SUR UNE FORME DU PRONOM FÉMININ
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donnant la clarté à la face des ténèbres, irradiant la lumière par la double plume de
son diadème et inondant le monde de lumière, à l'instar du soleil, chaque matin.
Voilà, Monsieur, comment Osiris a pu, dans l'enthousiasme des poètes, être iden-
tifié avec le soleil; voilà pourquoi on a pu le figurer comme naviguant sur la barque
solaire. Mais il ne m'est pas arrivé de le voir, dans ces sortes de scènes, remplacer le
dieu Soleil dans la course diurne. Il n'y a pas de rameurs à la barque solaire, et l'aviron
n'a jamais été reconnu au milieu des attributs d'Osiris. D'un autre côté, il n'y a pas eu
lieu, en Égypte, à transformer les chars en navires, car l'usage des chars et des chevaux
dans ce pays est infiniment plus récent que le mythe osiridien. L'Égypte n'a eu qu'une
route, le Nil, et ses principaux chemins étaient des canaux; aussi la navigation y est-
elle d'origine très ancienne. Le bateau sert de déterminatif aux verbes de voyage, aussi
bien que les deux jambes humaines en marche.
Si la mythologie égyptienne est très imparfaitement connue, on peut en dire autant
de la mythologie grecque et romaine. Il y a quelque chose que nous ignorons au delà
des ridicules histoires de Jupiter, de Saturne et de Vénus : les railleries de Lucien sont,
je crois, de mauvais guides. Quoi qu'il en soit, en l'état de la science, il est difficile de
saisir les rapports qui ont existé entre ces diverses mythologies. Il y a certainement de
l'analogie entre le mythe d'Osiris et celui de Liber pater, que les légendes orphiques
représentent comme ayant été mis en pièces par les Titans furieux, qui avaient enterré
les lambeaux de son corps. Ce dieu, ajoutent ces légendes, renaquit sain et entier
(Macrobe, Comm., I, 12).
Je viens de citer Macrobe : cet auteur donne des renseignements qui tendent à
identifier Liber avec le soleil et le soleil avec Osiris. Diodore parle dans le même sens,
mais je n'oserais vous engager à vous appuyer sur les autorités classiques pour ce qui
regarde la science égyptienne. Les Grecs ont voulu tout expliquer à leur manière, et ils
ont réussi à tout altérer. Un recueil de leurs erreurs et de leurs absurdités serait utile
à dresser. J'y songerai peut-être.
Veuillez agréer, etc.
Fr. Chabas.
SUR UNE FORME DU PRONOM FÉMININ
DE LA SECONDE PERSONNE DU SINGULIER
par
G. Maspero
Les formes s=jJ\^, £=5^^, du pronom féminin de la seconde personne du
singulier, ne paraissent pas avoir excité l'attention des égyptologues depuis le jour où
Erman les signala1. Lorsque j'avais rencontré la première dans un des textes de
1. Erman, Zur Erklârung dor Pyramidenteœte, dans la Zeitschrift, t. XXIX,'p. 40-42, et t. XXX, p. 19;
il y en a d'autres exemples que ceux qu'Erman a cités.
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donnant la clarté à la face des ténèbres, irradiant la lumière par la double plume de
son diadème et inondant le monde de lumière, à l'instar du soleil, chaque matin.
Voilà, Monsieur, comment Osiris a pu, dans l'enthousiasme des poètes, être iden-
tifié avec le soleil; voilà pourquoi on a pu le figurer comme naviguant sur la barque
solaire. Mais il ne m'est pas arrivé de le voir, dans ces sortes de scènes, remplacer le
dieu Soleil dans la course diurne. Il n'y a pas de rameurs à la barque solaire, et l'aviron
n'a jamais été reconnu au milieu des attributs d'Osiris. D'un autre côté, il n'y a pas eu
lieu, en Égypte, à transformer les chars en navires, car l'usage des chars et des chevaux
dans ce pays est infiniment plus récent que le mythe osiridien. L'Égypte n'a eu qu'une
route, le Nil, et ses principaux chemins étaient des canaux; aussi la navigation y est-
elle d'origine très ancienne. Le bateau sert de déterminatif aux verbes de voyage, aussi
bien que les deux jambes humaines en marche.
Si la mythologie égyptienne est très imparfaitement connue, on peut en dire autant
de la mythologie grecque et romaine. Il y a quelque chose que nous ignorons au delà
des ridicules histoires de Jupiter, de Saturne et de Vénus : les railleries de Lucien sont,
je crois, de mauvais guides. Quoi qu'il en soit, en l'état de la science, il est difficile de
saisir les rapports qui ont existé entre ces diverses mythologies. Il y a certainement de
l'analogie entre le mythe d'Osiris et celui de Liber pater, que les légendes orphiques
représentent comme ayant été mis en pièces par les Titans furieux, qui avaient enterré
les lambeaux de son corps. Ce dieu, ajoutent ces légendes, renaquit sain et entier
(Macrobe, Comm., I, 12).
Je viens de citer Macrobe : cet auteur donne des renseignements qui tendent à
identifier Liber avec le soleil et le soleil avec Osiris. Diodore parle dans le même sens,
mais je n'oserais vous engager à vous appuyer sur les autorités classiques pour ce qui
regarde la science égyptienne. Les Grecs ont voulu tout expliquer à leur manière, et ils
ont réussi à tout altérer. Un recueil de leurs erreurs et de leurs absurdités serait utile
à dresser. J'y songerai peut-être.
Veuillez agréer, etc.
Fr. Chabas.
SUR UNE FORME DU PRONOM FÉMININ
DE LA SECONDE PERSONNE DU SINGULIER
par
G. Maspero
Les formes s=jJ\^, £=5^^, du pronom féminin de la seconde personne du
singulier, ne paraissent pas avoir excité l'attention des égyptologues depuis le jour où
Erman les signala1. Lorsque j'avais rencontré la première dans un des textes de
1. Erman, Zur Erklârung dor Pyramidenteœte, dans la Zeitschrift, t. XXIX,'p. 40-42, et t. XXX, p. 19;
il y en a d'autres exemples que ceux qu'Erman a cités.