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30 Avril 1884. Vingt-sixième Annke

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M AD SIRET.

Membre de l'académie roy. de belgique, etc.

SOMMAIRE. Littérature : Anniversaire. —
Bibliographie. — Beaux-Arts : Les découvertes
de M. Weale. — Supplément au dictionnaire des
peintres. — Société royale des aquarellistes. —
Chronique générale. — Cabinet de la curiosité.
— Annonces.


Littérature.

ANNIVERSAIRE.

Il y a aujourd'hui un an que Octave Pir-
mez nous a quittés. Ceux qui l'ont aimé et
4u'il aimait, seront longtemps sous le charme
cette sensation étrange qui fait qu'on le
Croit encore à ses côtés, qu'on s'imagine l'en-
tendre parler à voix basse, et qu'on le cher-
té comme pour lui répondre... Hélas!

Nous croyons que c'est l'heure d'annoncer
a nos lecteurs la prochaine apparition des Let-
l''es à José, dont on imprime en ce moment
'es dernières feuilles.

Les Jours de solitude dont une édition
Posthume a été publiée, chez Pion, d'après
'es dernières instructions de l'auteur, Ont été
distribués à ses amis et à des personnes qui
s intéressent aux lettres, dans le courant de
Cette année. Les derniers exemplaires sont
ce moment à l'expédition.

Restera à publier sa correspondance avec
n°us. C'est ce qui suivra l'apparition des
lettres à José dans l'Etude, aujourd'hui ter-
minée, que nous avons promise.

Cette étude contiendra trois sections : la
Première se composera de la correspondance
Proprement dite avec les commentaires qu'elle
lle'cessite. La seconde sera formée des lettres
Pirmez à ses amis, de celles du moins qu'on
a bien voulu nous communiquer jusqu'ici, et
celles que nous attendons encore. La troi-
s'e®e section comprendra une série de docu-
ments d'une nature variée, mais dans la-
melle figureront notamment des lettres
Pressées à Pirmez et autres documents de
Nature à compléter une des plus belles et des
Plus grandes physionomies littéraires de notre

Pays.

Pour constituer la deuxième section dont
'I vient d'être parlé, nous avons reçu de
divers côtés des lettres d'une saveur exquise
et d'une pénétration de vues qui étonnera
Ceux qui n'ont vu en Pirmez qu'un philosophe
verouillé dans ses principes comme dans son
chàteau d'Acoz. Dans ses heures d'expansion,

paraissant deux -fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

étranger : 12 fr.

Pirmez acquiert parfois des proportions in-
attendues comme penseur humain. Il est dans
ces moments d'une sûreté et d'une force qui
rappellent les meilleures pages de Remo. Il
est telle lettre à De Coster, par exemple, qui
avait le don d'exciter sa verve, dont la lecture
vous pénètre par l'étonnante et précise éluci-
dation des sentiments de l'écrivain ; d'au-
tres sont d'une finesse de touche si délicate
qu'on oublie le fond pour admirer avec quelle
souplesse il manie cette langue française qu'il
gémissait de voir les modernes mettre à la
torture. Ces lettres nous montrent Pirmez
s'oubliant et vivant de la vie des autres; elles
ont sous ce rapport une saveur qui permet
d'apprécier tout ce qu'il y avait d'intensive
affection dans l'âme de cette noble individua-
lité qui grandit à mesure qu'on s'en rap-
proche.

Nous croyons devoir faire encore un appel
à tous ceux que la chose intéresse. Il existe à
notre connaissance beaucoup de personnes
en possession de lettres de Pirmez qu'elles ne
devraient plus hésiter à nous faire parvenir.
C'est un simple vœu que nous exprimons et
dans la réalisation duquel nous serions heu-
reux d'entraîner tous les amis de cette chère
mémoire. Quant aux personnes qui ont
bien voulu nous promettre cette commu-
nication et qui ne l'ont point encore réalisée,
nous ne voyons aucun inconvénient à leur
rappeler ici cette promesse : elles peuvent
être assurées que la plus parfaite discrétion
sera observée dans l'emploi que nous aurons
à faire de ce genre de dépôt. 11 nous est re-
venu que quelques personnes, soit par mo-
destie, soit par amour du silence, soit par
d'autres causes, ne se souciaient point de voir
leur nom s'étaler sans motif. Nous respecte-
rons ces craintes et ces réticences et nous
nous conformerons à ce qu'on nous deman-
dera pour garantir aux possesseurs l'anony-
mat qu'ils désireraient conserver, mais au
nom de l'honneur national, au nom de notre
gloire, qu'on nous aide à réunir dans un
même ensemble tout ce qui émane de l'écri-
vain; qu'on ne laisse point tomber dans
l'oubli des pages, quelles qu'elles soient, où
il y a toujours de la grandeur, de la grâce, de
l'affection et de l'espérance.

3o avril 1884. AD. SlRET.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a s^nicolas (belgique).

BIBLIOGRAPHIE.

A la porte du Paradis. JugementdeMônseîlneur
saint Pierre sur le cas de quelques fidèles se
présentant pour être élus, par André Le Pas.
2ms série. 1 vol. in-8°. Paris, Palmé. Bruxelles,
Albanel.

L'vre étrange et cruel que les personnes
susceptibles et orgueilleuses ne liront pas
parce qu'elles y trouveraient leur propre con-
damnation. La donnée de l'auteur n'est pas, il
fau! le reconnaître, de la compétence de notre
journal voué à d'autres occupations, mais,
entraîné par la simplicité du style de l'auteur
et séduit par un immense bon sens naturel, si
rare dans les livres de notre temps, nous
avons été jusqu'au bout et il nous a semblé
juste de saluer en M. André Le Pas un écri-
vain sérieux, 1111 philosophe et un moraliste
dont notre époque gouailleuse ne manquera
pas de rire,., tant qu'elle rit. Ilssont d'ailleurs
rarissimes les hommes de pensée et de plume
qui marquent chez nous dans ces sphères
élevées et quand il s'en présente un, au lieu
de faire silence comme c'esl la coutume chez
nous de peur de troubler la glorieuse quiétude
de certains accapareurs littéraires, il faut le
montrer, l'acclamer liant, et fer ire et s'enor-
gueillir du fait comme d'une circonstance qui
prouve notre vitalité idéale si ignoblement
combattue par le naturalisme bestial venu de
l'étranger.

M. André Le Pas ayant énormément de
choses à dire, ne se paie pas de mots. 11 n'a
nul besoin de voiler la viduité de lame par de
chatoyants et de tapageurs oripeaux. Son but
est net et. pour-y. atteindre il n'a b: soin que de
parler le langage toujours si simple de la rai-
son. « Peu de paille, beaucoup de grain » lui
écrivait Octave Pirmez. « .le pensais me lire
moi même, » lui disait-il encore à propos du
premier volume de l'œuvre dont nous parlons
aujourd'hui.

M. Le Pas a eu, comme on le sait l'ingé-
nieuse idée de faire juger préalablement par
saint Pierre, les âmes qui se présentent pour
jouir de la béatitude céleste. Monseigneur
saint Pierre vous déshabille tout ce monde
de belles dames, banquiers, avocats, méde-
cins, mendiants, agents de change, humani-
taires, nobles, révolutionnaires, hypocrites et,
en général, tout ce qui agrémente si vilaine-
ment la société humaine, avec une humour, un
sans-gène et une logique des plus étourdis-
 
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