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Leroi, Paul: Salon de 1886, [1]
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.19706#0024
SALON DE 1886
(suite)
A M. W. E. Henley,
Rédacteur en chef du « Magazine of Art », à Londres.
lie Delaunay, le grand artiste, m'avait
laissé enlever de ses cartons une étude pour
sa Diane, du Musée du Luxembourg-. Un
accident survint au clichage de ce dessin
et empêcha au dernier moment sa publica-
tion ; ce malheur s'est compliqué d'une
négligence dont je m'empresse de faire
mon meà culpà. La Diane fut remplacée par
une étude de VApollon qui décore une des
voussures de la salle des séances du Conseil
^ d'État, au Palais-Royal. Cet Apollon res-
semble peu, fort peu, aussi peu que pos-
sible à une Diane, bien que ce soit sous le
nom de la chaste déesse que ce dessin, du
faire le plus magistral, comme tous ceux
de M. Delaunay, ait paru dans le premier
volume de VArt de cette année, — à la
page 252. L'imprimerie n'y est pour rien.
J'ai à faire toutes mes excuses d'avoir oublié
de donner la nouvelle légende et de m'ètre
absenté sans avoir corrigé l'épreuve qui con-
tenait la légende erronée.
VIII
Je ne puis songer sans profonde tristesse à cette situation si grave de la peinture française
que j'ai exposée ici 2, et qu'est venue depuis accentuer violemment le vote, plus incroyable que
jamais, de ce qu'on persiste à appeler des récompenses. Je désire ne pas m'arrêter à ce scandale
émaillé de finasserie et de cynisme; les abonnés de VArt sont édifies à ce sujet; ils reçoivent
le Courrier de l'Art et y ont lu les appréciations, aussi vraies que peu flatteuses pour le Jury,
formulées dans VAmi du Peuple, de Douai, par un maître-critique, M. Maurice Gérard3.
Que si, se plaçant au seul point de vue des intérêts matériels, — ce qui n'est guère le point
de vue le plus élevé, mais un point de vue très avouable en un temps où l'idéal ne fait pas
prime, —• Messieurs de la Société des Artistes Français avaient proclamé cette règle qu'en
présence de l'inepte droit de 33 pour ioo dont sont frappées aux Etats-Unis les œuvres d'art,
aucun artiste américain ne recevrait de récompense au Salon, il n'y aurait eu mot à dire à cet
exercice rigoureux mais loyalement annoncé, d'un droit strict.
1. Voir l'Art, 120 année, tome 1°'', pages 202, 232 et 242.
2. Voir l'Art, 120 année, tome ior, page 248 et suivantes.
3. Voir le Courrier de l'Art, 6" année, page 294.
(suite)
A M. W. E. Henley,
Rédacteur en chef du « Magazine of Art », à Londres.
lie Delaunay, le grand artiste, m'avait
laissé enlever de ses cartons une étude pour
sa Diane, du Musée du Luxembourg-. Un
accident survint au clichage de ce dessin
et empêcha au dernier moment sa publica-
tion ; ce malheur s'est compliqué d'une
négligence dont je m'empresse de faire
mon meà culpà. La Diane fut remplacée par
une étude de VApollon qui décore une des
voussures de la salle des séances du Conseil
^ d'État, au Palais-Royal. Cet Apollon res-
semble peu, fort peu, aussi peu que pos-
sible à une Diane, bien que ce soit sous le
nom de la chaste déesse que ce dessin, du
faire le plus magistral, comme tous ceux
de M. Delaunay, ait paru dans le premier
volume de VArt de cette année, — à la
page 252. L'imprimerie n'y est pour rien.
J'ai à faire toutes mes excuses d'avoir oublié
de donner la nouvelle légende et de m'ètre
absenté sans avoir corrigé l'épreuve qui con-
tenait la légende erronée.
VIII
Je ne puis songer sans profonde tristesse à cette situation si grave de la peinture française
que j'ai exposée ici 2, et qu'est venue depuis accentuer violemment le vote, plus incroyable que
jamais, de ce qu'on persiste à appeler des récompenses. Je désire ne pas m'arrêter à ce scandale
émaillé de finasserie et de cynisme; les abonnés de VArt sont édifies à ce sujet; ils reçoivent
le Courrier de l'Art et y ont lu les appréciations, aussi vraies que peu flatteuses pour le Jury,
formulées dans VAmi du Peuple, de Douai, par un maître-critique, M. Maurice Gérard3.
Que si, se plaçant au seul point de vue des intérêts matériels, — ce qui n'est guère le point
de vue le plus élevé, mais un point de vue très avouable en un temps où l'idéal ne fait pas
prime, —• Messieurs de la Société des Artistes Français avaient proclamé cette règle qu'en
présence de l'inepte droit de 33 pour ioo dont sont frappées aux Etats-Unis les œuvres d'art,
aucun artiste américain ne recevrait de récompense au Salon, il n'y aurait eu mot à dire à cet
exercice rigoureux mais loyalement annoncé, d'un droit strict.
1. Voir l'Art, 120 année, tome 1°'', pages 202, 232 et 242.
2. Voir l'Art, 120 année, tome ior, page 248 et suivantes.
3. Voir le Courrier de l'Art, 6" année, page 294.