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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0268

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146 VITRAUX DE BOURGES.

ordre inverse à celui de la planche lithographique; en sorte que la résurrection de Lazare occupât
le sommet de la verrière, au lieu detre au pied comme on le voit ici. Tout le reste devra être censé
suhir un déplacement qui complète cette évolution générale.

i52. Il est clair que l'auteur de nos peintures n'a pas subtilisé, à la manière de quelques critiques
des derniers siècles, sur le personnage que nous représentent les divers panneaux de ce vitrail. Pour
lui la pécheresse, la sœur de Lazare, etc., ne sont qu'une seule et même Marie, reparaissant en diverses
circonstances et en divers lieux dans le récit des quatre évangélistes; sans qu'il soit nécessaire de la
décomposer en plusieurs individualités distinctes(i). En suivant tout simplement le parti qu'il adopte,
nous expliquerons sans peine, à l'aide de l'Évangile, tous les faits qu'il déploie à nos yeux.

Le premier panneau, malgré l'absence du nimbe qui manque ailleurs encore, me paraît représenter
la canonisation, pour ainsi parler, que prononce le Verbe lui-même en proclamant la sainteté de
Madeleine. Soit que cette scène ait été choisie comme une glorieuse introduction à l'histoire de cette
illustre pénitente, soit que primitivement peut-être elle ait été placée à la suite du banquet dont elle
est un appendice naturel, je ne saurais dire à quelles peintures ont dû être consacrés les deux mé-
daillons défoncés aujourd'hui. Mais il se peut que le plus grand (celui du milieu) ait montré Notre-
Seigneur se tournant vers Madeleine assise sur le trône, et annonçant de quels honneurs serait récom-
pensée dans l'avenir celle dont la sainte prodigalité excitait d'amères censures (2). Cette partie répondrait
aux murmures des disciples, tandis que l'autre serait relative au scandale pharisaïque de l'hôte de
Naïm (3); et ce serait, comme je viens de le dire, le complément total du double tableau qui occupe
actuellement la seconde ligne. Réunissons ces deux rangs pour montrer leur étroite connexion d'une
manière plus sensible.

A Naïm, la pécheresse publique vient arroser de ses larmes les pieds du Sauveur, tandis qu'il est
à la table du Pharisien(4). C'est, je crois, ce que l'on a prétendu retracer dans la partie du panneau
qui est à la gauche du spectateur. Ici déjà le Fils de Dieu s'adresse au Pharisien qui se scandalisait
en son cœur, et lui montre qu'il sait fort bien non-seulement ce que signale la rumeur publique,
mais ce qui se passe même au fond des âmes. Du reste l'entretien, qui n'est ici qu'indiqué, se recon-
naît bien mieux au côté droit du panneau supérieur (5). Je pense que la double tablette placée dans la
main de Jésus-Christ fait allusion à ce double compte qui sert de fondement à la parabole (6) : « Deux
« débiteurs reçoivent la remise de leur dette; l'un d'eux devait 5oo deniers, et l'autre 5o seulement.
« Lequel des deux aimera davantage son créancier?... Or, à celle-ci il a été remis de nombreux péchés,
« mais elle a aimé beaucoup, etc.»

A Béthanie, plus d'un an après la circonstance que nous venons de rappeler, quelque chose de
semblable se passe dans une autre occasion toute pareille. Mais cette fois le récit fait mention beau-
coup plus expressément d'un vase de parfums, et ce sont les disciples qui se formalisent (7). C'est ce
qui me détermine à placer le repas de Béthanie à droite du second panneau. La Madeleine porte un
petit bassin (8); et Notre-Seigneur s'adresse à des personnages nimbés, qui doivent être les apôtres. Puis,

(1) Bien des critiques modernes ont partagé entre trois femmes
les divers traits accumulés ici sur sainte Madeleine. Ils ont admis
une Marie de Magdala {Magdalene), délivrée de sept démons par
Jésus-Christ (Marc. XVI, 9. — Luc. VIII); une autre Marie de
Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare (Matth. XXVI, 6,7.—
Marc. XIV, 3. — Joann. XII, 1—3 ; XI); et enfin une pécheresse
de Naïm, dont le nom serait inconnu (Luc. VII, 37, sqq.). Cette
savante distinction fut inaugurée dans la leçon française du Dies
irœ, où l'on changea le vers

« Qui Mariam absolvisti »,

en cet autre :

« Peccatricem absolvisti »,

sans doute pour éviter le danger de confondre la pécheresse soi-
disant anonyme avec Marie de Béthanie ou avec Marie-Madeleine.
Mais l'auteur du Dies irœ n'eût rien compris à ces finesses. Il parlait
comme saint Grégoire le Grand {in Evangel., homil. XXXIII ; t. V,
36) : « ... Hanc quam Lucas peccatricem mulierem, 3oo.DQ.es Mariam
nominat, illam esse Mariam credimusde qua Marcus septem clœmo-
nia éjecta esse testatur.» Cs. Homil. XXV (Ibid., p. 256).—AA. SS.,
Jul, t. V, p. 196, sqq. — Etc. Tillemont (t. II, p. 3o, sv. ; et. 512, sv.),

dont la critique si renommée ne résiste pas toujours au plaisir de
censurer les vieilles traditions sur des raisons assez minces, n'ose
pas prendre parti dans la question présente. C'est une sorte de
suffrage qui ne laisse pas d'avoir quelque poids.

{1) Matth. XXVI, 6—13. — Joann. XII, 1—8. — Etc.

(3) Luc. VII, 36—5o.

(4) Luc. loc. cit. Dans ce texte, c'est surtout des larmes de la
pénitente qu'il s'agit; le parfum répandu n'est indiqué que par
deux mots seulement. C'est ce qui me donne lieu de penser que
cette première action de sainte Madeleine est l'objet de la scène
où l'on n'aperçoit point de vase entre ses mains.

(5) L'idée de ce tète-à-tête pourrait bien avoir été suggérée
par les premières paroles de Notre-Seigneur : « Simon, j'ai quel-
que chose à vous dire. » Peut-être a-t-on supposé que Jésus-Christ
avait conduit son hôte à l'écart pour lui donner cette leçon sans
l'humilier devant les convives.

(6) Luc, /. cit., 417 sq0,-

(7) Matth., /. cit. — Marc. XIV, 3—9. — Etc.

(8) Ce vase de parfums, sous des formes très-variées, et quelque-
fois bizarres, est devenu le caractère iconographique de sainte
Madeleine. Il rappelait, outre le repas de Béthanie, les prépara-
 
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