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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 12.1875

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Nr. 4
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Gonse, Louis: Les fêtes du centenaire de Michel-Ange
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https://doi.org/10.11588/diglit.21841#0391

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CENTENAIRE DE MICHEL-ANGE

AU SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION.

Florence, samedi 11 septembre 1875.

Mon cher ami,

Me voici arrivé d'une traite à Florence où vont avoir lieu, demain et les deux jours
suivants, les fêtes organisées par la municipalité en l'honneur du quatrième centenaire
de Michel-Ange. C'est un rendez-vous solennel, un grand jubilé de l'art et de l'intelli-
gence, auquel nous devons tous participer : les uns, et ce sont les heureux, en se ren-
dant à l'invitation du peuple italien, les autres, en les suivant par la pensée et par le
cœur. Au milieu du courant fiévreux et sans merci de notre vie moderne, il faut que
l'Europe tout entière tressaille devant un si grand nom et s'arrête, ne fût-ce qu'un
jour, pour saluer une si grande mémoire; il faut que tout ce qu'il y a d'éclairé et
d'intelligent en elle rende un respectueux hommage à l'une des intelligences les plus
hautes, les plus nobles, les plus puissantes qu'elle ait produites. C'est un acte de justice
et de reconnaissance qu'elle doit bien à l'artiste extraordinaire qui a fait éprouver à tant
de générations les plus fortes et les plus singulières jouissances qu'il ait peut-être été
donné à l'homme de rencontrer dans le domaine des choses de l'esprit.

Aujourd'hui arrivent en foule les étrangers, qui de Vienne, qui de Genève, qui de
Bruxelles, qui de Londres, qui de Paris. Chacun se prépare, cherche un gîte et se case
comme il peut; le Comité du Centenaire, ayant à sa tête le vénéré syndic de Florence,
M. Ubaldino Peruzzi, se multiplie et veille à tout avec une ardeur et une complaisance
des plus rares. Je ne suis point trop mal partagé; je retrouve une chambre que j'avais
louée naguère, au bord de l'Arno et près du Ponte-Vecchio.

Je me permets, mon cher ami, d'entrer sans plus larder dans le vif de mon sujet.
Que vous dirais-je d'ailleurs que vous ne sachiez aussi bien que moi? Que Florence
est toujours une ville adorable, le plus délicieux séjour qu'un dilettante de l'art
puisse rencontrer sur la terre; qu'elle est plus que jamais le sanctuaire de l'art italien,
c'est-à-dire le grand musée du xve siècle, le siècle illustre entre tous, et que, comme
Athènes, avec ses temples, ses portiques et ses places, elle reste par excellence, au
milieu de toutes nos révolutions, de toutes nos décadences, la cité charmante et
superbe, la ville des exquises jouissances, du beau parler et de la politesse infinie. Je
rencontre rue Tornabuoni, flânant comme moi devant les trésors du photographe
Allinari, M. Barbet de Jouy, l'honorable et sympathique représentant de notre Louvre,
et nous nous rendons ensemble au palais de la Seigneurie pour présenter nos respects
 
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