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N° 19.

17 Octobre 1883.

Vingt-cinquième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR: M. AD. SIRET.

MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE : Poésie. Henri Conscience. — Œu-
vres posthumes d'Octave Pirmez. — Beaux-
Arts. — Le Salon de Gand. — Exposition d'ar-
chitecture. — E. Reyer. — Pensées de Pirmez.
— Chronique. —Cabinet de la curiosité. — An-
nonces.

'

Littérature.

FUNÉRAILLES
Au Logis en Vigonois (Loir et Cher).
Mon cher Directeur,

Quoique je sois comme un homme en
vacances, en pleine campagne, les journaux
m'atteignent encore. Je ne suis pas un
flamingant et si j'avais à apprendre le fla-
mand, je commencerais plutôt par votre
vieux Maerlant que je comprends à moitié
Parce qu'il écrit à moitié en français C'est
vous dire que je n'ai lu Henri Conscience
que traduit mais j'ai trouvé superbe et vrai-
ment patriotique ce qu'on a fait à sa tombe ;
cela m'a hanté et j'en ai écrit ce sonnet, beau-
coup pour lui et un peu pour vous.

Votre dévoué
A. de montaiglon.

Pour la dernière couche où l'on vous puisse étendre,
Au fond de ses vaisseaux quand Pise a transporté
Un champ de terre sainte au cœur de la cité,

Autant qu'un soin pieux l'orgueil s'y fait comprendre.

Je suis bien plus ému de la simplicité

Du souvenir jeté par les gens de la Flandre

Dans le creux de la fosse où l'on vient de descendre

Le corps de l'écrivain dans sa gloire arrêté.

Tous les pays flamands dans un silence austère,

Sont venus apporter des mottes de leur terre
Pour faire un lit d'honneur à son dernier repos.

L'hommage est si royal qu'il n'est rien qui le vaille;
C'est comme un grand soldat qu'au soir de la bataille
On ensevelirait dans un tas de drapeaux.

22 septembre 1883.

A. de M.

ŒUVRES POSTHUMES
d'Octave Pirmez.

D'après le désir manifesté par l'auteur
quelques mois avant sa mort, il sera publié
Une cinquième édition des Jours de solitude
format in-16 dans lequel ont déjà paru Les
Feuillées, les Heures de solitude et Remo.
Cette édition imprimée à Paris chez Pion,
Paraîtra dans quelques semaines.

En conformité de la volonté exprimée par

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

étranger : 12 fr.

Octave Pirmez, il sera publié, dans le cou-
rant de l'hiver prochain, un livre inédit con-
tenant sa correspondance avec un de ses
amis (i). Ce volume d'environ 5oo pages est
intitulé : Lettres à José. Il sera imprimé dans
le format in-16, semblable aux autres ouvra-
ges de l'auteur.

Enfin, dans le courant de l'hiver, le Jour-
nal des Beaux-Arts donnera une Etude sur
la vie et les œuvres d'Octave Pirme^, d'après
sa correspondance intime. Ouvrage publié
avec 1autorisation de la famille. Ce travail,
composé en grande partie d'extraits de lettres,
sera accompagné du portrait d'Octave Pirmez,
d'un fac-similé de son écriture, d'un de
ses dessins ainsi que d'une vue du château
d'Acoz.

Beaux-Arts.

SALON DE GAND.

(Suite).

Lettre a mon jardinier Piro
(alias plrotte).

S'il m'a été impossible de te prendre avec
moi pour soigner mes rhumatismes et, par
raccroc, te laisser voir le Salon de Gand
(section paysages et légumes) cela a été par
force majeure, car c'est le moment de la
cueillette des fruits du verger, du rechausse-
ment des fraisiers, de la fumure des terres,
etc. et tu es indispensable là-bas pour diriger
le mouvement. Et puis, console toi, Piro,
les paysages, que tu aimes tant, sont de plus
en plus contre nature ; tu verras. D'ailleurs,
j'ai pour m'aider le fils de ma sœur, tu sais
Porphyre Ignace Sépulchre que tu as connu
chez le pharmacien Robette, à Stavelot, où il
pétrissait avec les doigts de jolies figures
d'enfants dans la pâte à pilules. Qui nous
eût dit que ce grand désossé serait devenu
un statuaire ! et, d'après ce que m'assure
M. Fraikin, un statuaire qui fera parler de
lui. Seulement, et il a raison, il veut qu'il
change de nom. Sépulchre! c'estpasun nom,
ça, c'est tout un enterrement. Aussi nous
aviserons.

Gand est une ville énorme. Je te dirai mon

(1) D'après des dispositions prises le 2 avril 1882,
MM. le Baron j. de Coppin et Adolphe Siret, sont les
seules personnes autorisées à publier des lettres du
défunt.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

sentiment sur elle et sur sa population quand
je serai rentré sous le grand manteau de
notre vieille chambre à manger. Seulement,
je consigne ici une remarque que je crois
juste. Le peuple à Gand ne jure que par van
Arrrrtevelde avec plusieurs r à la clef. Or, tu
sauras que ce célèbre brasseur a été égorgé
par le peuple parce qu'il voulait vendre la
Flandre à l'Angleterre. L'aristocratie, elle,
par opposition, ne jure que par Charles-
Quint, cet empereur gantois qui fit couper
la tête à 34 aristocrates en 1539. Décidément
les peuples sont illogiques.

Revenons à nos moutons (n'oublie pas de
faire tondre Niniche, Moumouth et Tonkin
avant les froids) et entrons au Salon. Des
paysages !... il en pleut, mais les trois quarts
sont des photographies, ce qui est chou-vert
et vert-chou. Un des plus beaux est celui de
Rosseels, le Zoute dans les dunes de Knocke.
C'est grand, c'est sévère, c'est peint largement
et dans le ciel circule comme un vent qui
vous entre dans les cheveux. C'est plus une
étude qu'un tableau, mais on aime ça. On
n'a pas tort tout à fait, à condition que l'on
n'en abuse point. Rosseels, depuis un petit
nombre d'années, après avoir bien médité
sur la nature (et sur l'objectif) s'est placé très
haut. Il y a du Hobbema dans sa constitu-
tion, mais il doit se garder de pétrifier la na-
ture. Notre de Schampheleer, tu sais, celui
qui peint si exactement les rivières hollan-
daises avec leurs bords où babillent les joncs
couchés par la brise, n'est .pas cette année en
veine de bonne humeur. Les meilleurs che-
vaux peuvent chopper; j'en dirai autant de
Coosemans qui, à mon avis, devient trop
savant. Il ne faut pas qu'on voie avec quoi et
comment on fait des arbres et de l'eau. Baron
aussi pèche un peu par là au milieu de l'élé-
gant désordre de ses paysages. Lamorinière
et Van Luppen, tout en laissant deviner que
ce sont des artistes de grande envergure,
ont, me semble-t-il, mis cette année la tête
sous leur aile. Puisse ce repos leur donner des
forces nouvelles. J'ai retrouvé ici les choux
rouges de Neuckens avec Germaine etCache-
Après. Le tableau a-t-il été retouché? Je
l'ignore, mais il fait mieux ici qu'à Anvers.
Il y a encore des choux de M. Courtens qui
cuisent en plein midi. Ce qu'il y a de mieux
dans ce plat légumineux, c'est une petite
femme pas mal éclairée du tout; je suppose
 
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