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Bonnaffé, Edmond: L' art du bois: les écoles franҫaises au XVIe siècle, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19706#0132
L'ART DU
BOIS
LES ÉCOLES FRANÇAISES AU XVI" SIÈCLE
Quand nous avons publié dans l'Art1 une
première étude sur l'Art du bois en France au
XVIe siècle, nous avons promis de revenir plus tard
sur chaque école régionale, de faire en un mot la
géographie dti meuble.
Cette géographie n'est possible qu'au xvie siècle.
Avant cette époque, les monuments authentiques sont
trop rares pour autoriser un classement par écoles.
Plus tard, les modes parisiennes exercent une telle
influence sur la fabrication provinciale, qu'il devient
presque impossible de distinguer les provenances.
Mais, de Louis XII à Henri IV, les types sont encore
relativement assez nombreux, la fabrication locale
conserve son individualité; dès lors, un groupement
méthodique n'a rien d'impraticable.
Ce groupement repose, nous l'avons dit précé-
demment, sur diverses catégories de témoignages :
i° Les meubles communs, courants, fabriqués
sur place, que leur médiocrité même a protégés contre
les convoitises des amateurs et les restaurations com-
promettantes ;
2° Les beaux échantillons, les spécimens de luxe,
dont quelques-uns conservent une généalogie correcte ;
3° Les boiseries civiles et religieuses, portes, lambris, plafonds, stalles d'églises, etc., qui
font partie de monuments encore existants et portent ainsi leur certificat d'origine ;
4° Les indications recueillies dans les inventaires et les archives.
A l'aide de ces documents, nous allons essayer de reconstituer l'histoire, la physionomie et
le caractère de chacune de nos grandes écoles aù xvie siècle.
NORD
La famille du Nord comprend deux groupes principaux : le groupe flamand, c'est-à-dire la
Flandre française, le Hainaut et l'Artois, et le groupe picard. Le premier a trop longtemps fait
partie de l'ancienne Flandre et subi son infiltration permanente, pour avoir une école bien indi-
viduelle ; ses puissants maîtres l'ont pénétré jusqu'au cœur. Tous les spécimens recueillis dans la
région lilloise et fabriqués sur place, comme la grande armoire de l'hôpital Comtesse, à Lille,
et les meubles conservés dans les collections privées, pourraient aussi bien sortir des fabriques
d'Oudenarde ou de Gand.
Au xvie siècle, on cite, parmi les maîtres lillois, Jacques Hallevin (i5o5), les Mollet (i523-
1558), qui fabriquent les meubles de l'hôtel de ville; Pierre de Monchy et François Sprale (1549).
Les anciens comptes mentionnent encore, à Arras, Huchon et Nys Massin (1497), qui travaillent
aux stalles de l'abbaye de Saint-Bertin ; Nicolas de Roisnel (i522); — à Béthune, Florent et
1. Voir l'Art, 5" année, tome IV, page 265.
BOIS
LES ÉCOLES FRANÇAISES AU XVI" SIÈCLE
Quand nous avons publié dans l'Art1 une
première étude sur l'Art du bois en France au
XVIe siècle, nous avons promis de revenir plus tard
sur chaque école régionale, de faire en un mot la
géographie dti meuble.
Cette géographie n'est possible qu'au xvie siècle.
Avant cette époque, les monuments authentiques sont
trop rares pour autoriser un classement par écoles.
Plus tard, les modes parisiennes exercent une telle
influence sur la fabrication provinciale, qu'il devient
presque impossible de distinguer les provenances.
Mais, de Louis XII à Henri IV, les types sont encore
relativement assez nombreux, la fabrication locale
conserve son individualité; dès lors, un groupement
méthodique n'a rien d'impraticable.
Ce groupement repose, nous l'avons dit précé-
demment, sur diverses catégories de témoignages :
i° Les meubles communs, courants, fabriqués
sur place, que leur médiocrité même a protégés contre
les convoitises des amateurs et les restaurations com-
promettantes ;
2° Les beaux échantillons, les spécimens de luxe,
dont quelques-uns conservent une généalogie correcte ;
3° Les boiseries civiles et religieuses, portes, lambris, plafonds, stalles d'églises, etc., qui
font partie de monuments encore existants et portent ainsi leur certificat d'origine ;
4° Les indications recueillies dans les inventaires et les archives.
A l'aide de ces documents, nous allons essayer de reconstituer l'histoire, la physionomie et
le caractère de chacune de nos grandes écoles aù xvie siècle.
NORD
La famille du Nord comprend deux groupes principaux : le groupe flamand, c'est-à-dire la
Flandre française, le Hainaut et l'Artois, et le groupe picard. Le premier a trop longtemps fait
partie de l'ancienne Flandre et subi son infiltration permanente, pour avoir une école bien indi-
viduelle ; ses puissants maîtres l'ont pénétré jusqu'au cœur. Tous les spécimens recueillis dans la
région lilloise et fabriqués sur place, comme la grande armoire de l'hôpital Comtesse, à Lille,
et les meubles conservés dans les collections privées, pourraient aussi bien sortir des fabriques
d'Oudenarde ou de Gand.
Au xvie siècle, on cite, parmi les maîtres lillois, Jacques Hallevin (i5o5), les Mollet (i523-
1558), qui fabriquent les meubles de l'hôtel de ville; Pierre de Monchy et François Sprale (1549).
Les anciens comptes mentionnent encore, à Arras, Huchon et Nys Massin (1497), qui travaillent
aux stalles de l'abbaye de Saint-Bertin ; Nicolas de Roisnel (i522); — à Béthune, Florent et
1. Voir l'Art, 5" année, tome IV, page 265.