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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0274

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VITRAUX DE BOURGES.

avait déjà reçu Vordre d'exorciste, lorsque Dieu lui inspira de se rendre en Pannonie, afin d'arracher
ses parents au culte des idoles. Comme il passait les Alpes, des brigands se saisissent de lui; et l'un
d'eux allait lui trancher la tête (i), lorsque, plein d'admiration pour son courage, un autre arrêta la
hache du meurtrier. Ces barbares n'avaient jamais vu tant de calme devant la mort; et celui que
l'on avait chargé de garder le saint homme, demanda le baptême quand il sut que cette magnani-
mité naissait de la confiance en Jésus-Christ (2).

Si Sulpice Sévère ne disait assez clairement que saint Martin trouva encore son père et sa mère en
vie (3), mais que sa mère seule consentit à embrasser la religion chrétienne, on pourrait croire que
la conversion de cette femme est l'objet de la scène qui se passe près d'un tombeau; et alors le
sépulcre indiquerait qu'elle seule aurait revu son fils. Mais avant que l'homme de Dieu fût devenu
évêque de Tours, il avait déjà ressuscité deux morts. On peut choisir, bien que cette représentation
ne me paraisse cadrer exactement avec aucune des deux narrations laissées par le biographe (4).

Après ce que nous avons vu des dislocations éprouvées par les deux vitraux de la planche XII, il
ne faudra pas s'étonner de trouver la série des médaillons plusieurs fois intervertie. Je ne me diri-
gerai donc que d'après les historiens; et ils nous conduisent actuellement au haut du troisième groupe,
où nous trouvons deux hommes prosternés aux pieds du saint évêque. Une hache que tient l'un d'eux,
me donne lieu de regarder cette peinture comme ayant servi primitivement à compléter le tableau du
fait que voici. Saint Martin exhortait une population païenne à renverser un vieux pin objet de céré-
monies superstitieuses. On lui promet d'exécuter ce qu'il demande, si lui-même veut consentir à demeurer
immobile près de l'arbre du côté où il penchera dans sa chute. La condition acceptée, déjà les craque-
ments du tronc, profondément entamé par la hache, menaçaient d'une mort imminente l'homme apos-
tolique; mais tandis que ses disciples pâlissaient d'effroi, pensant assister à sa dernière heure, il n'op-
pose au danger qu'un signe de croix, et l'arbre se précipite du côté opposé vers les spectateurs, qui se
croyaient à l'abri de tout péril (5). Ce prodige fut suivi de la conversion de tout le bourg, qui s'em-
pressa de demander le baptême; et ce doit être ce dernier trait que l'on se sera proposé dans la scène
aujourd'hui restée seule.

161. L'ordre des faits appellerait ici un autre fragment que la dispersion de cette verrière a jeté
bien loin de là, isolé et tronqué, dans une rose. Deux hommes de guerre, dont l'un tient l'épée haute,
comme pour frapper avec violence, se regardent l'un l'autre d'un air déconcerté, et paraissent en
proie à quelque sentiment indéfinissable. Je pense que l'artiste avait en vue deux tentatives d'assassi-
nat (6), qui échouèrent d'une façon prodigieuse, par une convulsion ou une torpeur subite des assassins.

racles sous plusieurs formes; mais Sulpice Sévère est la princi-
pale source où l'on a puisé constamment. Il racontait ce qu'il
avait vu, et son témoignage a reçu une sorte de consécration par
les nombreux emprunts que lui a faits la liturgie dans l'office du
grand évêque de Tours. C'est donc à son récit que nous renver-
rons communément nos lecteurs. Toutefois, lorsque nous avons
eu à citer quelque passage des anciennes relations, une certaine
prédilection pour la poésie chrétienne nous a fait emprunter les
paroles des poètes d'une époque où la littérature ne subsistait
plus que par l'Eglise.

(1) Sulp. Sever., de Vit. B. Mart., cap. 5 (/. cit., p. 11). Le
peintre-verrier, à Bourges comme à Chartres, se conforme à la
narration de Sulpice Sévère, et non pas à celle de Paulin de Péri-
gueux qui parle de glaive au lieu de hache [de Vit. s. Mart., libr. I;
Bibl. PP. VI, 299) :

« Hostiles gladios manibus post terga revinclis
Risit, et immoto tempsit discrimina vultu. »

(2) Sulp. Sev., /. cit. (p. 12,).

(3) Id., ïbid.j cap. 6, (p, 12). Cs. Paulin. Petrocor., /. cit. Je n'ai
aucune raison de supposer que le peintre ait suivi le texte de For-
tunat. Celui-ci {de Vit. s. Mart., libr. I; t. I, 393), ne parlant
absolument que de la mère de saint Martin, aurait pu donner
lieu de penser que sou père n'existait plus à cette époque. C'est
tout ce que je puis imaginer de mieux

(4) Ibid., cap. 7, 8 (p. 14, i5). Ni l'une ni l'autre de ces résur-
rections ne semble avoir eu lieu dans un tombeau. Le texte de
Sulpice Sévère dit même chaque fois très-formellement que le
thaumaturge entra seul dans la chambre où était déposé le corps.

Il ne serait pas impossible d'indiquer quelque autre fait pour

rendre raison de ce tableau; mais dans tout ce qui précède l'épis-
copat de saint Martin, je ne vois rien qui réponde aux données
de la peinture. Or, le costume du saiut annonce qu'il n'est pas
encore évêque à cette époque. Pour moi, je ne serais pas loin de
penser que ce fût là quelque reste d'un vitrail consacré à toute
autre chose qu'à la légende de saint Martin ou de saint Denis.

(5) Sulpic. Sev., loc. c^eap. i3 (p. 19, sq.).—Venant. Fortunat.,
/. cit. (p. 398, sq.).

Interea rapidis sonat icta bipennibus arbor,
Atque subincrepitans, casura, cacumine nutat.
Paulatim incli-nans, jam victa secure ruebat,
Turbati monachi speclant extrema magistri,

Vir tamen intrepidus perstat, pinoque cadenti

Obtulit arma crucis....................

Extimuil fugitiva virum repedabilis arbor,
Et ruilura procul suspendit in aera Iapsum;
Excutiens, rétro versa , comas, sine more caducum
Continuit saltum , sese per inania librans.
Contra naturam succisa et curva repugnans,
Mox petit illud iter qua non sua pondéra torquent.

Resque parata neci, fuit ultro facta saluti.

Judicio ligni est bominum mollita voluntas :
Expelit arma crucis, conversa, errore relicto;
Et timor hic pini Marlinum fecit amari,
Majorem generans fructum quum decidit arbor.»

Cs. Paulin., op. cit., libr. II (p. 3o2, sq.).

(6) Sulpic. Sever., cap. i5 (p. 11).—Ven. Fortunat-, /. cit. (p. 400,
sq.). —Etc.
 
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