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Eugène Revillout.
Son père Ptolémée Soter demandait, selon Diodore (18, 14, 1), 8000 talents à l'Égypte seule-
ment et Diodore regarde cela comme de l'humanité « IlToXcjj.aïo; jj.sv &uv§uvo)ç 7ïapéXa(3e tyjv
AÏ^uictov, xal to1!ç [xèv ÈY/wp'-Q'.ç çiXavOpw-œç ^pccecpéprco, xapaXaptbv §s oxiaxtaj^Xta taXavca, etc. »
Ainsi que l'a remarqué M. Lumbroso, à la même époque Antigone avait un revenu annuel
de 11,000 talents (Diodore 1, 56, 5); et à la fin de la monarchie lagide, Ptolémée Aulète
en touchait 12,500 *; selon un renseignement de Cicéron, reproduit par Strabon (17,798).. Ce
renseignement n'est pas, comme on Fa cru, contraire à celui de Diodore (17,52), affirmant
que, quand il est allé en Egypte, ceux qui tenaient les registres de l'état civil des habitants
lui ont dit que la population s'élevait à plus de trois cents mille hommes libres (de nationa-
lité grecque, sans compter les esclaves, les Egyptiens et les sémites), et que le roi touchait
d'impôts sur les habitants d'Egypte plus de 6000 talents (xaô' cv vàp r\\iêiq racpe^XofAsv ypivov
elq AÏYU7CTOV, ecpacrav ot iàç ava^paipaç è'^ovTSç iwv xaToixcôvxwv eivat touç èv aùt^ §taTp((3ovTaç sXîuOé-
pouç kXeIcvc, xàiv xptocxovTa [/.uptââwv, èx oè twv Trpcacâwv tôv xax' Aï^uttcov Xa^(3àvetv xbv (3aatXéa
TuXei'w xûv ih\TMGyùJMv xaXavTwv). Diodore qui, dans tout le paragraphe, parle du nombre et de
la grandeur des villes, de l'abondance de la population, etc., veut seulement dans ce passage
en donner une preuve, en indiquant ce que le roi touchait de contributions directes sur cette
population. Aussi a-t-il soin de dire que ceux qui lui ont fourni ce renseignement sont ceux
qui tiennent les registres des habitants (xwv xocToaouvTiov), c'est-à-dire ceux qui percevaient les
impôts directs nommés plusieurs fois dans notre stèle : la capitation et l'impôt sur les maisons,
impôts dont les temples touchaient une faible proportion par la générosité de Philadelphe.
Les contributions indirectes, les douanes, les droits de mutation et les autres revenus de toute
nature devaient s'élever à un chiffre égal, formant un total double2, comme l'indique Cicéron,
et comme le donne à penser Diodore lui-même dans les passages cités plus haut et relatifs aux
revenus de Soter, si modérés selon lui, et qui cependant s'élevaient déjà à 8000 talents, et
aux revenus de 11,000 talents qu'il attribue à Antigone.
Toutes les sources s'accordent donc à nous montrer le budget ordinaire des rois Lagides
oscillant entre les 8000 talents de Soter et les 14,000 talents de Philadelphe. Quant au
passage d'Appien (préface 10) que l'on a si souvent cité et d'après lequel Ptolémée Phila-
delphe aurait laissé dans le trésor 740,0003 talents égyptiens, il résulte d'une confusion de
l'historien. Celui-ci, nous dit-il, avait entre les mains des papiers officiels, mais des papiers
officiels qui n'étaient certainement pas contemporains de Philadelphe et de l'étalon d'argent.
Nous montrerons bientôt qu'il s'agit sans doute d'un rapport du ministre des finances d'Ever-
gète II, (peut-être d'Hérode, ministre dont nous avons déjà immédiatement ou médiatement
plusieurs circulaires, papyrus 63, 62, 61 et 65 du Louvre) qui réussit à faire relever le taux
de divers impôts abaissés sous Épiphane, entre autres l'impôt du 20e sur les ventes, remis
sous Evergète II au 10°, comme sous Evergète Ier et Darius, et bien d'autres taxes dont le
décret de Rosette nous mentionne le dégrèvement. L'œuvre qu'il paraît avoir poursuivie avec
1 Evidemment les 12,000 talents de Strabon, comme les 6500 de Diodore, ont été calculés en rédui-
sant en argent les sommes touchées en cuivre, selon l'étalon légal alors en usage en Egypte, mais inconnu
partout ailleurs.
2 Voir ci-dessous l'article intitulé Vassiette des impôts sous les Lagides.
3 Le chiffre dont Amasis frauda les temples pendant son règne ne s'élève même pas à quinze mille
talents.
