SCÈNE D'INITIATION AUX MYSTÈRES DTSIS
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arcs se détache une large fleur épanouie au milieu de feuilles. Par-dessus court une
guirlande de fleurs de lotus. Cette disposition correspond parfaitement à celle que
Rufin, à la fin du IVe siècle, attribue au Sérapéum d'Alexandrie : « Toute la partie
inférieure, jusqu'au niveau du pavé de l'édifice, est voûtée. Ce soubassement qui reçoit
la lumière d'en haut par de vastes ouvertures, est divisé en vestibules secrets, séparés
entre eux, qui servaient à diverses fonctions mystérieuses... Au centre de la surface
s'élevait le temple orné de colonnes de matières précieuses et construit en marbres
magnifiques... Les murs des sanctuaires passaient pour être revêtus à l'intérieur de
lames d'or que couvraient des lames d'argent1. » Animien Marcellin parle aussi avec
admiration des statues qui peuplaient le Sérapéum2. L'auteur de nôtre relief, sans doute
un Alexandrin, a voulu représenter ici le Sérapéum, le temple illustre de la religion
nouvelle, avec ses riches colonnes et ses voûtes chargées d'ornements, ses statues de
divinités, d'Horus, d'Isis, d'Apis, d'Osiris, tout étincelantes d'or et de pierreries. On
donnait ainsi aux mystes des provinces une représentation du célèbre sanctuaire, de
même que les Musulmans conservent dans leurs mosquées des images ou des reliefs où
sont figurées la Caaba et les diverses stations du pèlerinage de la Mecque.
Nous avons ainsi tous les éléments nécessaires pour reconstituer une scène des
mystères isiaques : le Sérapéum, les divinités, Horus, Isis, et un myste.Les monuments3
et les textes, principalement le XIe livre des Métamorphoses d'Apulée nous ont transmis
des renseignements abondants sur les cérémonies du culte isiaque. Ces cérémonies
étaient très variées1 : elles différaient selon qu'il s'agissait de l'initiation ou du culte
ordinaire de la divinité. A quel groupe de cérémonies faut-il rattacher la scène de notre
bas-relief? On peut y voir une scène d'adoration ordinaire du fidèle qui s'approche de la
divinité et qui prie : Deœ venerabilem aspectum apprecamur*. Pourtant, il paraît,
d'après les peintures murales d'Herculanum et dePompéi, que les cérémonies du culte se
célébraient en grande pompe au milieu d'un concours de prêtres ou de fidèles6. Ici,
au contraire, le myste est seul. Il s'approche de la divinité les mains suppliantes, les
yeux largement ouverts, levés avec amour vers le dieu, pénétré de la tendresse mystique
du néophyte qui aborde pour la première fois le mystère redoutable. Il ne me semble
point douteux que la scène, représentée ici, ne soit une scène d'initiation aux mystères
isiaques. Le commentaire exact de cette scène nous le trouvons dans un passage du
XIe livre des Métamorphoses d'Apulée, où Lucius, racontant les scènes dont il a été
témoin clans le temple d'Isis à Corinthe, lors de son initiation, s'écrie : « J'approchai
des limites du trépas; je foulai du pied le, seuil de Proserpine, et j'en revins en
passant par tous les éléments ; au milieu de la nuit, je vis le soleil briller de son éblouis-
sant éclat; je m'approchai des dieux de l'enfer, des dieux du ciel; je les contemplai face
à face; je les adorai de près7. »
