DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:Les ruines en Belgique
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0238
STATUE TOMBALE EN MARBRE DE L*EVEQUE JEAN VI SSCI! ERE (-J- 1613)
A l’église saint-martin a ypres
(détruite par le bombardement)
LES RUINES EN BELGIQUE
« Les pirates du Nord laissaient aux ruines
dos cités qu’ils ravageaient le soin de raconter
leur passage et leur vengeance. »
(.Histoire de Flandre, t. I, p. 47,)
J~e ne puis évoquer la triste image de mon pauvre pays sanglant,
meurtri, ravagé et couvert de ruines, sans que ma pensée 11e
rapproche cette vision de deuil et de larmes d’un autre tableau
dont les couleurs étaient aussi riantes que trompeuses.
C’était le 26 octobre 1910. Bruxelles était pavoisée ; la foule
encombrait les rues; un brillant cortège s’arrêtait devant l’Exposi-
tion rétrospective de l’art belge au xvnesiècle. Le sourire aux lèvres,
la main tendue vers les ministres belges qui l’attendaient, l'empe-
reur d’Allemagne descendait de la calèche où il se trouvait avec le
roi des Belges. Et aussitôt commençait son rôle de « Mécène » et
d’« ami de la paix ».
Ab! quel admirable comédien et comme il dupa, ici encore,
tous les bons Belges, loyaux et confiants!... Il eut, d’ailleurs, fallu
être bien sceptique ou très averti pour douter des sentiments de
Guillaume II après toutes ses déclarations II les prodiguait, du
reste... et si naturellement. Etiez-vous artiste? « Quelle joie de vous
rencontrer! » Savant? « Quelle bonne aubaine! » Je n’exagère pas.
C’est ainsi que, s’étant fait présenter un académicien belge, mort
A l’église saint-martin a ypres
(détruite par le bombardement)
LES RUINES EN BELGIQUE
« Les pirates du Nord laissaient aux ruines
dos cités qu’ils ravageaient le soin de raconter
leur passage et leur vengeance. »
(.Histoire de Flandre, t. I, p. 47,)
J~e ne puis évoquer la triste image de mon pauvre pays sanglant,
meurtri, ravagé et couvert de ruines, sans que ma pensée 11e
rapproche cette vision de deuil et de larmes d’un autre tableau
dont les couleurs étaient aussi riantes que trompeuses.
C’était le 26 octobre 1910. Bruxelles était pavoisée ; la foule
encombrait les rues; un brillant cortège s’arrêtait devant l’Exposi-
tion rétrospective de l’art belge au xvnesiècle. Le sourire aux lèvres,
la main tendue vers les ministres belges qui l’attendaient, l'empe-
reur d’Allemagne descendait de la calèche où il se trouvait avec le
roi des Belges. Et aussitôt commençait son rôle de « Mécène » et
d’« ami de la paix ».
Ab! quel admirable comédien et comme il dupa, ici encore,
tous les bons Belges, loyaux et confiants!... Il eut, d’ailleurs, fallu
être bien sceptique ou très averti pour douter des sentiments de
Guillaume II après toutes ses déclarations II les prodiguait, du
reste... et si naturellement. Etiez-vous artiste? « Quelle joie de vous
rencontrer! » Savant? « Quelle bonne aubaine! » Je n’exagère pas.
C’est ainsi que, s’étant fait présenter un académicien belge, mort