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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

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Nr. 1
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Clément-Janin: Bibliophilie: M. Bernard Naudin et l'illustration de "l'homme qui a perdu son ombre"
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https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0101

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BIBLIOPHILIE

M. BERNARD NAUDIN

ET L’ILLUSTRATION DE « l’hOMME QUI A PERDU SON OMBRE»

e ne suis pas bien certain que M. Bernard Naudin soit un illustra-
teur. Il possède de l’illustrateur plusieurs qualités, notamment
l’esprit, qui en est une des plus importantes, car que serait une
illustration dont les personnages et même les accessoires ne
montreraient pas cette justesse et cette finesse d’observation,
ainsi que cet à-propos dans l’ordonnance, qui constituent
l’esprit d’un dessin?MaisM. Naudin me parait manquer de la dépendance requise.
Il ne se subordonne pas. Il ne suit pas l’écrivain dans ses développements; il
évite manifestement ses descriptions; il recherche le style à travers le pitto-
resque. En un mot, sa personnalité prime celle de l’auteur, la recouvre, la
cache! C’est comme la musique de Rameau sur les vers de l’abbé Pellegrin !
Je sais bien que telle est la tendance de l’illustration moderne, dont Rodin a
fourni le type dans les Fleurs clu Mal et le Jardin des Supplices. Il ne s’agit plus
d’interpréter un texte, mais d’exprimer parallèlement une pensée plastique
sur le sujet traité. C’est, à tout prendre, encore une dépendance, puisque
l’artiste reçoit de l’écrivain la secousse créatrice. Néanmoins, ce n’est plus
l’illustration traditionnelle, qu’Edouard Pelletan avait définie « le commentaire
d’un texte et la décoration d’une page », et il semble qu’une dénomination
spéciale, autre qu’illustration, serait ici nécessaire.

En attendant que le mot soit trouvé, qui distinguera les parallélistes
(O. Redon, Maurice Denis, Bonnard, Rodin) des décorateurs (autre catégorie, dont
MM. Bellery-Desfontaines, Grasset, Caruchet et Giraldon sont ou furent les plus
notoires représentants) et des illustrateurs (Rochegrosse, Malo-Renault, Steinlen,
Aug. Leroux, Lepère, Jeanniot, etc.), dans quel groupe rangerons-nous M. Bernard
Naudin? Il est à mi-chemin entre les illustrateurs et les parallélistes. Le pitto-
resque du récit n’est pas ce qui le détermine, à l’encontre des illustrateurs
que l’anecdote emporte; il est plus séduit par le type et par le caractère. Il écrit,
de son crayon, une glose qui est, à proprement parler, sa façon de revoir et de 1

1. Chamisso, L’Homme qui a perdu son ombre, 15 eaux-fortes originales de Bernard
Naudin. Tirage à 100 exemplaires dont 1 avec tous les essais, les états et les dessins
originaux (app. à la Bibliothèque d’art et d’archéologie), 9 sur vieux Japon et 15 sur
Japon impérial avec suite des premiers états et des états terminés, plus 15 sur Hollande,
avec l’état terminé. Prix (sauf le n° 1) 600, 500 et 300 fr. A. Peignot, 7, quai Voltaire.
 
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