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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Chennevières, Henry de: Exposition universelle de 1889: cent ans de gravure (1789 - 1889), [IV]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0192

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L’ART.

mérite de la composition. Il faut entendre par composition
la science pratique de tirer d’un sujet donne tout le parti
d’expression pittoresque susceptible d’en être extrait. Aux
antipodes de Gustave Doré, Meissonier est le compositeur
nerveux par excellence ; on n’est ni moins inventeur, ni
plus admirable arrangeur de riens ! Doré s’arrêtait à des
intentions perpétuelles vraiment trop sommaires et
dépourvues des scrupules d’une exécution suffisante ; le
propre de Meissonier est, au contraire, de forcer son
inflexible dessin au rôle de suprême disposeur. L’un com-
promettait ses merveilleuses trouvailles de génie par la
négligence, peut-être inconsciente, de sa facture; l’autre
en arrive à faire oublier son manque d’imagination avec
sa rigueur de présentation de lignes et de modelé absolu-
ment extraordinaire. Raffet eut ce double lot de par la
nature et le travail. Aussi l’a-t-on copié, plagié même, avec

un zèle excessif. Tous nos peintres militaires actuels lui
sont redevables en partie de leurs pages les plus heureuses,
et telle grande médaille d’honneur toute récente pourrait se
réclamer de sa Revue nocturne ou de son Réveil. Le carac-
tère de la facture lithographique de Raffet est d’une dou-
ceur très ferme. Une particularité notable différencie ses
portraits du Voyage au Caucase du procédé commun de
la pierre. Il en arrive, à force de souplesse de touche, à
faire disparaître l’apparence même du grenu inhérent au
genre et tant soit peu immobilisant de sa nature ; la sur-
prise est alors d’avoir le trompe-l’œil du crayon direct,
comme s’il s’agissait de dessins sur papier ordinaire,
question de presse mise à part. Impossible d’être plus
lithographe et moins lithographe en même temps ! Horace
Vernet compte aussi un œuvre de pierres originales de deux
cents pièces. Le catalogue en fut dressé, à la date de 1826,

BlSBæfS

Combat d’Oued-Alleg (3 i décembre i 8 3g').

« Le colonel Changarnier ayant formé les deux bataillons du 2e léger en colonne par division, les lance au pas de course sur l'infanterie régulière arabe.
Le maréchal Yalée, à la tète du i«r de chasseurs, appuya le mouvement. L’ennemi, culbuté, ne trouva de salut que derrière la Cbift'a... »

Lithographie de Raffet.

par L. M. Bruzard, ce même amateur déjà cité comme
historien, un instant problématique, de la lithographie.

Célestin Nanteuil. — A-t-on souvenir d'avoir lu dans
les Critiques d’art et de littérature, de Clément de Ris,
une bien riante description du Bougival des Leleux, de
Français, de Baron et de Célestin Nanteuil? La rondeur
alerte et facile du délicat écrivain y met en scène les cano-
tages et jardinages de toute la bande. Ce n’est pas du tout
la bohème aux champs, c’est une ruche de gais travailleurs
réfugiés à mi-chemin entre Paris et la nature. Le plus pé-
tillant et pétulant de la colonie se trouvait être Nanteuil,
alors en pleine poussée de peinture. Les chansons rus-
tiques de Français le ramenèrent plus tard sur la voie
du paysage, mais une circonstance vint décider tout à
coup de la direction plus spéciale de ses travaux. Présenté
à Victor Hugo et devenu l’un des fidèles du salon de la
rue Notre-Dame-des-Champs, il avait le rare bonheur, au

printemps de i S ? 6, de pouvoir accompagner le poète en
un voyage de deux mois en Normandie. Il n’en fallait pas
tant pour attacher à jamais au romantisme un esprit de
trempe essentiellement fantaisiste. De cette excursion,
Victor Hugo rapporta le premier germe du type du Don
César de Bazan, de Ruy Blas, inspiré par l’humeur à sail-
lies superbes de son compagnon, et Nanteuil en revint
avec la théorie bien nette des mots et des formes du ro-
mantisme. Ce fut alors un brusque éveil de toutes les
forces imaginatives de l’artiste et de leur besoin d’applica-
tion et de profusion. La lithographie se présenta tout
naturellement comme le mode le plus immédiat et rapide
d’exécution. Dès 1833, Nanteuil s'était d’ailleurs essayé à
la pratique par des encadrements pour les Voyages dans
l’ancienne France, du baron Taylor. Sans trahir l’eau-
forte, ni renier les succès dus aux grâces de l’acide lors de
ses premières illustrations des romans contemporains,
Nanteuil recourut à la lithographie en fantaisiste délibéré,
 
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