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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0156

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i34 -

VITRAUX DE BOURGES

qu'on ait dit, lui attribue assez constamment l'article du Symbole qui proclame la résurrection de Notre-
Seigneur(i). Lorsque les apôtres, non encore affermis par la descente de l'Esprit saint, pouvaient
craindre d'attirer les regards par une réunion suspecte, Thomas n'apparaît plus séparé du chef de l'apos-
tolat : il accompagne Pierre à la pêche miraculeuse ( Joan. XXI), nous le trouvons le premier nommé
après le prince des apôtres, et cinq autres seulement avec eux sont témoins de ce prodige.

Si nous cherchons hors des livres saints quelque donnée historique ultérieure sur la prédication de
saint Thomas, il est impossible de ne pas reconnaître un solennel témoignage dans ce concert de voix
qui, dès le me siècle (c'est-à-dire dès que l'histoire ecclésiastique sort du berceau), parlent unanime-
ment de la mission de cet apôtre dans la Perse et dans l'Inde. Le moyen âge en cela n'est que l'écho
des premiers âges (2), et l'Inde en a conservé des souvenirs assez imposants pour ébranler le scepticisme
d'hommes que leurs préjugés d'éducation pouvaient disposer à traiter cavalièrement les traditions chré-
tiennes (3). Ce sont là des faits dont il serait intéressant de présenter le détail et d'estimer la portée.

(1) Rufin.,m Symbol, apost. (p. 53. Cs. Pseudo-Augustin., de sym-
bolo, Opp., t. VI, 278); et Vallarsi, not. in h. I. — Pseudo-Augustin.,
serm. CCXL, CCXLI (t. V, 394—396). — Léon. M. epist. 3i, ad
Pulch.Aug.,caip. 4 (t. 1,857, sq.).—Vigil.Taps., cont.Ar., libr. 1,11,
12 (Bibl.PP. VIII, 747).—Missal.gallic.,ap.Gregor.M.Opp. t. IX,
•207.—N. Alexand.,77.E.,sxc. i,diss. 12; etMansi,z'rc h.l.—Etc.,etc.

On montrait même à Jérusalem le lieu où s'étaient réunis les
apôtres pour arrêter cette commune profession de foi (symbolum,
collatio). Cs. Georg. Gemnicens., Ephemerid. terrœ sanctœ (D. Pez,
t. II, P. III, p. 538). — Anselm., Descript. tenace sanctœ (ap. H.
Canis., Thesaur. monumentor., ed. Basnage, t. IV, 786). — Etc.
Non pas qu'il soit sûr que Jérusalem ait été le lieu de cette réu-
nion; selon plusieurs, ce serait Antioche.

(2) Venant. Fortunat., part. I, libr. V, cap. 2, v. 11 (p. 157).—
Gaudent., serm. XVII. — Rufin., H. E., libr. I, cap. 9 (p. 23o).—
Origen., in Gènes. III. (t. II, 24; Cs. Euseb., II. E., libr. III, cap. 1,

et Val. in h. I)__Ambros., in Ps. XLV, 10 (t. I, g34). — Gregor.

JNyss., ap. Zacagni, p. 391. — Hieronym., Epist. ad Marcell. (t. IV,
P. I, p. 167). — Etc., etc. Cs. Ribadeneira, Flos SS., Diz. 21.—
Hohlenberg, de Originib. . . Eccl. christ, in India. — Assemani,
Biblioth. oriental., t. III, P. II, p. xxv—xxxv. — Etc., etc.

Le moyen âge nous a conservé quelques traces plus ou moins
vagues de pèlerinages au tombeau de l'apôtre saint Thomas, soit
qu'on allât à Edesse vénérer ses ossements, qui passent pour avoir
été transportés de bonne heure (en tout ou en partie) dans ce
lieu, soit qu'on pénétrât jusqu'au Malabar et au Coromandel. Cs.
Althelm., ap. Mai, N. collect. Vatic, t. IX, p. xxjii.—Wilhelm.
Malmesb., ap. Stolberg, Alfred. — Godwin, de Prœsul. Angl. (ed.
G. Richardson, p. 332). — Cœsar. Heisterb., Illustr. miracul.,
lib. VIII, cap. 5g.—Gregor. Turon., de Glor. mart., libr. I, cap. 32
(ed. Ruinart,p. 757).— Sh. Turner, History of the Anglo-Saxons,
book V, chapt. 6, and Appendix ad hoc ( 4° édit. Lond., 1828, t. II,
p. i45—148, et i58—166). — Pontoppidan., Gesta. . . Danorum
extra Daniam, t. I, p. 27, 54-— Grasse, Lehrbuch ein. Litteràr-
gesch., Sagenkr. d. Mittelalt., p. 343.—Etc.

