maître menuisier, travaille à la cathédrale; en i5jô, Gilles Petit refait les portes du jubé.
A ces monuments de premier ordre qui donnent la mesure de notre école du Nord et
permettent d'en préciser le caractère, il convient d'ajouter une quantité de maisons de bois, les
portes et les boiseries d'églises disséminées dans la région, les meubles et les fragments réunis
par les amateurs et par les musées, enfin la série remarquable recueillie par M. Delaherche dans
le Beauvaisis. Ces échantillons sont de bois de chêne pour la plupart, d'un fort bon dessin,
enlevés d'un outil rapide, sûr de lui-même et d'une expérience consommée.
Du reste, le talent des artistes du Nord était apprécié dans tous les ateliers de France et de
l'étranger. Déjà, en 1465, le chapitre de Rouen envoie « à Apville (Abbeville), à Montreuil sur
la mer, à Hedin, à Lisle en Flandre, à Arras, à Amyens et en plusieurs lieux, pour trouver et
avoir des ouvriers de hucherie, pour abregier l'oeuvre des chaires de la cathédrale » '. Au
commencement du xvie siècle, Amé le Picard est choisi pour sculpter les figures des stalles de
Brou. En 1534-1538, Doublet d'Amiens travaille aux boiseries de Saint-Martin de Troyes. Un
des artistes les plus considérables et les moins connus de l'école de Fontainebleau s'appelait
Jehan le Roux, dit Picard2, que Vasari nomme Lorenzo Piccardo et qu'il donne comme un des
sculpteurs les plus aimés du Rosso, da lui sopra tutti gli altri amato. Enfin le sculpteur en bois
Juan Piccardo, qui travaille à Tolède en 1535, ne serait-il pas un Picard? Son confrère Philippe
Vigarny, que les Espagnols appellent Felipe Borgognone, était bien Bourguignon.
Dans la seconde moitié du siècle, le Beauvaisis a fabriqué un nombre prodigieux de coffres
communs, d'une facture généralement sommaire, hâtive et commerciale, bien connus sous le nom
de.coffres picards. Suivant une tradition, ces meubles seraient originaires de Saint-Germer, aux
environs de Beauvais ; les recherches que' M. l'archiviste de l'Oise a bien voulu faire à notre
demande n'ont fourni aucune indication sur ce prétendu centre de production et, jusqu'à nouvel
ordre, l'atelier de Saint-Germer, comme l'atelier de Saint-André dont nous parlerons plus loin,
doit être relégué parmi les légendes qui circulent dans le commerce sans aucune autorité.
Edmond Bonnaffé.
(La sUite prochainemçnt.)
NOTRE EAU-FORTE
M. W. Peters est un des artistes qui font le plus d'honneur
à la jeune école norwégienne. Peintre, aquafortiste, dessinateur,
il a exposé avec succès à plusieurs Salons de Paris et s'est fait connaître
avantageusement aux lecteurs de l'Art par ses eaux-fortes : Jour de marché,
d'après le tableau exposé au Salon de 1882 par le peintre de Christiania3, et
Intérieur de maison norwé gienne au XIII* siècle, planche exécutée pour accompagner,
en même temps que plusieurs dessins de M. Peters, l'étude écrite pour notre revue
par M. Dietrichson, professeur de l'histoire des Beaux-Arts à l'Université de Chris-
tiania'1.
Nous sommes heureux de pouvoir publier une nouvelle eau-forte inédite de
M. W. Peters d'après un de ses tableaux : Pêcheurs norvégiens au cabaret.
1. Langlois, Stalles de la cathédrale de Rouen.
1. On disait aussi Picard, dit le Roux.
3. Voir l'Art, 8* année, tome IV, page 97.
4. Voir l'Art, n° année, tome II, page 101.
A ces monuments de premier ordre qui donnent la mesure de notre école du Nord et
permettent d'en préciser le caractère, il convient d'ajouter une quantité de maisons de bois, les
portes et les boiseries d'églises disséminées dans la région, les meubles et les fragments réunis
par les amateurs et par les musées, enfin la série remarquable recueillie par M. Delaherche dans
le Beauvaisis. Ces échantillons sont de bois de chêne pour la plupart, d'un fort bon dessin,
enlevés d'un outil rapide, sûr de lui-même et d'une expérience consommée.
Du reste, le talent des artistes du Nord était apprécié dans tous les ateliers de France et de
l'étranger. Déjà, en 1465, le chapitre de Rouen envoie « à Apville (Abbeville), à Montreuil sur
la mer, à Hedin, à Lisle en Flandre, à Arras, à Amyens et en plusieurs lieux, pour trouver et
avoir des ouvriers de hucherie, pour abregier l'oeuvre des chaires de la cathédrale » '. Au
commencement du xvie siècle, Amé le Picard est choisi pour sculpter les figures des stalles de
Brou. En 1534-1538, Doublet d'Amiens travaille aux boiseries de Saint-Martin de Troyes. Un
des artistes les plus considérables et les moins connus de l'école de Fontainebleau s'appelait
Jehan le Roux, dit Picard2, que Vasari nomme Lorenzo Piccardo et qu'il donne comme un des
sculpteurs les plus aimés du Rosso, da lui sopra tutti gli altri amato. Enfin le sculpteur en bois
Juan Piccardo, qui travaille à Tolède en 1535, ne serait-il pas un Picard? Son confrère Philippe
Vigarny, que les Espagnols appellent Felipe Borgognone, était bien Bourguignon.
Dans la seconde moitié du siècle, le Beauvaisis a fabriqué un nombre prodigieux de coffres
communs, d'une facture généralement sommaire, hâtive et commerciale, bien connus sous le nom
de.coffres picards. Suivant une tradition, ces meubles seraient originaires de Saint-Germer, aux
environs de Beauvais ; les recherches que' M. l'archiviste de l'Oise a bien voulu faire à notre
demande n'ont fourni aucune indication sur ce prétendu centre de production et, jusqu'à nouvel
ordre, l'atelier de Saint-Germer, comme l'atelier de Saint-André dont nous parlerons plus loin,
doit être relégué parmi les légendes qui circulent dans le commerce sans aucune autorité.
Edmond Bonnaffé.
(La sUite prochainemçnt.)
NOTRE EAU-FORTE
M. W. Peters est un des artistes qui font le plus d'honneur
à la jeune école norwégienne. Peintre, aquafortiste, dessinateur,
il a exposé avec succès à plusieurs Salons de Paris et s'est fait connaître
avantageusement aux lecteurs de l'Art par ses eaux-fortes : Jour de marché,
d'après le tableau exposé au Salon de 1882 par le peintre de Christiania3, et
Intérieur de maison norwé gienne au XIII* siècle, planche exécutée pour accompagner,
en même temps que plusieurs dessins de M. Peters, l'étude écrite pour notre revue
par M. Dietrichson, professeur de l'histoire des Beaux-Arts à l'Université de Chris-
tiania'1.
Nous sommes heureux de pouvoir publier une nouvelle eau-forte inédite de
M. W. Peters d'après un de ses tableaux : Pêcheurs norvégiens au cabaret.
1. Langlois, Stalles de la cathédrale de Rouen.
1. On disait aussi Picard, dit le Roux.
3. Voir l'Art, 8* année, tome IV, page 97.
4. Voir l'Art, n° année, tome II, page 101.