Eugène Revillout.
Son père Ptolémée Soter demandait, selon Diodore (18, 14, 1), 8000 talents à l'Égypte seule-
ment et Diodore regarde cela comme de l'humanité « IlToXcjj.aïo; jj.sv &uv§uvo)ç 7ïapéXa(3e tyjv
AÏ^uictov, xal to1!ç [xèv ÈY/wp'-Q'.ç çiXavOpw-œç ^pccecpéprco, xapaXaptbv §s oxiaxtaj^Xta taXavca, etc. »
Ainsi que l'a remarqué M. Lumbroso, à la même époque Antigone avait un revenu annuel
de 11,000 talents (Diodore 1, 56, 5); et à la fin de la monarchie lagide, Ptolémée Aulète
en touchait 12,500 *; selon un renseignement de Cicéron, reproduit par Strabon (17,798).. Ce
renseignement n'est pas, comme on Fa cru, contraire à celui de Diodore (17,52), affirmant
que, quand il est allé en Egypte, ceux qui tenaient les registres de l'état civil des habitants
lui ont dit que la population s'élevait à plus de trois cents mille hommes libres (de nationa-
lité grecque, sans compter les esclaves, les Egyptiens et les sémites), et que le roi touchait
d'impôts sur les habitants d'Egypte plus de 6000 talents (xaô' cv vàp r\\iêiq racpe^XofAsv ypivov
elq AÏYU7CTOV, ecpacrav ot iàç ava^paipaç è'^ovTSç iwv xaToixcôvxwv eivat touç èv aùt^ §taTp((3ovTaç sXîuOé-
pouç kXeIcvc, xàiv xptocxovTa [/.uptââwv, èx oè twv Trpcacâwv tôv xax' Aï^uttcov Xa^(3àvetv xbv (3aatXéa
TuXei'w xûv ih\TMGyùJMv xaXavTwv). Diodore qui, dans tout le paragraphe, parle du nombre et de
la grandeur des villes, de l'abondance de la population, etc., veut seulement dans ce passage
en donner une preuve, en indiquant ce que le roi touchait de contributions directes sur cette
population. Aussi a-t-il soin de dire que ceux qui lui ont fourni ce renseignement sont ceux
qui tiennent les registres des habitants (xwv xocToaouvTiov), c'est-à-dire ceux qui percevaient les
impôts directs nommés plusieurs fois dans notre stèle : la capitation et l'impôt sur les maisons,
impôts dont les temples touchaient une faible proportion par la générosité de Philadelphe.
Les contributions indirectes, les douanes, les droits de mutation et les autres revenus de toute
nature devaient s'élever à un chiffre égal, formant un total double2, comme l'indique Cicéron,
et comme le donne à penser Diodore lui-même dans les passages cités plus haut et relatifs aux
revenus de Soter, si modérés selon lui, et qui cependant s'élevaient déjà à 8000 talents, et
aux revenus de 11,000 talents qu'il attribue à Antigone.
Toutes les sources s'accordent donc à nous montrer le budget ordinaire des rois Lagides
oscillant entre les 8000 talents de Soter et les 14,000 talents de Philadelphe. Quant au
passage d'Appien (préface 10) que l'on a si souvent cité et d'après lequel Ptolémée Phila-
delphe aurait laissé dans le trésor 740,0003 talents égyptiens, il résulte d'une confusion de
l'historien. Celui-ci, nous dit-il, avait entre les mains des papiers officiels, mais des papiers
officiels qui n'étaient certainement pas contemporains de Philadelphe et de l'étalon d'argent.
Nous montrerons bientôt qu'il s'agit sans doute d'un rapport du ministre des finances d'Ever-
gète II, (peut-être d'Hérode, ministre dont nous avons déjà immédiatement ou médiatement
plusieurs circulaires, papyrus 63, 62, 61 et 65 du Louvre) qui réussit à faire relever le taux
de divers impôts abaissés sous Épiphane, entre autres l'impôt du 20e sur les ventes, remis
sous Evergète II au 10°, comme sous Evergète Ier et Darius, et bien d'autres taxes dont le
décret de Rosette nous mentionne le dégrèvement. L'œuvre qu'il paraît avoir poursuivie avec
1 Evidemment les 12,000 talents de Strabon, comme les 6500 de Diodore, ont été calculés en rédui-
sant en argent les sommes touchées en cuivre, selon l'étalon légal alors en usage en Egypte, mais inconnu
partout ailleurs.
2 Voir ci-dessous l'article intitulé Vassiette des impôts sous les Lagides.
3 Le chiffre dont Amasis frauda les temples pendant son règne ne s'élève même pas à quinze mille
talents.