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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Michel, Émile: Le musée de Brunswick, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0239

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210

L’ART.

laquelle on trouverait peu d’analogues dans l’oeuvre du
peintre. Comme pour en compléter encore le charme,
l’ami Van de Velde y a semé, çà et là, plusieurs petites
figures : une femme qui, revenant du travail, se repose au
bord de la route; une autre qui gravit lentement la pente
et un promeneur qui descend du hameau avec son chien.

L’aimable pays, et qu’il faisait bon, loin des agitations
de la ville, vivre dans cette douce retraite ! Plus d’une
fois, sans doute, Ruisdael y est revenu, car dans maint
paysage, dans le monastère de la Galerie de Dresde, par
exemple, on retrouve bien des traits empruntés à cette
contrée si pittoresque, si bien coupée, avec les sinuosités
de ses bois, ses terrains accidentés, ses eaux courantes ou

ses étangs solitaires, endormis dans les plis des vallées.
On aimerait à connaître, à parcourir ce pays privilégié, à
comparer la réalité elle-même avec les traductions de son
éloquent interprète; à rechercher ses traces, comme on
retrouve celles de Van de Velde à Scheveningue, ou bien
à Dordrecht et à Harlem celles de Cuyp et de Van Goyen.
Il semble que jamais plus pures et plus fortes impressions
n’ont pénétré l’âme de Ruisdael et la poésie de cette page
charmante reste une de ses inspirations les plus exquises.

Malgré tout, l’attrait principal du Musée de Brunswick,
le peintre qui y règne en maître, c’est Rembrandt, avec six
ouvrages qui caractérisent heureusement diverses époques
de son activité; depuis les deux portraits d’un ménage

hollandais, exécutés par lui au début de sa carrière,
en 163 i et 16 3 3, jusqu’au grand Portrait de famille, qui
appartient aux dernières années de sa vie et dont M. Mor-
dant a donné ici-même une si fidèle traduction L Pour la
période intermédiaire, il faudrait encore citer la touchante
composition de Madeleine aux pieds de Jésus et le saisis-
sant aspect des Approches de l’orage. Ce sont évidemment
là des œuvres qui mériteraient de nous arrêter longue-
ment, mais nous avons eu ailleurs l’occasion d’en parler1 2,
aussi bien que des tableaux de prédécesseurs de Rem-
brandt, comme le Portrait de famille, de J. van Ravesteyn,

1. Voir l’Art, 12“ année, tome Ior, page 116.

2. Voy. la Revue des Deux-Mondes : Rembrandt dans les
Musées de Cassel, de Brunswick et de Dresde, 1" octobre 1879, et
le volume : Rembrandt, de la Collection des Artistes célèbres.

et les trois compositions empruntées à la Bible ou à la
Fable, par Lastman, son maître. Ajoutons-y encore le
Sacrifice d’Abraham, de Lievens, son ami, et deux
ouvrages remarquables de ses élèves, le Saint Pierre dans
la maison de Corneille, de Bernard Fabritius, et le Tobie
et sa fiancée, dans lequel F. Bol s’est certainement inspiré
de la Danaé de Rembrandt, à l'Ermitage.

On le voit, sans parler de la ville elle-même, de ses
maisons et de ses monuments pittoresques, le Musée de
Brunswick mérite la visite de tous ceux qui s’intéressent
aux arts et ils ne sauraient y avoir de guide plus sûr que
M. Riegel. Quant à ceux qui en connaissent déjà les
richesses, c’est en feuilletant le bel ouvrage que ce dernier
leur a consacré qu’ils en raviveront le mieux en eux le
souvenir. Emile Michel.
 
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