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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Méreu, Honoré: Le dôme d'Orvieto, [XII]=Fin
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0221

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LE DOME D'ORVIETO.

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vieto le peintre préféré d'Alexandre VI. Seulement, Pinturicchio se déchargea sur ses élèves
du soin de faire les peintures de l’abside et les administrateurs se fâchèrent. Ils trouvèrent qu’on

ne leur en donnait pas pour leur argent et que les Evangélistes peints par les disciples de

Pinturicchio étaient au-dessous de la réputation de ce peintre. Borgia daigna adresser une lettre
particulière au conseil et à la commune d’Orvieto pour justifier l’absence de Pinturicchio, alors
occupé au Vatican. En effet, au mois d’avril de l’année 1493, il était définitivement arrivé à
Orvieto et l’on finit par être content de lui, si bien qu’en 1496 il contracta un nouvel engage-
ment avec la commune d’Orvieto pour terminer les figures des docteurs, à la grande tribune, au
prix de 5o ducats, sans préjudice de 6 mesures de blé par mois et du vin à discrétion pendant
toute la durée des travaux.

Le 22 novembre 1565, Niccolo Cirugnani, dit le Pomarancio, reçut la commande d’un pan-
neau représentant le Miracle de la piscine probatique et ce pour le prix de 100 écus. Deux ans
après, Nebbia, peintre d’Orvieto, qu’on dit élève de Muziano, sollicita des administrateurs de
l’Œuvre l’honneur de faire un tableau pour le Dôme et il poussait la modestie professionnelle

jusqu’à promettre sur caution de surpasser le Pomarancio et à n’exiger pour salaire que 4 écus

par mois. Ce n’était cependant qu’une gageure ; car, plus tard, lorsque Nebbia fut chargé de
peindre, sur un panneau, le drame du Calvaire et de décorer la chapelle à laquelle ce panneau
était destiné, on lui octroya 23o écus en monnaie d’Orvieto. Du reste, il paraît bien que ce
Nebbia était un gâte-métier et travaillait beaucoup pour la gloriole; en 1584, ^ présenta un
projet pour compléter les mosaïques de la façade : il demandait pour lui et pour ses associés
2 écus d’or pour chaque palme, alors que les Vénitiens, alors incomparables en cet art, ne
travaillaient pas à moins de 5 ou 6 écus d’or par palme.

Federico Zucchero devait recevoir 400 écus pour deux tableaux représentant la Résurrection
du fils de la Veuve et la Guérison de l’aveugle. Ippolito Scalza, élève de Michel-Ange, ne put
obtenir que 5 écus par mois pour avoir travaillé pendant quatre mois à la statue de saint
Sébastien. Le même Scalza demanda, en 1567, de remplacer Raffaele da Montelupo, qui venait
de mourir, en qualité de premier contremaître de la fabrique, et se serait contenté de 200 écus
par an : il dut se contenter de 100 écus et, après neuf années de service, il obtint à grand’peine
un supplément de 40 écus par an. La statue de saint Philippe fut payée 65o écus à Mochi, son
auteur. Jean Bologne, honoré du titre de famosissimo scultore dans les registres de l’oeuvre,
avait touché 600 écus pour son saint Mathieu. Les travaux de Francesco Mosca, dit le Moschino,
à la chapelle en marbre de l’Adoration des Mages, furent taxés, d’accord avec son père, Simon
Mosca, à 3e5 écus. Cela se passait en 1546. Six ans après, le Moschino avait terminé la chapelle
de la Visitation, qui fait pendant à celle des Mages, et demanda à être payé; mais on ne tomba
pas d’accord. C'est alors que les administrateurs eurent l’idée d’appeler Michel-Ange comme
arbitre, mais il ne semble point que le peintre de la Sixtine eût une inclination très prononcée
pour les fonctions d’expert; on dut remettre la conclusion du différend à une commission arbi-
trale nommée sur place par les parties.

Les chiffres que je viens de citer suffisent amplement pour juger de quelle façon étaient
rémunérés les artistes à l’époque de la Renaissance.

H. Mereu.
 
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