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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 12.1914-1916

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Nr. 3
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Bertaux, Émile: Nos morts
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https://doi.org/10.11588/diglit.24914#0191

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NOS MORTS

Héros qui avez été versés en masse
dans la terre comme du blé...

(P. Claudel, Trois Poèmes de
Guerre, III.)

n ce mois de juin 1916, où la Gazette des Beaux-Arts peut

enfin reprendre la suite du semestre interrompu en août 1914,

il n’est pas d’amis qui se retrouvent, après une longue sépa-
ration, sans se regarder un moment en silence, avant d’oser se
demander l’un à l’autre : « De qui portez-vous le deuil? »

Devant notre page encadrée de noir, nos amis nous posent la
même question. Le douloureux honneur de leur répondre revient à
l’ancien qui a pu vivre de la vie des jeunes hommes partis à la
guerre et habiter la zone où tant de ses cadets et tel de ses aînés
ont rencontré la mort.

Le premier de nos collaborateurs tués à l’ennemi est aussi le
premier des représentants du peuple dont la place, dans l’hémicycle
du Palais-Bourbon, a été voilée d’un crêpe où l’écharpe tricolore
retombe comme la cravate d’un drapeau. Pierre Goujon, député de
l’Ain1, était en Lorraine quelques jours après la mobilisation.

Elevé par son père, le sénateur Etienne Goujon, dans le culte
familial de Jules Ferry, il n’avait jamais, depuis les débuts de sa
vie politique, détourné son attention de la frontière. Après avoir
voté la « loi de trois ans », qui assurait la « couverture » de l’Est, il
se représenta en avril 1914 devant ses électeurs et leur parla avant
tout des « menaces formelles et visibles de l’Allemagne ». Il fut des
parlementaires dont la déclaration de guerre ne surprit ni la clair-
voyance, ni la décision.

1. Né à Paris le 31 août 1875.

*

* *

XII.

4' PÉRIODE.

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