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N° 11.

15 JUIN 1884.

Vingt-sixième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

étranger : 12 fr.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a st-nicolas (belgique).

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Revue musicale. —
Histoires de voleurs (suite). — Lettre à un sculp-
teur. — Le salon de 1884. — Gravures de la
société de Vienne. — Pensée. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité.— Annonces.

Beaux-Arts.

REVUE MUSICALE.
Des circonstances complètement indépen-
dantes de notre volonté ont occasionné du
Retard à la publication de cette revue. Hâtons-
n°us de réparer le temps perdu.

Nous devons d'abord quelques renseigne-
ments à nos lecteurs sur un Orgue-Harmonium
Magnifique, sorti des ateliers de M. Scheyven
Bruxelles, construit pour la chapelle des
sœurs de Saint-Vincent de Paul, à Lima, au
^hili. Cet établissement d'instruction, très
c°nsidéré dans la capitale Chilienne, est le
rendez -vous hebdomadaire de toute la haute
s°ciété. On cultive, dans ce pays, la musique
c'une manière très remarquable et nous con-
férons comme un honneur pour notre pays
cIUe, grâce à une religieuse belge, chez qui le
dévouement aux missions lointaines n'a pas
détruit le patriotisme, la Belgique musicale
So't désormais noblement représentée dans
"rie contrée si distante de nos latitudes.

L'instrument pour Lima est splendide; il
,!st construit avec les soins spéciaux que ré-
tame un long voyage et un climat singulière-
ment différent du nôtre. Nous croyons devoir
'e décrire d'une manière sommaire. 11 possède
^ registres répartis sur deux claviers à mains
Pt Wji clavier de pédales séparées, de 30 notes.
'"e premier tient lieu de Grand Orgue; le
deuxième de Positif, le troisième de Pédales

^Parées.

" y a une soufflerie aux pieds et une souf-
re indépendante, fonctionnant à l'aide d'une
)ascule, pour quand on veut se servir du cla-
!"ei' de pédales. Le tout est renfermé dans un
Jeau buffet en chêne poli, avec encadrement
''es claviers et registres en palissandre.
^°ici la nomenclature :

Premier clavier. Grand orgue.

^ Cor anglais 8 p.

~ Bourdon 16 p.

^ Basson 8 p.
f Clairon 4 p.

Porte.

® Crand jeu.

7 Clarinette 16 p.

8 Hautbois 8 p.

9 Fifre 4 p.

10 Trémolo.

11 Forte.

Deuxième clavier. Positif.

1 Coi' anglais 8 p.

2 Dolciana 8 p.

3 Flûte 8 p.

4 Voix céleste 16 p.

Pédalier de 50 notes.

1 Trombone 16 p.

2 Flûte 8 p.

Les artistes qui ont pu examiner cet Har-
monium, en sont émerveillés. Douceur, finesse,
élégance des sonorités, proportionnalité des
timbres, tout s'y trouve réuni. Il est certain
que dans une chapelle, même grande, il fera
l'effet d'un véritable orgue. Et ce qui ne gâte
rien, la modération du prix est étonnante.
M. Scheyven l'a construit par patriotisme et
c'est aussi par patriotisme que nous le signa-
lons à nos lecteurs. Nous ne regrettons qu'une
chose, c'est que le départ trop rapproché du
bateau à vapeur, ait empêché le facteur d'or-
ganiser, à Bruxelles, une petite séance publi-
que, dans laquelle notre éminent organiste,
M Mailly,se fût prêté avec grand plaisir à faire
valoir les qualités exceptionnelles de l'Har-
monium. Ce petit chef d'œuvre étendra bien loin
la juste renommée de la fabrication belge.
Voilà ce qui nous réjouit.

Parmi les ouvrages de musicologie, récem-
ment parus et très recommandables, bornons-
nous à citer, pour aujourd'hui, les nouvelles
publications de deux écrivains français des
plus sympathiques, dont les talents réunis ont
déjà eu l'honneur, nos lecteurs le savent, d'être
couronnés par l'Institut de France. Ce sont
MM. Mathis Lussy et Ernest David. Le pre-
mier, après son magnifique Traité de l'expres-
sion musicale composé par lui seul, vient
d'écrire, lui seul aussi, un Traité spécial sur
le Rythme musical, son origine, sa fonction et
son accentuation. Ce traité n'a pas besoin
d'être résumé. Court, substantiel, nourri
d'idées aussi saines que neuves, il constitue
une véritable révélation. Il sera aussi utile aux
maîtres qu'aux élèves. 11 ajoute, comme le
Traité de f expression musicale, un nouveau et
brillant fleuron à la couronne artistique de
son auteur.

Disons en autant des deux nouveaux livres
de M. Ernest David : Etudes historiques sur la
Poésie et la Musique dans la Cambrie ; G. F.
Hândel, sa vie. ses travaux et son temps. Les
Etudes historiques sont de l'archéologie toute
spéciale, d'une rare érudition et présentent,
au point de vue des origines du flamand, des
aspects des plus intéressants. C'est écrit de
main de maître et destiné aux bibliothèques
des vrais savants. La monographie sur Hândel
fait suite à celle du même auteur sur Jean Sé-
bastien Bach, publication dont nous avons déjà
fait l'éloge. L'une et l'autre de celles-ci ont
pour but, et le réaliseront, de vulgariser en
France les deux grandes figures dont le xvme
siècle a le droit de se glorifier comme des plus
grands musiciens que le monde ait jamais pos-
sédés. J'aime mieux, pour dire la vérité, le
volume sur Bach que celui sur Hândel. Je
n'approuve pas, dans ce dernier, la division
des matières telle que l'auteur se l'est tracée.
Certaines parties sont un peu sèches comme
style et constituent plutôt la matière purement
bibliographique que celle d'une biographie
artistique. Je crois, encore plus que M. David,
à l'influence de l'Italie et de ses formes dra-
matiques sur le style de Hândel. Je trouve
Hândel plus chaud que Bach.

Une étude physiologique à faire serait celle
de la transformation du génie du maître alle-
mand devenu anglais. On comprend facilement
que dans sa vie solitaire et calme, Bach ait tra-
vaillé le style épique, ce genre qui n'admet ni
la scène, ni les décors, ni l'action en dehors de
l'auditeur. Mais comment il se fait que Hândel,
lui, soit devenu si subjectif, si philosophe
dans le sens musical du mot, si grand, si
héroïque dans le choix de ses sujets, après
avoir longtemps brillé dans l'action dramatique
dont, en définitive, l'auditeur n'est plus que le
spectateur externe, cela mériterait encore une
étude spéciale. Dans le genre épique, vers le-
quel Hândel a été conduit par des circonstances
qui ne sont ni de lieu, ni de temps, ni d'intérêt
matériel, il s'est constitué rapidement, comme
Bach, l'interprète des sentiments de religion,
d'admiration pour les grands hommes et pour
les grands événements, sentiments qui sont
dans l'âme de l'auditeur et transforment
celui-ci presqu'en partie intégrante de la
création du beau. Je le répète, Bach était
conduit à la production de ces effets épiques,
par toutes les conditions du milieu dans le-
 
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