faite de chevrons où s’ouvrent de petites vitrines, celle
de M. Francis Jourdain est une surface plane où jouent des lumières. Si
quelques détails sont discutables, cette tentative est heureuse parce qu elle
soumet des activités individuelles à une discipline générale et propose des
solutions inédites.
Le kiosque central nous semble moins réussi : ces lettres en relief « Jour-
naux » égoutteraient à souhait la pluie sur la tête des acheteurs et l’on ne
comprend pas bien le rôle de ce radiateur qui sert de soubassement au toit.
On trouvera encore dans la petite section d’architecture quelques envois
intéressants ; nous voulons signaler seulement le plan de maison coloniale
parM. Glaeys.
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La section d art décoratif est moins riche que les années précédentes: la
proximité de l’exposition de 1925 en est la cause. Quelques artistes ont com-
posé des meubles pour les maisons cubiques de leurs amis architectes : ceux
de M. Djo Bourgeois sont amusants, mais leurs angles vifs seraient fragiles.
MM. Sue et Mare aiment au contraire les formes arrondies. « Ce ne sont
que festons, ce ne sont qu’astragales. » Peut-être se laissent-ils maintenant