La Fonte Gaja, par Giaco.mo de l\l a Qbercia.
(Piazza del Campo, à Sienne.)
UN DÉPARTEMENT DU MUSÉE DU LOUVRE
DEPUIS QUINZE ANS
la SCULPTURE ET LES OBJETS d'aRT DU MOYEN-AGE, DE LA RENAISSANCE
ET DES TEMPS MODERNES
n Allemagne et en Angleterre, la plupart des musées ont cou-
tume de publier périodiquement la liste de leurs récentes
acquisitions ; c'est une fort bonne habitude qui permet au public
et aux étrangers de se rendre compte en un moment de l'ac-
croissement des musées ; j'oserais même dire que cette façon de
procéder présente encore un autre avantage : elle entretient
dans le personnel de ces établissements une certaine émulation
et l'empêche de s'endormir sur ses conquêtes passées. Chez
nous il n'existe rien de pareil : une revue artistique ou même
un journal quotidien enregistre de temps en temps une acquisi-
tion, tantôt l'approuvant, tantôt la blâmant, souvent même en
défigure tout à fait la nature ou l'importance, toujours, en tout cas, d'une façon officieuse. On
publie bien, il est vrai, de temps en temps, dans le Journal officiel, des listes, d'une périodicité
très irrégulière, qui paraissent avoir pour but de justifier auprès du Parlement les crédits qu'on
lui demande ; mais ces listes sont bien laconiques et n'ont d'ailleurs qu'une publicité bien
restreinte1. Quel est, en effet, l'amateur d'art ou même le simple mortel qui lise quotidiennement
Y Officiel? Toutes les tentatives faites jusqu'ici pour doter nos musées nationaux d'un annuaire,
tel que ceux que publient les musées de Berlin ou de Vienne, ont échoué devant des difficultés,
très mesquines, en vérité, car elles se résolvent en une question d'argent, mais très réelles au
fond. Il s'ensuit que le public n'est que très imparfaitement renseigné sur l'accroissement de
nos musées et bien souvent fait entendre des récriminations qui, si elles se prolongeaient^ pour-
raient tourner au détriment des musées eux-mêmes et occasionner des troubles très sérieux et
très regrettables dans le budget qui leur est déjà si parcimonieusement accordé.
Je voudrais ici montrer par un simple exposé, presque par une énumération d'inventaire, ce
qu'un département du Louvre, l'un des plus récemment créés, — il n'y a pas vingt ans, il était
encore rattaché en partie au département des antiquités grecques et romaines, — a pu acquérir
soit par voie d'achat, soit par voie de donation, depuis quinze années. Je crois qu'un exposé de cette
nature est propre à faire tomber bien des préventions, à dissiper bien des erreurs et à montrer
i. On a publié en 18C9, pour les années i853-i86g, un Rapport de M. le comte de Nieuwerkerke sur la situation des Musées. Paris,
1869, in-S° Ce rapport contient la liste de tous les dons et acquisitions entrés au Louvre pendant cette période.
(Piazza del Campo, à Sienne.)
UN DÉPARTEMENT DU MUSÉE DU LOUVRE
DEPUIS QUINZE ANS
la SCULPTURE ET LES OBJETS d'aRT DU MOYEN-AGE, DE LA RENAISSANCE
ET DES TEMPS MODERNES
n Allemagne et en Angleterre, la plupart des musées ont cou-
tume de publier périodiquement la liste de leurs récentes
acquisitions ; c'est une fort bonne habitude qui permet au public
et aux étrangers de se rendre compte en un moment de l'ac-
croissement des musées ; j'oserais même dire que cette façon de
procéder présente encore un autre avantage : elle entretient
dans le personnel de ces établissements une certaine émulation
et l'empêche de s'endormir sur ses conquêtes passées. Chez
nous il n'existe rien de pareil : une revue artistique ou même
un journal quotidien enregistre de temps en temps une acquisi-
tion, tantôt l'approuvant, tantôt la blâmant, souvent même en
défigure tout à fait la nature ou l'importance, toujours, en tout cas, d'une façon officieuse. On
publie bien, il est vrai, de temps en temps, dans le Journal officiel, des listes, d'une périodicité
très irrégulière, qui paraissent avoir pour but de justifier auprès du Parlement les crédits qu'on
lui demande ; mais ces listes sont bien laconiques et n'ont d'ailleurs qu'une publicité bien
restreinte1. Quel est, en effet, l'amateur d'art ou même le simple mortel qui lise quotidiennement
Y Officiel? Toutes les tentatives faites jusqu'ici pour doter nos musées nationaux d'un annuaire,
tel que ceux que publient les musées de Berlin ou de Vienne, ont échoué devant des difficultés,
très mesquines, en vérité, car elles se résolvent en une question d'argent, mais très réelles au
fond. Il s'ensuit que le public n'est que très imparfaitement renseigné sur l'accroissement de
nos musées et bien souvent fait entendre des récriminations qui, si elles se prolongeaient^ pour-
raient tourner au détriment des musées eux-mêmes et occasionner des troubles très sérieux et
très regrettables dans le budget qui leur est déjà si parcimonieusement accordé.
Je voudrais ici montrer par un simple exposé, presque par une énumération d'inventaire, ce
qu'un département du Louvre, l'un des plus récemment créés, — il n'y a pas vingt ans, il était
encore rattaché en partie au département des antiquités grecques et romaines, — a pu acquérir
soit par voie d'achat, soit par voie de donation, depuis quinze années. Je crois qu'un exposé de cette
nature est propre à faire tomber bien des préventions, à dissiper bien des erreurs et à montrer
i. On a publié en 18C9, pour les années i853-i86g, un Rapport de M. le comte de Nieuwerkerke sur la situation des Musées. Paris,
1869, in-S° Ce rapport contient la liste de tous les dons et acquisitions entrés au Louvre pendant cette période.