Spelman (sElfredi. . . Vita, libr. II, 70, p. 112) n'ose pas faire
tort à la mémoire du grand Alfred, peut-être, en laissant aperce-
voir qu'un pèlerinage lui fût un motif d'équiper des vaisseaux
pour les Indes; il ne lui attribue donc que l'intention de faire
porter des aumônes aux chrétiens de ces contrées éloignées. Mais
Gibbon, qui a toujours d'excellentes raisons toutes prêtes, con-
vient du fait (chap. 47) sans balancer. Sa ressource, après cet
aveu, pour sauver l'honneur du grand homme, c'est d'en faire un
hypocrite qui, sous ombre de pèlerinage, ne songeait qu'à des spé-
culations commerciales. C'est tout ce que le célèbre historien trouve
de mieux à la décharge, ou même à la gloire du prince saxon.
Il aimerait bien tout autant supposer que les annalistes de la
Vieille-Angleterre ont inventé cette histoire ; mais (voyez le raffine-
ment! ) il ne lui paraît pas possible que le xne siècle fût de force à
composer un semblable récit {loc. cit.). Et cela s'appelle écrire l'his-
toire! Et cela ne nuit aucunement (que dis-je? cela sert passable-
ment) à la réputation de l'homme qui met en œuvre de semblables
aperçus! Césaire d'Heisterbach, cependant, nous fait voir que les
Indes n'étaient pas un pays perdu pour cette époque. Et les ro-
manciers d'alors, où avaient-ils pris l'idée de transporter leurs hé-
ros dans l'Inde?

En écrivant l'histoire de la géographie, on n'a pas assez tenu
compte des missions, et surtout des pèlerinages. Les auteurs
protestants, élevés dans un mépris souverain de ces bigoteries,
n'auront pas daigné s'apercevoir que les annales de la superstition
étaient précisément les archives de leurs matériaux en ce genre
(je mets les choses au mieux, et suppose la bonne foi dans tous).
Ainsi se trouve confisquée toute une période de connaissances pra-
tiques dont on fait à peine mention dans plusieurs ouvrages spé-
ciaux qui se donnent pour avoir approfondi la matière ; et lorsque
la tâche de l'historien eût été de discuter les traditions les plus
obscures, il a négligé même les documents les plus positifs. Quant
aux écrivains plus ou moins catholiques qui sont venus après
ceux-ci, ils ont pensé (les uns débonnairement, les autres traî-
treusement) que les travaux de leurs devanciers avaient à peu
près épuisé la matière, et n'ont eu garde de reprendre sous œuvre
un labeur extrêmement fastidieux, dont les bases leur semblaient
devoir être définitivement fixées. Nous avons, enfants de l'Eglise,
beaucoup trop présumé de la bonne foi d'autrui; mais notre pré-
jugé en ceci a été mis à de trop rudes épreuves depuis trois siècles
pour qu'il soit permis d'y persister encore. Toutefois, il reste à
présenter aux esprits flottants et aux cœurs honnêtes, mais éga-
rés , l'appréciation des enseignements historiques qui ont géné-
ralement pris le dessus depuis soixante ans. Et quand il nous sera
donné de rompre le silence, on verra choir à grand bruit bien
des réputations qui paraissaient enracinées profondément. Il ne
sera pas même nécessaire en général d'aborder le xixc siècle; il
suffira de faire voir qu'il a traduit en langage populaire les asser-
tions exprimées en latin par ses prédécesseurs, et rien de plus.
De l'érudition mensongère on s'est avancé jusqu'à l'affirmation
pure et simple. Voilà tout le progrès, du moins en France, dans
les écrits hostiles à l'Eglise et à ses institutions ou à ses dogmes.

Mais pour revenir au moyen âge et aux pèlerinages dirigés vers
le tombeau de saint Thomas, il semble que plusieurs questions
d'art ne peuvent guère se résoudre si l'on n'admet une influence
indienne quelconque sur certains hommes, du xe au xne siècle.Il
est telle miniature qui rappelle si naturellement les idoles de
l'Inde, qu'on a peine à s'en rendre raison, si l'on ne veut y voir
que des fantaisies spontanées d'imagination.

(3) Marco Polo, Milione, libr. III, cap. 20, 27 (ed. cit., t. II, 414,
421—423; et t.I,p. 178—180), et Baldelli,m h. /.—Fr.de Sousa,
Oriente conquistado a J. C, Conq. II, d. 1, 34—39 (t. I, 249 —
256).—Bartoli, Asia, libr. I, § 5i, etc. — Hohlenberg, op. cit.,

p. 495 5o, 53—55, 61, etc.—F. Wilford, Origin____of the Christian

religion in India (Asiatik Researches, t. X, 73—79, 83).—Barros,
da Asia, decad. III, libr. VII, cap. 11 (Lisb. 1777, t. VI, 228—
237). — Paulin, a s.Bartholom., India orientalis christiana, iiy—
i45. —Kircher, Chin. illustr., p. 57. — Ch. Swanston, A Me-
moir of the primitif church of Malayala... ( Journal of the royal
asiatik society of Great Britain. . . f t. I, 1833, p. 171—178).
— Augusti, Denckwûrdigkeiten. . . . , t. III, 219—235.— Etc. Je
ne parle pas des articles de T. Robinson dans le Journal of
littérature and science, qui porte le nom de la société littéraire de
Madras auxiliaire de la société royale asiatique (t. I, octob. i833,
p. 7, etc.) C'est bien une des plus pauvres choses qui se puissent
écrire sur ce sujet. Il suffirait de dire que Lacroze est une des prin-
cipales autorités qu'on y prend pour base; et la correction du texte
 
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