1. Hist. eccl., II, 23.. d'après la traduction de Lafaye.
2. Ammien Marcellin, XXII, 17. Spirantia signorum figmenta.
3. Surtout les peintures d'Herculanum et de Pompéi. Voir le catalogue dans Lafaye, op. cit.-
4. Voyez le détail dans Lafaye, op. cit. Ch. VI.
5. Apulée, p. 795.
6. Voyez notamment, Herculanum et Pompéi, op. cit., pl. 68 et 69.
7. Apulée, Métam., p. 804.
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arcs se détache une large fleur épanouie au milieu de feuilles. Par-dessus court une
guirlande de fleurs de lotus. Cette disposition correspond parfaitement à celle que
Rufin, à la fin du IVe siècle, attribue au Sérapéum d'Alexandrie : « Toute la partie
inférieure, jusqu'au niveau du pavé de l'édifice, est voûtée. Ce soubassement qui reçoit
la lumière d'en haut par de vastes ouvertures, est divisé en vestibules secrets, séparés
entre eux, qui servaient à diverses fonctions mystérieuses... Au centre de la surface
s'élevait le temple orné de colonnes de matières précieuses et construit en marbres
magnifiques... Les murs des sanctuaires passaient pour être revêtus à l'intérieur de
lames d'or que couvraient des lames d'argent1. » Animien Marcellin parle aussi avec
admiration des statues qui peuplaient le Sérapéum2. L'auteur de nôtre relief, sans doute
un Alexandrin, a voulu représenter ici le Sérapéum, le temple illustre de la religion
nouvelle, avec ses riches colonnes et ses voûtes chargées d'ornements, ses statues de
divinités, d'Horus, d'Isis, d'Apis, d'Osiris, tout étincelantes d'or et de pierreries. On
donnait ainsi aux mystes des provinces une représentation du célèbre sanctuaire, de
même que les Musulmans conservent dans leurs mosquées des images ou des reliefs où
sont figurées la Caaba et les diverses stations du pèlerinage de la Mecque.
Nous avons ainsi tous les éléments nécessaires pour reconstituer une scène des
mystères isiaques : le Sérapéum, les divinités, Horus, Isis, et un myste.Les monuments3
et les textes, principalement le XIe livre des Métamorphoses d'Apulée nous ont transmis
des renseignements abondants sur les cérémonies du culte isiaque. Ces cérémonies
étaient très variées1 : elles différaient selon qu'il s'agissait de l'initiation ou du culte
ordinaire de la divinité. A quel groupe de cérémonies faut-il rattacher la scène de notre
bas-relief? On peut y voir une scène d'adoration ordinaire du fidèle qui s'approche de la
divinité et qui prie : Deœ venerabilem aspectum apprecamur*. Pourtant, il paraît,
d'après les peintures murales d'Herculanum et dePompéi, que les cérémonies du culte se
célébraient en grande pompe au milieu d'un concours de prêtres ou de fidèles6. Ici,
au contraire, le myste est seul. Il s'approche de la divinité les mains suppliantes, les
yeux largement ouverts, levés avec amour vers le dieu, pénétré de la tendresse mystique
du néophyte qui aborde pour la première fois le mystère redoutable. Il ne me semble
point douteux que la scène, représentée ici, ne soit une scène d'initiation aux mystères
isiaques. Le commentaire exact de cette scène nous le trouvons dans un passage du
XIe livre des Métamorphoses d'Apulée, où Lucius, racontant les scènes dont il a été
témoin clans le temple d'Isis à Corinthe, lors de son initiation, s'écrie : « J'approchai
des limites du trépas; je foulai du pied le, seuil de Proserpine, et j'en revins en
passant par tous les éléments ; au milieu de la nuit, je vis le soleil briller de son éblouis-
sant éclat; je m'approchai des dieux de l'enfer, des dieux du ciel; je les contemplai face
à face; je les adorai de près7. »
1. Hist. eccl., II, 23.. d'après la traduction de Lafaye.
2. Ammien Marcellin, XXII, 17. Spirantia signorum figmenta.
3. Surtout les peintures d'Herculanum et de Pompéi. Voir le catalogue dans Lafaye, op. cit.-
4. Voyez le détail dans Lafaye, op. cit. Ch. VI.
5. Apulée, p. 795.
6. Voyez notamment, Herculanum et Pompéi, op. cit., pl. 68 et 69.
7. Apulée, Métam., p. 804.