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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 2)

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Gabillot, Cyrille: Le musée Guimet et les religions de l'Extrème-Orient
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https://doi.org/10.11588/diglit.25870#0293

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LE MUSÉE GUI MET ET LES RELIGIONS DE L’EXTRÊME-ORIENT.

dans ce cas, Bénarès surtout, la ville sainte de toutes les
sectes. Le Gange lui-même est par excellence la rivière
sacrée , le fleuve des dieux , qui coule dans les trois
mondes Ç et la coutume du suicide par immersion dans
ses eaux purifiantes n’a pas encore entièrement disparu
aujourd’hui. Parmi les lieux saints, le plus fréquenté,
après Bénarès, est le sanctuaire de Vishnou Jagannàtha,
(Vishnou maître du monde), à Pourî, en Orissa. Environ
20,000 personnes vivent de ce sanctuaire, et le nombre
des pèlerins s’élève souvent par année jusqu’à 3oo,ooo.
A la principale fête, la Rathayàt' a, la sortie du char, qui
a lieu en juin, les statues de Vishnou, de Paraçou-Ràma
et de Sîtâ sont traînées tumultueusement par la foule, sur
d’énormes chars, sous les roues desquels de nombreux
fanatiques se font écraser pour renaître dans une existence
supérieure. Rien ne montre mieux que ces pèlerinages
combien est vif le sentiment religieux chez l’Indou et
combien ce peuple est encore attaché à ses vieilles reli-
gions.

La première salle du Musée Guimet est divisée, par la
disposition des vitrines, en trois parties, dont la première
est consacrée au culte néo-brâhmanique 1 2.

Au centre de cette partie, un bronze indien, d’un beau
travail, et assez ancien, représentant Lakshmî, debout
sur un lotus; remarquer la longueur des bras, signe carac-
téristique de la beauté dans l’Inde. — Sur l’un des côtés,
un très beau bronze à cire perdue, ancien également, repré-
sentant Çiva; le dieu est entouré d’un cercle de flammes ;
sa longue chevelure est dénouée, et porte un croissant de
lune et la déesse Ganga ; il a quatre bras, tient dans l’une
de ses mains gauches le feu, dans l’une de ses droites un
tambour entouré d’un serpent. — Plus loin, un autre,
Çiva en marbre avec le taureau Nandi. — Parvatî en granit

1. Le Rishi Vashista, dans le Râmâyana, obtint de Brahma, par
ses incantations, que la Ganga, qui coulait dans le ciel, descendrait
sur la terre, pour ranimer les cendres de ses fils massacrés ; mais
comme la chute de cette masse d’eau aurait broyé la terre, Çiva, à
contre-cœur, la reçut sur sa tête, où elle resta emprisonnée dans son
immense chevelure. Au bout de plusieurs siècles, de nouvelles aus-
térités fléchirent Çiva, qui abaissa une de ses boucles, d’où la Ganga
s’écoula sur la terre et forma les sept fleuves sacrés du nord de
l’Inde dont fait partie le Gange. C’est pourquoi on représente sou-
vent Çiva avec une statue de la Ganga dans les cheveux.

2. Nous rappelons que le Védisme et le Brâhmanisme n’avaient
pas de temples et probablement pas d’idoles. Les figures de cette
salle sont donc de l’époque néo-brâhmanique.

2ÔI

tenant un chapelet de lingas.— Près de la porte, Vishnou,
couché sur le serpent Çésha (qui a ici cinq têtes ; il en a
quelquefois sept) ; à ses pieds un lotus ; le socle porte des
peintures sur talc représentant des personnages mytholo-
giques, entre autres Ràvana.

Dans une vitrine consacrée à Brahma se voient un
grand nombre de débris de ces chars, sur lesquels les
1 ndous transportent leurs idoles ; les figures en bois sculpté
représentent différentes divinités telles que Brahma, Agni,
Indra. Brahma a quatre bras et quatre têtes; il devrait
avoir cinq têtes, mais dans une discussion qu’il eut avec
Çiva sur leur ancienneté, celui-ci lui en coupa une. Ces
débris de chars sont presque tous des dons du baron Textor
de Ravisi, ancien commandant de Karikal.

Vishnou et ses avatars sont installés dans une deuxième
vitrine : beaucoup de statuettes de Krishna; en particulier
un beau Krishna en bronze jouant de la flûte. — Des
Vishnou et des Lakshmî, en particulier Vishnou et Lakshmî
sous le serpent Çésha déployé comme un dais. — Rama
en bronze. — Paraçou Râma en bronze, à quatre bras. —
Lakshmî en bois, fragment de char; ses quatre bras indi-
quent qu’elle personnifie ici plutôt la terre que la beauté.
— Ivâma. — Vishnou monté sur Garouda, bronze de Java
assez primitif. — Au-dessus de la vitrine de Vishnou, une
peinture très curieuse sur toile de coton représentant le
siège de Lanka, épisode du Râmâyana.

Une troisième vitrine est consacrée au culte de Çiva;
on y remarquera un bronze javanais représentant Mahâ-
Kâlî, avec une tête de lionne, couronnée de flammes et la
gueule ouverte. — A côté un bel ivoire, finement sculpté,
représentant la victoire de Dourgâ sur le géant Mahishâ-
soura, un des démons Daïtyas, lesquels personnifient les
ténèbres et les nuages ; le démon sort du corps d’un taureau
décapité et la déesse le perce de sa lance, à ses côtés sont
Ganéça monté sur un rat, et Skanda monté sur un paon.
(On voit, à Mahavellipore, un bas-relief du vine siècle,
sculpté sur un rocher, qui représente ce même combat de
Dourgâ contre Mahishâsoura.) — Plusieurs statuettes de
Ganéça et de Skanda. Ganéça avait d’abord une tête
humaine, mais l’ayant perdue en punition d’une faute, sa
mère obtint de Brahmâ qu’il prendrait la première tête
qu’il rencontrerait: ce fut celle de l’éléphant d’Indra. Il
n’a qu’une défense, l’autre lui ayant été coupée par Paraçou-
Râma.

(A suivre.) C. GabILLOT .

Tome XLIX.

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