Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

LA PROMENADE DU P I N C I O , V U E DE LA FENÊTRE DE L’ARTISTE A L A V I L L A M É D I C I S

PAR J.-J. HENNE R

ARTISTES CONTEMPORAINS

J.-J. HENNER

(cinquième article C

Les jeunes lauréats du Grand Prix ne partent plus aujourd’hui
pour Rome avec le même enthousiasme que leurs aînés d’il y
a un demi-siècle. Les temps, certes, sont changés, les lieux
aussi sans doute, mais surtout les esprits des hommes ou, du moins,
ceux des artistes. On n’arrivait guère alors à Rome que par bateau.
Aujourd’hui le chemin de fer a supprimé la distance, et l’antique capi-
tale du monde a perdu un peu de son merveilleux depuis qu’elle parait
moins lointaine. En même temps, d’autres grandes cités ont offert
les trésors de leurs musées, enrichis de ses dépouilles, d’autres cieux
les splendeurs de leur azur, d’autres races la pureté de leur type, la
singularité de leurs mœurs, de leurs coutumes et l’exotisme de leur
décor. Mais, plutôt, la mentalité des artistes n’est plus la même.
Du haut du Pincio les regards des jeunes « Romains » restent diri-
gés vers Paris, sur les Salons et sur leurs succès trompeurs. Il y a

L V. Gazette des Beaux-Arts, 1906, t. I, p. 39, t. II, p. 393, et 1907, t. II, p. 315
et 408.