Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 12.1914-1916)

HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

(1864-1901)

« Le beau est laid, et le laid
est beau! » Ainsi vocifèrent les
trois sorcières dq Macbeth avant
de s’évanouir dans le brouillard
et l’air impur. Comme suite au
drame shakespearien, Hugo
publie à vingt-six ans son drame
de Cromwell, avec une préface
où il revendique le droit de tout
à la poésie. La muse moderne,
qu’il déclare issue du christia-
nisme, verra les choses d’un
coup d’œil plus haut et plus
large que la muse purement
épique des anciens : « Elle sen-
tira », dit le manifeste du poète,
« que tout dans la création n’est
pas humainement beau, que le
laid y existe à côté du beau, le
difforme près du gracieux, le grotesque au revers du sublime, le mal
avec le bien, l’ombre avec la lumière. » Hugo n’a pas de peine à
trouver le grotesque, le terrible, le caricatural, le déformé, le laid,
même dans l’antiquité, à travers la mythologie grecque où s’ébat-
tent les Tritons, les Satyres, les Cyclopes, les Sirènes, les Furies,
les Parques, les Harpies, et, dans l’ordre littéraire, depuis Y Iliade et
Y Odyssée, où grimacent Thersite et Vulcain, où apparaît la face
monstrueuse de Polyphénie, jusqu’au comique d’Aristophane. Il doit,
toutefois, marquer l’atténuation qui laisse la jeunesse et la grâce
aux Parques et aux Harpies, qui fait de; Furies les Euménides bien-
faisantes. Il a plus beau jeu avec Dante, Rabelais, Shakespeare,

Photo Manzi Joyant.
CHANTEUSE ANGLAISE
DU * STAR » DU HAVRE
PEINTURE

PAR H. DE TOULOUSE-LAUTREC
(Collection de M. M***.)

XII.

4° PÉRIODE.

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