Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 12.1914-1916)

J.-F. SCHNERB

Entre toutes les pertes qui, au
cours de cette guerre, devaient
mettre en deuil la Gazette des
Beaux-Arts, aucune ne pouvait lui
être plus sensible que celle de l’ar-
tiste qui, après avoir été pendant
plusieurs années son administra-
teur, était resté pour elle un ami
dévoué et un collaborateur pré-
cieux. Regrets doublement cruels
quand on songe que, classé, à cause
de l’état de sa santé, dans les services
auxiliaires de l’armée, Schnerb
eût pu faire utiliser a l’arrière
Tardent désir de servir son pays
qui le poussa, dès la fin d’aoùt 1914,
à s’engager pour partir au front.
Cependant rien, dans la tournure de son esprit, ne le portait vers le
sanglant métier des armes, et, comme beaucoup, il avait gardé
jusque là le généreux espoir d’un avenir de paix, de tranquille et
féconde émulation entre artistes et savants de tous pays dans la
recherche du beau et du vrai : quelques semaines avant la guerre, il
s’employait encore à aider de ses bons offices — servant en meme
temps la gloire d’un maître qu’il admirait particulièrement, Dela-
croix — un de nos confrères d’outre-Rhin longtemps notre hôte, et
qui, à ce moment, au retour d’un nouveau séjour parmi nous,
répondait à la bienveillance et à la confiance qui l’avaient partout
accueilli en supputant les profits artistiques à retirer de notre écra-
sement dont l’espoir, de plus en plus grand, le faisait exulter : « Nous

PORTRAIT DE J.-F. SCHNERB
D*APRÈS UNE PHOTOGRAPHIE
VERS 1903