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BYZANCE
leur, un sens profond de l’effet décoratif, une attentive
recherche de l’impression fastueuse et magnifique.
Que l’on considère enfin la savante ordonnance qui
détermine la disposition de ces vastes ensembles, la
pensée profonde qui inspire la composition des sujets,
la règle qui en fixe le groupement symbolique, toute
cette iconographie qui fait des épisodes sacrés un ins-
trument d’édification au service de l’Eglise, et reçoit
d’elle la tâche d’exprimer le dogme, de traduire les rites
de la liturgie. Il y a là une très grande œuvre, artis-
tique et théologique tout ensemble, qui est une des
créations les plus remarquables du génie byzantin :
œuvre d’autant plus digne d’attention, qu’ici encore
on constate, sous le fond traditionnel et immuable,
un incessant effort de renouvellement, une activité
créatrice toujours en éveil, par lesquels se transfor-
ment et s’enrichissent les thèmes sacrés — aussi bien
dans le grand mouvement iconographique qui accom-
pagne la renaissance du ixe siècle que dans celui, non
moins puissant, qui correspond à la renaissance
du xve.
Un autre caractère doit être noté dans cet art,
parce qu’il exprime un des traits les plus significatifs
de la civilisation byzantine : c’est le goût de luxe
éclatant, de prodigieuse splendeur, qui se manifeste
dans toutes ses œuvres. Ce ne sont, dans la décora-
tion des églises et des .palais, que marbres précieux,
mosaïques étincelantes, orfèvreries magnifiques,
étoffes merveilleuses, destinés à rehausser la beauté
des offices sacrés et la majesté des personnes impé-
riales, et qui font apparaître Byzance dans un cha-
toiement de pierreries, dans un flamboiemènt d’or.
Ce ne sont, dans la vie publique comme dans la vie
privée, que tissus somptueux aux nuances de pourpre
et d’or, ivoires finement ciselés, bronzes niellés d’argent,
manuscrits aux riches enluminures, émaux cloisonnés
aux couleurs merveilleuses, plats d’or et d’argent,
BYZANCE
leur, un sens profond de l’effet décoratif, une attentive
recherche de l’impression fastueuse et magnifique.
Que l’on considère enfin la savante ordonnance qui
détermine la disposition de ces vastes ensembles, la
pensée profonde qui inspire la composition des sujets,
la règle qui en fixe le groupement symbolique, toute
cette iconographie qui fait des épisodes sacrés un ins-
trument d’édification au service de l’Eglise, et reçoit
d’elle la tâche d’exprimer le dogme, de traduire les rites
de la liturgie. Il y a là une très grande œuvre, artis-
tique et théologique tout ensemble, qui est une des
créations les plus remarquables du génie byzantin :
œuvre d’autant plus digne d’attention, qu’ici encore
on constate, sous le fond traditionnel et immuable,
un incessant effort de renouvellement, une activité
créatrice toujours en éveil, par lesquels se transfor-
ment et s’enrichissent les thèmes sacrés — aussi bien
dans le grand mouvement iconographique qui accom-
pagne la renaissance du ixe siècle que dans celui, non
moins puissant, qui correspond à la renaissance
du xve.
Un autre caractère doit être noté dans cet art,
parce qu’il exprime un des traits les plus significatifs
de la civilisation byzantine : c’est le goût de luxe
éclatant, de prodigieuse splendeur, qui se manifeste
dans toutes ses œuvres. Ce ne sont, dans la décora-
tion des églises et des .palais, que marbres précieux,
mosaïques étincelantes, orfèvreries magnifiques,
étoffes merveilleuses, destinés à rehausser la beauté
des offices sacrés et la majesté des personnes impé-
riales, et qui font apparaître Byzance dans un cha-
toiement de pierreries, dans un flamboiemènt d’or.
Ce ne sont, dans la vie publique comme dans la vie
privée, que tissus somptueux aux nuances de pourpre
et d’or, ivoires finement ciselés, bronzes niellés d’argent,
manuscrits aux riches enluminures, émaux cloisonnés
aux couleurs merveilleuses, plats d’or et d’argent,