LES FRAGONARD DE GRASSE UjJi
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La ville de Grasse, ou plutôt un habitant de cette ville, M. Malvilan, possède quatre toiles W , /&• ' à
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■*f de Fragonard qui peuvent être comptées parmi les meilleures de cet artiste. Il les peignit avant < ,| i ^
la Révolution, alors qu'il était à l'apogée de son talent, pour la Du Barry, qui devait en décorer ç<^.j
le château de Luciennes. Les événements se succédèrent avec tant de rapidité qu'ils en empê-
chèrent la livraison, et ces toiles restèrent roulées dans l'atelier du peintre.
Fragonard, qui avait d'abord subi la Révolution, finit, pour sauver sa tête, par accepter des
fonctions de la Convention. Mais, se voyant menacé, il se réfugia à Grasse, sa ville natale, où
il demanda l'hospitalité à un de ses amis, M. Malvilan. C'est là qu'il passa la Terreur et
demeura jusqu'après Thermidor.
Fragonard parla à M. Malvilan des peintures de Luciennes et les lui offrit à un prix
W modeste; celui-ci accepta. Les deux amis partirent ensemble pour les chercher; on les retrouva
îtéSàS$§jj Y, intactes dans l'atelier. L'heureux Grassois en prit possession et les rapporta chez lui. C'est là
.f^ljji qu'elles sont encore aujourd'hui et qu'il nous a été permis de les voir, chez le petit-fils de
M. Malvilan.
*^Mef'* Fragonard revint à Grasse quelque temps après et présida à l'installation de ces peintures,
auxquelles il en ajouta une cinquième, et les relia entre elles par des panneaux représentant des
amours.
Il voulait que tout, chez son ami, fût en harmonie; il lui fit acheter les fauteuils et les
chaises qui devaient orner le salon de Luciennes et qui avaient été déposés au Garde-Meuble. '^I^^^^M^
Nous les retrouvons aujourd'hui chez M. Malvilan, à la place indiquée par l'artiste. Le tapis
\\ même qui est sous nos pieds a été dessiné par Fragonard.
Quel joli salon ! Comme il aurait convenu à la favorite d'un roi ! Puis cette lumière si claire,
si joyeuse, qui pénètre par deux grandes croisées ouvertes sur la campagne verdoyante et fleurie,
la mer et le ciel bleu de Provence, que l'on aperçoit à l'horizon, forment un cadre merveilleux
à ces toiles. Il y a là un enchantement, une griserie que ne donne pas l'atmosphère des musées.
Nous sommes en même temps poursuivi par le souvenir de Fragonard, de l'aimable et spiri-
tuel Frago, comme l'appelaient les intimes. La maison où il est né est à quelques pas de nous.
C'est dans cette campagne si pittoresque qu'il a surpris bien des secrets de son talent. Ces
réduits charmants, où il a abrité ses amours, nous les retrouvons là avec leurs parterres pleins
de fleurs, leurs voûtes de verdure, où le soleil se joue si gaiement dans le feuillage.
Grasse est le pays des fleurs. Le printemps y est éternel. Adossée aux flancs d'une montagne
aux sommets arides et désodés, la ville est semblable à un port placé sur un océan de verdure. \Wè ^
Les palmiers, les oliviers, d'énormes pins-parasols, des orangers, des citronniers croissent en
\j pleine terre. Quant aux fleurs, elles sont en telle profusion qu'elles remplissent des champs
Sel
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La ville de Grasse, ou plutôt un habitant de cette ville, M. Malvilan, possède quatre toiles W , /&• ' à
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■*f de Fragonard qui peuvent être comptées parmi les meilleures de cet artiste. Il les peignit avant < ,| i ^
la Révolution, alors qu'il était à l'apogée de son talent, pour la Du Barry, qui devait en décorer ç<^.j
le château de Luciennes. Les événements se succédèrent avec tant de rapidité qu'ils en empê-
chèrent la livraison, et ces toiles restèrent roulées dans l'atelier du peintre.
Fragonard, qui avait d'abord subi la Révolution, finit, pour sauver sa tête, par accepter des
fonctions de la Convention. Mais, se voyant menacé, il se réfugia à Grasse, sa ville natale, où
il demanda l'hospitalité à un de ses amis, M. Malvilan. C'est là qu'il passa la Terreur et
demeura jusqu'après Thermidor.
Fragonard parla à M. Malvilan des peintures de Luciennes et les lui offrit à un prix
W modeste; celui-ci accepta. Les deux amis partirent ensemble pour les chercher; on les retrouva
îtéSàS$§jj Y, intactes dans l'atelier. L'heureux Grassois en prit possession et les rapporta chez lui. C'est là
.f^ljji qu'elles sont encore aujourd'hui et qu'il nous a été permis de les voir, chez le petit-fils de
M. Malvilan.
*^Mef'* Fragonard revint à Grasse quelque temps après et présida à l'installation de ces peintures,
auxquelles il en ajouta une cinquième, et les relia entre elles par des panneaux représentant des
amours.
Il voulait que tout, chez son ami, fût en harmonie; il lui fit acheter les fauteuils et les
chaises qui devaient orner le salon de Luciennes et qui avaient été déposés au Garde-Meuble. '^I^^^^M^
Nous les retrouvons aujourd'hui chez M. Malvilan, à la place indiquée par l'artiste. Le tapis
\\ même qui est sous nos pieds a été dessiné par Fragonard.
Quel joli salon ! Comme il aurait convenu à la favorite d'un roi ! Puis cette lumière si claire,
si joyeuse, qui pénètre par deux grandes croisées ouvertes sur la campagne verdoyante et fleurie,
la mer et le ciel bleu de Provence, que l'on aperçoit à l'horizon, forment un cadre merveilleux
à ces toiles. Il y a là un enchantement, une griserie que ne donne pas l'atmosphère des musées.
Nous sommes en même temps poursuivi par le souvenir de Fragonard, de l'aimable et spiri-
tuel Frago, comme l'appelaient les intimes. La maison où il est né est à quelques pas de nous.
C'est dans cette campagne si pittoresque qu'il a surpris bien des secrets de son talent. Ces
réduits charmants, où il a abrité ses amours, nous les retrouvons là avec leurs parterres pleins
de fleurs, leurs voûtes de verdure, où le soleil se joue si gaiement dans le feuillage.
Grasse est le pays des fleurs. Le printemps y est éternel. Adossée aux flancs d'une montagne
aux sommets arides et désodés, la ville est semblable à un port placé sur un océan de verdure. \Wè ^
Les palmiers, les oliviers, d'énormes pins-parasols, des orangers, des citronniers croissent en
\j pleine terre. Quant aux fleurs, elles sont en telle profusion qu'elles remplissent des champs
Sel