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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0300

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278

VITRAUX DE BOURGES.

Il y a lieu de penser que la verrière, dans son état complet, avait donné place à la conversion de
Tiburce, frère de Valérien. Quand elle nous montre le préfet de Rome sur son tribunal, elle fait com-
paraître à la fois Valérien et sainte Cécile; c'est une sorte d'abréviation(i), sans doute, pour presser
la marche des événements par une légère dérogation à la rigoureuse exactitude de l'histoire.

L'état de mutilation où se trouve réduit ce beau vitrail, m'empêche de rien affirmer sur la scène
de sépulture qui est adossée à la comparution de Cécile et de Valérien devant Almachius. Cependant,
il ne paraît pas possible d'y voir l'inhumation de sainte Cécile elle-même. Le cadavre n'étant point
nimbé, tandis que les deux hommes qui l'ensevelissent ont la tête entourée d'un nimbe, il est tout à
fait probable que l'on a prétendu peindre Tiburce et Valérien, consacrant leur temps et leurs biens à
honorer les corps des martyrs (2). Ainsi, ce médaillon devrait passer avant celui du tribunal, et la
marche des deux lignes serait de gauche à droite.

Voilà tout ce qu'autorise de notre part ce reste d'une belle verrière, maintenant si délabrée, mais
qui n'est pas l'unique monument de la dévotion du Berry envers sainte Cécile. Un archevêque de
Bourges (3) voulut, deux siècles plus tard, contribuer à la décoration du tombeau de cette illustre
martyre à Rome; et c'est même le premier acte de son archiépiscopat dont l'histoire fasse mention,
si je suis bien informé.

iqo. Le vitrail de saint Jean-Baptiste (4), quoique tronqué, n'a pas été entamé aussi profondément
que celui de sainte Cécile; et les huit scènes qui nous restent forment du moins une série complète,
où la bordure seule est perdue. Ainsi, les actions du saint Précurseur, telles que les rapporte l'Évangile,
s'y trouvent représentées à peu près entièrement; ses parents et sa naissance devaient occuper presque
exclusivement les médaillons que nous n'avons plus. Du reste, l'église de Saint-Jean à Lyon (5) peut
nous donner approximativement l'idée de ce que devait être notre verrière lorsqu'elle garnissait toute
sa lancette. On y voit l'apparition de l'ange à Zacharie(6), la naissance de cet enfant annoncé par le
Ciel (7), et le nom de Jean confirmé par son père (8) malgré l'opposition et la surprise de sa famille.
Arrivés à cet endroit, nous reconnaîtrons que le peintre-verrier de Bourges, sans puiser ailleurs que
dans l'Évangile, traite son sujet avec beaucoup plus d'ampleur que ne l'a fait l'artiste de Lyon.

Il est fâcheux que Paciaudi, qui, au milieu du siècle dernier, consacra un monument d'érudition
chrétienne au patron de l'ordre de Malte (9), n'ait pas même soupçonné que l'on pût trouver quelque
chose sur son sujet dans les grandes œuvres de l'art latin au moyen âge. Certains détails que la pein-
ture et la sculpture maintiennent communément dans sa légende, certaines représentations où notre
xme siècle ne manque guère de le faire figurer, auraient prêté facilement à plusieurs de ces profu-
sions érudites dont cet écrivain saisit l'occasion assez volontiers (et que je ne lui reproche point du
tout). Pour moi, qui n'écris pas comme lui une monographie du culte de saint Jean-Baptiste, je m'en
tiens, pour cette fois, à la sobriété dont je me suis fait une loi dans ce livre au sujet des légendes.

iqi. Les deux premiers médaillons qui s'offrent à nous dans le vitrail de Bourges, représentent saint

quem quasi leonem ferocem acccpit, ad te, Domine, quasi agnum

mansuetissimum destinavit...............Tune sanctus TJrbanus

baptizavit eum; et, edocens eum omncm fidei regulam, remisit
eum ad Caeciliam diligenter instructum.

«Veniens igitur Valerianus, . . . Cœciliam intra cubiculum
orantem invenit, et stantem juxta eam angelum Domini, pennis

fulgeutibus alas babeutem......duas coronas habentem in mani-

bus coruscantes rosis, et liliis albescentes; quique unam dédit
Cœciliae, alteram Valeriano , dicens : Istas coronas immaculato
corde et mundo corpore custodite, quia de paradiso Dei cas ad
vos attuli. Etc. »

(1) D'après les Actes, Valérien et Tiburce avaient été mis a
mort avant que le préfet Almacbius se fit amener sainte Cécile.
(2,) Hist. pass. B. Caecil., p. i4-

(3) Guillaume III (de Boisratier). Cs. Bosio, op. cit., p. 14.1.—
Gall. christ, (nov.), t. II, 85, sq.

(4) Lancette C.

(5) Etude VIII, lanc. 5. Le nom du donateur lyonnais pourra
être vérifié plus sûrement à Lyon même, depuis que les verrières
de Saint-Jean ont été démontées et remaniées par un peintre-ver-
rier du xixe siècle. Les antiquaires du pays, en touchant du doigt,
s'ils le veulent, et en considérant à loisir ces lettres qu'il nous
fallait épeler à distance (en 1842) sous la couche épaisse d'une

sorte de patine, modifieront peut-être la leçon que nous avions cru
trouver dans la signature, et parviendront sans doute à la mettre
d'accord avec les documents des chartes. Nous sommes tellement
disposés à subir ce redressement pour l'amour de l'histoire, que
nous soumettons aux critiques dès maintenant une correction
plausible. Si l'on réussissait à retrouver les principaux éléments
du mot RAINALDVS, cette indication coïnciderait assez bien avec
ce que nous apprend l'histoire sur la magnificence de Rainauld II
( de Forez ), qui occupa le siège archiépiscopal de Lyon précisé-
ment à l'époque où s'élevait la basilique de Saint-Jean (no,3—
1226), et laissa cent marcs d'argent pour les travaux de cette église.
Cs. Gall. christ (nov.), t. IV, i33—i38.—A. Péricaud, Notes et Do-
cuments pour servir a l'hist. de Lyon.

Le style des vitraux qui décorent l'abside de Saint-Jean ( Etude
VIII) donnerait un nouveau poids à notre conjecture.

(6) Luc. I, 5—23. Il est bien clair que la présence d'une femme
en ce lieu n'est que l'effet d'un artifice, à l'aide duquel le peintre
a prétendu exprimer la prédiction faite pour Elisabeth en même
temps qu'à Zacharie.

(7) Luc. I, 24, sq.; 57, sq.

(8) Ib. 59—63.

(9) De Cultu s. Johannis Baptistœ, antiquitates christianœ; Rom.
1755, in-4°-
 
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