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Michel, Émile: Les dessins de Rembrandt, [2]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0107
LES DESSINS DE REMBRANDT. 89
Les exemples abonderaient; nous devons nous borner. Voici des intentions bien fugitives,
bien délicates à saisir, mais écrites avec une évidence souveraine : une femme épuisée par la
souffrance, minée par la fièvre, haletante et rêveuse dans son lit; une autre qui réfléchit, tout
entière à ses méditations; un vieillard enveloppé dans une houppelande, qui prête l'oreille à un
interlocuteur qui le presse de se décider, mais il reste sur la réserve et ses traits fins, toute sa
pose indiquent la prudence d’un homme circonspect qui ne se rendra qu'à bon escient. Laban
présente Lia, sa fille, à Jacob (Cabinet du duc de Devonsh’re) avec le désir manifeste de la lui
faire épouser, et son air avenant contraste avec la réserve pudique de la jeune fille. Dans la
L’Ange annonçant a Manué la naissance de Samson.
Reproduit dans le recueil : Original Drawing by Rembrandt Van Rijn. — (Musée de Berlin.)
Bénédiction de Jacob (Musée de Stockholm), la mère, heureuse de voir son préféré substitué à
son aîné, sourit avec satisfaction, tandis qu'avançant ses mains défaillantes, le patriarche hésite
encore à prononcer les paroles solennelles. On reste étonné que, dans un croquis aussi sommaire
que celui de l’Ange apparaissant à Joseph (Cabinet de Berlin), la déférence respectueuse avec
laquelle ce dernier écoute l’ordre qui lui est transmis soit si nettement exprimée, et il n’est
pas possible de marquer mieux que dans les deux dessins de l’Albertine et du Musée de Stock-
holm la contenance de Pilate abandonnant le Christ au peuple, tout en voulant dégager sa
responsabilité à cet égard.
Rembrandt, il convient de le redire, est donc un dessinateur très expressif et très personnel ;
Tome XLIX. j.
Les exemples abonderaient; nous devons nous borner. Voici des intentions bien fugitives,
bien délicates à saisir, mais écrites avec une évidence souveraine : une femme épuisée par la
souffrance, minée par la fièvre, haletante et rêveuse dans son lit; une autre qui réfléchit, tout
entière à ses méditations; un vieillard enveloppé dans une houppelande, qui prête l'oreille à un
interlocuteur qui le presse de se décider, mais il reste sur la réserve et ses traits fins, toute sa
pose indiquent la prudence d’un homme circonspect qui ne se rendra qu'à bon escient. Laban
présente Lia, sa fille, à Jacob (Cabinet du duc de Devonsh’re) avec le désir manifeste de la lui
faire épouser, et son air avenant contraste avec la réserve pudique de la jeune fille. Dans la
L’Ange annonçant a Manué la naissance de Samson.
Reproduit dans le recueil : Original Drawing by Rembrandt Van Rijn. — (Musée de Berlin.)
Bénédiction de Jacob (Musée de Stockholm), la mère, heureuse de voir son préféré substitué à
son aîné, sourit avec satisfaction, tandis qu'avançant ses mains défaillantes, le patriarche hésite
encore à prononcer les paroles solennelles. On reste étonné que, dans un croquis aussi sommaire
que celui de l’Ange apparaissant à Joseph (Cabinet de Berlin), la déférence respectueuse avec
laquelle ce dernier écoute l’ordre qui lui est transmis soit si nettement exprimée, et il n’est
pas possible de marquer mieux que dans les deux dessins de l’Albertine et du Musée de Stock-
holm la contenance de Pilate abandonnant le Christ au peuple, tout en voulant dégager sa
responsabilité à cet égard.
Rembrandt, il convient de le redire, est donc un dessinateur très expressif et très personnel ;
Tome XLIX. j.