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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 2)

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Latour, Alexandre de: Les musées américains, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19706#0232

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202

L'ART

cité que Ton est habitué à considérer moralement comme une seconde capitale fédérale de la
grande république américaine.

III

L eût été aussi glorieux qu'aisé pour le Metropolitan
Muséum of Art de rayonner sur toute l'Union, à l'exemple
du South Kensington Muséum, de Londres, dont la civi-
lisatrice mission a rendu et continue à rendre tant et de si
utiles services en Angleterre, en Ecosse, en Irlande ; mais
cette mission, qui, dans la pensée de ses principaux fonda-
teurs, devait être également celle du Metropolitan, a, chaque
jour, été de plus en plus oubliée, grâce à l'incapacité notoire
de la direction actuelle, et c'est tout à fait à bon droit que
M. Ripley Hitchcock décrit, avec infiniment de talent,
l'éclatant succès des progrès artistiques que réalise, au con-
traire, à pas de géant, l'Ouest des Etats-Unis, en dehors de
toute influence new-yorkaise.

IV

Ecoutez-le. Rien de plus éloquent que son préambule.
On ne saurait retracer avec une plus brillante concision de
plus magnifiques, de plus rapides triomphes civilisateurs :

Là où des hommes actuellement en vie se souviennent que les vignes
de Nicholas Longworth couvraient le sommet des collines qui dominent
Cincinnati, s'élève un vaste Musée d'art ; on va, en outre, y ériger,
comme annexe, une Ecole d'art plus généreusement dotée qu'aucune
autre dans notre pays. A Saint-Louis, où des marchands français con-
centraient leurs pelleteries depuis le commencement du siècle, un nouveau
Musée des Beaux-Arts complète l'œuvre d'une école dont les élèves profitent des derniers enseignements de South
Kensington et des centres artistiques allemands aussi bien que des leçons académiques de Paris. Chicago, où vivent
encore des citoyens qui ont attendu impatiemment le départ des Indiens, construit pour son Institut d'Art un nouveau
Musée. L'argent est prêt pour l'érection de Musées à Milwaukee et à Détroit. La Société des Beaux-Arts de Minneapolis
a établi une Ecole d'art de proportions colossales. Le « premier blanc mâle » né dans le Kansas est administrateur de
l'Association artistique d'Etat — State Art Association — et des hommes qui ont combattu pour « l'indépendance du sol »
collectionnent des reproductions autotypiques et des moulages. Ces simples faits ont leur éloquence propre et les asso-
ciations artistiques, les expositions et les conférences de moindres villes, au cœur même de l'Ouest et au delà, leur font
écho. L'histoire y conserve la mémoire du temps où l'on traquait les Peaux-Rouges à moins d'être traqué par eux, où
l'on abattait les forêts, où l'on défonçait les prairies; elle raconte le merveilleux accroissement de l'agriculture, du
commerce et de l'industrie, èt la prospérité qui en est résultée.

Mais du développement de la plus abstraite de toutes les idées, le sentiment artistique, bien peu de chose a été dit.
Et voilà maintenant que tout à coup il devient manifeste que, parmi les phases successives de la formation constitutive
de ce que nous appelons l'Art Américain, il n'est rien d'aussi actif que le mouvement dont les progrès se déroulent
parmi nos populations de l'Ouest.

Si cet extrême intérêt pour l'art se manifestait seulement sous forme d'achat de peintures de grand prix pouf des
collections privées et sous forme de spécimens luxueux d'architecture pour résidences privées, la signification en serait
de bien moindre importance; ce sont là les compagnons ordinaires de la prospérité et trop souvent les signes extérieurs
et visibles d'une théorie d'art à l'usage exclusif d'un petit nombre de favorisés. Mais le mouvement artistique dans
l'Ouest est l'expression d'une idée plus large et plus saine. Certains de nos législateurs de l'Ouest ont défendu violem-
ment les trente pour cent de droits sur les œuvres d'art, sans doute dans la ferme croyance que l'art est un luxe
extravagant. Mais entre temps les électeurs de ces Messieurs ont témoigné de leur conviction que non seulement l'art
est une source de joie pour le plus grand nombre, mais qu'il a de plus une telle valeur pratique qu'il mérite qu'on lui
consacre beaucoup d'argent et de temps. C'est l'œuvre qui a été entreprise par une armée de citoyens sans aucune
pensée d'avantage particulier. Ces Musées et ces Ecoles, créations du peuple, sont pour le peuple, tout au moins en
théorie. Il se produira des erreurs décourageantes et des tâtonnements expérimentaux, absolument comme il y a eu des
Musées qui sont devenus de simples magasins de curiosités et des Ecoles asservies par la routine. Mais l'Ouest est
progressif, ardent à apprendre, et résolu à tirer profit des mécomptes antérieurs. Ses sérieux débuts sont la réalisation
partielle de plans ambitieux.
 
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