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N» 9. 20 Mai 1884. Vinut-sixième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. AD. SIRET.

MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE : Beaux-arts : Questions à l'ordre du
jour. — Les hydrophiles. — Collection du duc
Von der Leyden. — Salon de Paris. — Chronique
généra'e. — Cabinet de la curiosité. — Pro-
grammes. — Annonces.

Beaux-Arts.

QUESTIONS A L'ORDRE DU JOUR.
La critique et le nouveau salon de Paris. —
La caisse des artistes et la misère. — Les
expositions particulières.

C'est de nos jours que Wiertz aurait pu
dire avec un cruel à propos que la critique ne
sert à rien; oui, elle sert, mais à être agréable
à l'abonné. Qu'on en juge :

Nous avons sous les yeux plusieurs journaux
d'art français qui rendent compte du Salon.
Nous venons de les parcourir avec un soin
scrupuleux. Partout des éloges ! Pas une cri-
tique ; pas un blâme ! Plus de quatre cents
œuvres sont examinées sans qu'une ombre
quelconque vienne assombrir ce llux de pa-
roles laudatiygs. Est-ce donc à dire que tout
soit bon ? Evidemment il n'en saurait être
ainsi et,évidemment aussi,le soin de conserver
la clientèle et de l'augmenter, semble avoir
inspiré celui que la force de l'habitude nous
fait encore appeler : le critique.

Voilà donc le journalisme d'art.

Allons, messieurs les artistes, passez aux
bureaux d'abonnement et, en même temps,
vous passerez à l'immortalité d'un jour.... et
encore !

La souscription De Jonghe est un succès qui
honore une l'ois de plus tout ce qui est artiste.
Mais Pantazis, mais Fontaine... et d'autres,
hélas ! qui peuvent encore venir, que fera t-on
Pour eux ? La même chose, nous dit-on. Cela
ne se peut pas. Il faut que ces désastres soient
prévenus et ils le seraient si messieurs les
Jeunes, surtout, voulaient un peu travailler à
Populariser une œuvre fondée par les vieux,
'a Caisse des artistes qui possède à l'heure
qu'il est un capital de 277,310 frs et qui donne
u plusieurs veuves des pensions de 400 frs.
alors qu'en France une institution semblable
"e donne que 300 frs. En outre notre caisse
des artistes, dans des cas donnés, délivre des
secours. II suffît que l'artiste verse à la caisse
"ne somme annuelle de douze francs pour
soulager bien des misères.

On sait tout cela, mais un fatal entraine-

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : q FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

ment à ne pas faire ce que l'on devrait, une
insouciance inconcevable et, disons-le, un
mépris profond pour tout ce qui porte le
cachet du classique ou de l'académique, éloi-
gne toute une légion du seul monde qui lui
ouvre les bras. La misère n'a pas d'école et
les jeunes feraient bien de réfléchir que lors
qu'ils sont frappés ce ne sont pas les vieux
qui les abandonnent. Ils sont plus riches, c'est,
vrai, mais ils ne doivent leur richesse qu'à
leurs talents et il en est beaucoup qui ont
connu de mauvais jours.

La Caisse des artistes n'a jamais négligé de
se faire connaître par tous les moyens que la
publicité met à sa disposition et ceux qui lui
reprochent de n'avoir point fait de propagande
ne savent ce qu'ils disenl.

Dernièrement le peintre De Rielve a légué
à la caisse une somme de dix mille francs. Le
gouvernement n'a point approuvé ce legs pour
des raisons de forme que nous n'avons pas à
apprécier ici, mais qui auraient pu être écar-
tées, nous semble-t-il, en vue de la destina-
tion du legs. Il serait bon, disons-le, en pas-
sant,que nos lois que l'on modifie avec tant de
facilité, pussent être rendues plus clémentes
pour des cas de l'espèce.

En attendant, constatons que depuis un
petit nombre d'années, voilà plusieurs artistes
que la misère jette à la mort en laissant de
pauvres déshérités sur la terre. Cela ne serait
pas arrivé si l'on eût songé à la Caisse des
artistes et au faible sacrifice qu'elle demande
en retour du bienfait qu'elle peut procurer.
Une association plus directement en rapport
avec les artistes de toutes nationalités et de
tout âge comblerait peut-être les lacunes que
forcément la Caisse (les artistes,présente.Nous
avions pensé à esquisser les bases d'une
institution de patronage, mais la Fédération
artistique nous apprend que déjà,à Anvers, on
avait projeté quelque chose de semblable lors
d'un banquet donné à M. Victor Lynen. Il
serait question de reprendre ce projet. Atten-
dons. Les Anversois qui ont déjà créé l'œuvre
de secours pour les artistes musiciens, pour-
rait lui donner un noble pendant. Mais, nous
le répétons, la Caisse des artistes,en modifiant
quelque peu ses statuts, pourrait devenir la

vraie providence des artistes malheureux.

*

* *

Les expositions particulières sont entrées
dans nos mœurs. On en voit partout. II n'y a

ADMINISTRATION ET CORRESPONDANCE

A St-NICOLAS (BELGIQUE).

pas de semaine où les cercles du pays n'étalent
aux yeux du public des stocks de tableaux de
tout genre Le public s'en plaint peu; comme
il est le maître, il en prend pour autant que
cela lui plait. Les critiques sont sur les dents;
les marchands de tableaux sont indisposés
contre un procédé qui les prive du bénéfice
de leur intervention. Beaucoup d'artistes ex-
posent chez eux et cela tend à se généraliser.

Quel mal il y a-t-il à tout cela?

Aucun en somme. Que la critique, la vraie,
se sente fatiguée, c'est un petit malheur dont
elle saura se consoler. Que le public se blase,
c'est possible. Si cela arrive, on fera autre
chose et voilà tout, mais ce qui nous semble
résulter de tout cela, c'est l'énorme produc-
tion artistique hors d'équilibre avec la con-
sommation. Où cela va t il nous mener. Avec
cela que, plus que jamais, les femmes s'en
mêlent et que pour comble de malheur la
peinture insignifiante d'idée, mais travaillée
de chic,prend de plus en plus le haut du pavé.
A vrai dire, les tableaux des deux générations
précédentes, se vendent toujours à de bons
prix. Le public, dans les chiffres fabuleux
qu'atteignent les modernistes à l'hôtel Drouot,
ne voit avec raison que des opérations de banque
d'une audacieuse et scandaleuse envergure.

Ici,comme ailleurs,attendons les révélations
de l'avenir.

LES HYDROPHILES.

Ce titre un peu elassique pour une con-
grégation de romantiques,représente les scis-
sionnaires de la jeune Société des aquarel-
listes., laquelle s'est à son tour formée du dé-
pit de ne pouvoir vaincre le règlement de la
Société royale qui limite à quarante le chiffre
de ses membres. Ne verrons-nous pas les
Hydrophiles se subdiviser en petites sections
infinitésimales pour parfaire cette légende
de haine et de division qui caractérise notre
beau monde moderne? Ce n'est pas impos-
sible, tous les ridicules étant à la mode. En
attendant, va pour les Hydrophiles.

Je les ai appelés romantiques ; je ne
m'en dédis pas, on se croirait revenu aux
jours de 1835-1840 qui était le beau temps
des aquarelles et des albums. On brossait
alors des à peu près expressifs, quelques
taches crues simulaient tout ce qui est dans
la nature, la couleur seule déterminait plus
ou moins la nature de l'objet. Tout le mérite
 
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