Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 12.1914-1916)

PEINTRE S-GRAVE ERS CONTEMPORAINS

ROGER GRILLON

Poitiers, ville d’Université et de
couvents, consommatrice de Pandectes,
glossaires et missels, est un paradis de
l’art du Livre et Roger Grillon n’eût
songé à mieux qu’à diriger la maison
de lithographie de son père, si ses
aspirations se fussent bornées à la
délectation des beaux caractères, des
ex-libris et des culs-de-lampe. Il dé-
barque à l’Ecole des Beaux-Arts avec
une modeste culture, bon artisan épris
d’imitation, dans d’excellentes condi-
tions pour connaître les succès sco-

PORTRAIT D’ENFANT # , ,

par m. roger grillon laires. Mais vite il souffre de cet ensei-

gnement dogmatique, de ces correcteurs
trop souvent dédaigneux. Son malaise s’accroît des sarcasmes de
camarades : Marquet, Gublin, Linaret, Matisse, dont la manière
japonisante séduisait. Ce n’étaient pas les louanges de l’art officiel
qui se célébraient dans ce cénacle. M. Grillon sentit le divorce pro-
fond entre l’École et le courant artistique moderne. Dès lors la car-
rière ne lui apparaît plus comme un fonctionnarisme tranquille, où
la docilité est périodiquement récompensée par un échelon de la
hiérarchie, mais comme une lutte pour découvrir quelques parcelles
de vérité et de beauté, sans merci contre l’ineptie, la routine, les
lâches concessions.

Il se complaît d’abord à des recherches d’enveloppe, d’intimité,
d’émotion contenue. Ses pèlerinages sont aux Vénitiens du Louvre,
à la salle Caillebotte, à Whistler. Ses sujets : femmes dans leur bou-